NDLR: Nous tenions à vous transmettre ce mot de notre confrère Pierre-Emmanuel ANCENYS, pharmacien titulaire dans la commune de Mamoudzou, préfecture du département de Mayotte. Pierre-Emmanuel est marseillais et a fait ses études dans notre faculté. Sur les 25 pharmacies de l’île, 13 sont restées intactes dont celle de Pierre-Emmanuel qui ne ménage pas sa peine et fait des journées à rallonge en ce moment.
Petit coup de moins bien, hier soir, mais ça ira mieux… Ça va déjà mieux ! Je vous partage quand même…
Mayotte, une tragédie silencieuse oubliée de tous
Mayotte traverse une crise sans précédent, une catastrophe naturelle d’une ampleur telle qu’elle pourrait être la plus dévastatrice qu’ait connue la France. Les jours passent, les semaines défilent, mais rien ne change. Les bidonvilles, arrachés par la violence des éléments, se reconstruisent péniblement, fragiles et précaires, prêts à s’effondrer de nouveau au prochain souffle du destin.
L’actualité, quant à elle, évolue. Les caméras se détournent, les micros se taisent, les pages des journaux se tournent vers d’autres récits. Le temps médiatique est éphémère, et avec lui s’efface lentement la mémoire collective. La société, de son côté, avance, indifférente ou impuissante face à cette détresse insulaire.
En métropole, les rues s’illuminent, les marchés de Noël battent leur plein, les familles se retrouvent, et les rires des enfants résonnent sous les guirlandes scintillantes. Pendant ce temps, à Mayotte, le silence est lourd. Ici, la faim creuse les ventres, la soif assèche les lèvres, la maladie s’immisce dans chaque recoin, et la détresse étouffe les derniers souffles d’espoir.
Les repères s’effondrent, les voix s’éteignent, et la mort rôde, discrète mais omniprésente. Les enfants, trop jeunes pour comprendre, mais trop vieux pour ignorer, fixent l’horizon, espérant peut-être qu’un bateau, un avion, ou simplement un miracle vienne briser ce cycle infernal.
Il ne suffit pas de quelques gestes symboliques ou de promesses lancées au vent pour panser les plaies d’une île meurtrie. Mayotte ne doit pas être un simple titre dans les archives de l’actualité, une ligne oubliée dans un discours politique. Car pendant que certains s’apprêtent à célébrer les fêtes dans le confort de leurs foyers, d’autres, ici, luttent pour survivre, un jour après l’autre.
N’oublions pas Mayotte. N’oublions pas ces vies suspendues entre l’indifférence et le désespoir.
Pierre-Emmanuel ANCENYS
Pharmacien titulaire à Mamoudzou (Mayotte).