Les témoignages que nous publions dans ces pages font froid dans le dos.
En 2019, il arrive encore que des femmes subissent une leçon de morale quand elles réclament la pilule du lendemain à leur pharmacien. Voire pire, qu’elles se fassent traiter de tous les noms et virer malproprement de l’officine. Bien sûr, et heureusement, les pharmaciens font dans leur grande majorité leur boulot avec efficacité et sans porter de jugement moral. Mais que certains renâclent encore – ou à nouveau – montre que le retour des idées rétrogrades ne concerne pas seulement des pays comme les Etats-Unis ou le Brésil.
Préféreraient-ils les avortements clandestins d’autrefois, avec les charcutages et les morts que cela entraînait ? Le drame, c’est que cette évolution croise une crainte de plus en plus ancrée chez les jeunes filles et les jeunes femmes des effets nocifs de la pilule. Le même genre de crainte que suscitent les vaccins, avec les conséquences dramatiques que ces fantasmes entraînent en termes de santé publique.
Dans les deux cas, un vrai travail de pédagogie reste à mener. Avec les pharmaciens d’abord, et là, le conseil de l’ordre a un rôle important à jouer. Après tout, les pharmaciens sont les premiers à revendiquer désormais un rôle d’agent de santé publique. Ce qui suppose hospitalité, empathie et professionnalisme. Et avec les jeunes femmes, que la flopée d’informations parfois contradictoires et même biaisées sur leur sexualité (les «antichoix» restent très actifs et imaginatifs) finit par perturber plus qu’éduquer.
C’est un drôle de hasard qui fait que notre star du cahier été ce jeudi est l’actrice Delphine Seyrig. Elle est justement de celles qui, dans les années 60 et 70, se sont battues pour que les femmes puissent disposer de leur corps comme elles l’entendent. Pour qu’elles soient libres de choisir. Et pour que leur avis soit entendu et respecté.