Le 21 mai dernier, la FSPF, dans le respect de la décision prise à l’unanimité de ses présidents réunis en assemblée générale, signait, au terme d’une négociation de plusieurs mois, trois avenants à la convention nationale pharmaceutique portant respectivement sur la mise en œuvre de l’honoraire de dispensation, le renforcement de la politique de substitution générique et l’introduction d’un accompagnement des patients asthmatiques par les pharmaciens d’officine.
Pour l’Etat, l’assurance maladie et les syndicats représentatifs de la profession, la cohérence de la réforme de la rémunération des pharmaciens d’officine repose sur le lien indissociable entre ces trois avenants, dans le cadre d’un équilibre général des parties en présence et dans l’intérêt des patients. Pour autant, je crois utile de revenir plus particulièrement sur la signature de l’avenant de mise en œuvre de l’honoraire de dispensation.
Rappelons que la loi de financement de la sécurité sociale pour 2012 a introduit une évolution majeure du mode de rémunération de l’officine en légitimant, dans le cadre conventionnel, la fixation d’un honoraire de dispensation. L’objectif est de déconnecter progressivement la rémunération des pharmaciens du prix des médicaments car, depuis plusieurs années et pour un certain nombre d’années encore, les prix fabricants des médicaments sont revus à la baisse, actuellement à hauteur de presqu’un milliard d’euros par an. De fait, la marge des officines s’en trouve très fortement affectée.
La négociation de l’avenant de mise en œuvre de l’honoraire de dispensation a été longue et difficile car nous avons eu le souci de mettre en œuvre une réforme juste et équitable pour les officines. Cette préoccupation en tête, nous avons expertisé, au cours des deux dernières années, plusieurs modèles économiques, les premières pistes s’orientant vers un honoraire de dispensation à l’ordonnance modulé afin de détacher également la marge officinale des volumes de médicaments dispensés. Pour des raisons techniques et parce que nous partageons, avec l’assurance maladie, la volonté de ne pas créer de distorsions entre officines, cet objectif n’a pu être atteint dès la première étape. Le cap reste néanmoins fixé pour la FSPF comme pour l’assurance maladie : nous l’atteindrons par de prochains avenants.
Je m’étonne aujourd’hui et ne peut que déplorer les réactions disproportionnées des syndicats minoritaires qui, au cours de la négociation, n’ont proposé aucun modèle économique sérieux acceptable par l’ensemble des parties. Les mêmes qui, il y a quelques mois, refusaient l’honoraire à l’ordonnance, s’en font aujourd’hui les plus ardents défenseurs.
Il y a un temps pour tout et celui de la négociation est fini. Il faut savoir être force de propositions dans un cadre favorable à l’accord des parties, en étant conscient du caractère contreproductif de propos susceptibles d’être instrumentalisés par les détracteurs de notre profession.
Bien au contraire, nous ne pouvons que nous féliciter de l’accord trouvé entre l’assurance maladie, l’Etat et notre profession. Il montre la volonté délibérée de faire de la Pharmacie d’officine un acteur incontournable des soins de premiers recours et du parcours de soins des patients.
En introduisant une part d’honoraires à hauteur de la moitié de la rémunération des pharmaciens d’officine, cette réforme majeure constitue la première étape d’un processus qui permettra demain de détacher davantage leur rémunération des volumes de médicaments dispensés.
J’entends les craintes de certains confrères qui trouvent que l’honoraire de dispensation est trop faible et sans rapport avec la plus-value apportée par notre profession. Je veux leur dire qu’actuellement, la rémunération moyenne par boîte de médicaments est inférieure à 2,20 euros. Aussi, en cette période économique difficile, introduire un euro d’honoraire représente déjà un pas significatif.
L’honoraire redonne des perspectives à notre profession. Nous avons résolument choisi de mettre en avant notre statut de professionnel de santé. Le travail se poursuit avec la mise en application de la stratégie nationale de santé et le développement de la coopération entre professionnels de santé.
Nous pouvons en être fiers.
Bien confraternellement,
Philippe GAERTNER,
Président