Vendredi soir dernier, François Bayrou a fait une expérience partagée par de nombreux Palois : trouver une pharmacie de garde. Le maire de Pau était chez son ami Jean-Claude Rouget, l’entraîneur de chevaux, vendredi soir, quand ce dernier s’est fait une grosse entaille à la main.
L’élu téléphone alors au commissariat et demande à une fonctionnaire de police où il peut trouver une pharmacie de garde afin de dénicher un rouleau de sparadrap et du désinfectant. La fonctionnaire lui explique qu’il faut passer avec une ordonnance. François Bayrou hausse le ton : « Je lui ai dit que j’étais le maire de Pau et lui ai fait comprendre que si l’administration faisait preuve de plus de discernement, nous n’en serions pas là en France. Je me suis fâché tout rouge, mais je n’ai pas été impoli. Et par la suite, je lui ai fait dire que je ne lui en voulais pas à elle personnellement. Tout cela est la preuve que l’on marche sur la tête ! Je vais faire en sorte qu’il y ait des pharmacies de garde à Pau où l’on puisse aller chercher du paracétamol et du sparadrap. Il faut mettre un terme à cette bêtise. »
François Bayrou compte organiser une table ronde avec préfecture, police et pharmaciens pour rendre plus accessibles les pharmacies de garde.
Dans un certain nombre de communes béarnaises, on peut, via le journal, avoir accès aux pharmacies de garde. « Il faut faire attention, les tours de garde peuvent s’échanger », fait cependant remarquer Éric Néant, co-président du syndicat départemental des pharmaciens. « La source, c’est « Réseau-garde » en composant le 3237 (0,34 €/min) ». A Pau, le numéro de téléphone indique bien qu’il faut se présenter au commissariat. Et après 20 h, il faut obligatoirement une ordonnance du médecin mentionnant une notion d’urgence.
Le système n’est pas nouveau. Il date même des années 1980. Et Éric Néant, au nom de ses collègues de profession, ne voit pas en quel honneur il faudrait l’amender. « Quand on n’a pas d’ordonnance, il faut appeler le 15 pour voir si on a vraiment besoin d’une pharmacie de garde », conseille-t-il. « Le médecin régulateur des urgences peut très bien faxer directement une ordonnance à la pharmacie de garde ». Éric Néant n’en démord pas : « Le système s’applique bien. On est là pour les urgences comme la loi le prévoit. Nous ne sommes pas corvéables à merci. » Le représentant des pharmaciens précise que le passage par le commissariat a été décidé nationalement suite à quelques cas de braquage d’officine.
Joseph Cilluffo, secrétaire départemental Unité SGP Police FO voit les choses différemment. « Certains soirs, on reçoit 30 à 40 appels pour avoir une pharmacie de garde », relate-t-il. « Ce n’est pas à la police de faire cela. J’ai eu un cas dans ma famille, où une maman cherchait de la Biafine pour son fils brûlé par des coups de soleil à la plage. Il a fallu aller aux urgences et attendre 3 ou 4 h avant d’avoir une ordonnance. Il faut qu’on arrête d’embêter la police et les urgences pour des petits bobos. Et en plus, cela creuse le trou de la Sécu ».
source La République des Pyrénées