To sub or not to sub, that is the question! (éditorial de Philippe Lance)

Philippe Lance, Vice-Président du Syndicat Général des Pharmaciens des Bouches du Rhône

NON SUBSTITUABLE: le mot qui fâche pour les pharmaciens mais aussi pour les médecins. Les Pharmaciens qui n’ont jamais supporté la lâche complaisance de certains prescripteurs qui voulaient faire plaisir à leurs patients (clients?). Les médecins qui veulent garder leur liberté de prescription et qui ne comprennent pas (surtout certains de leurs syndicats arriérés) que la liberté se gagne et se garde dans le respect, l’équilibre et le discernement permettant l’établissement d’une prescription lisible, dupliquée, légaliste et génériquée.

Certains d’entre vous me connaissent et je ne mâche pas mes mots même s’il faut être diplomate pour garder des adhérents cotisants, la cotisation venant de votre volontariat et de votre adhésion à nos idées (à la différence du Conseil national de l’ Ordre ou des URPS régionaux).

Je suis admiratif que le TPCG, enfin appliqué,  ait permis d’atteindre rapidement le 85% départemental. C’est d’autant plus méritoire de votre part que le répertoire de référence date de mi-2011 , que la lévothyroxine, les antiépileptiques, la buprénorphine, le mycophénolate mophétil et tous les manquants génériques comme la céfixime ne sont pas ou peu génériqués, que, lors de l’établissement d’une facture Cerfa payante, les princeps interviennent défavorablement dans le taux de substitution!

Cela prouve que notre profession sait être performante et que la “Sécu” est arrivé à montrer son niveau d’incompétence. Cela montre aussi que notre syndicat n’a pas d’ordre ou d’injonction à recevoir d’un organisme aussi peu efficace (si ce taux a été atteint, c’est uniquement grâce à vous et à votre syndicat).

Mais, car il y a beaucoup de mais dans notre métier, n’oublions pas que la marge de manoeuvre d’un mauvais Gouvernement face au déficit de la Sécurité Sociale, sera toujours axée sur les soins de ville et pratiquement sur la seule variable du médicament. Les mesures du PLFSS 2013 sont directement ou indirectement essentiellement basées sur le médicament dans les soins de ville. Et nous pouvons nous attendre au risque d’une attaque sur le médicament générique.

Le générique représente au moins 70% de notre marge sur la marge totale obtenue par le médicament remboursable et, pas de chance, c’est sur le générique ou les Pouvoirs Publics ont le plus de marge de manoeuvre si nous regardons ce qui s’est passé dans d’autres pays européens.

En conséquence, et c’e n’est que mon avis personnel, ne soyons pas des “talibans” idéologiques et évitons de critiquer trop fortement les prescripteurs ou les patients du “non substituable” car nul ne sait quelle politique de génériques sera menée dans notre pays d’ici un ou trois ans. Il y a fort à parier que la méthode Kiwi * employé aux Pays-Bas ne doit pas pousser nos confrères hollandais à réclamer la substitution à cor et à cri. Alors ceux d’entre nous qui trouvent que c’est un échec d’accepter larticle R5125-54 du CSP**  feraient mieux de revoir leur position et d’accepter que certains patients se sentent rassurer d’ingurgiter leurs comprimés princeps.

Que cette réflexion personnelle ne vous empêche pas d’essayer ou d’obtenir le taux de 85%.

Philippe Lance

 

Méthode Kiwi: vise à mettre en concurrence les spécialités pharmaceutiques qui contiennent des principes actifs ayant les mêmes indications thérapeutiques. Chaque firme pharmaceutique propose un prix pour son médicament : la firme proposant le meilleur prix remporte le marché et seul son médicament est remboursé. Cette méthode vient de Nouvelle-Zélande.

** Article R5125-54 du CSP : La mention expresse par laquelle le prescripteur exclut la possibilité de la substitution prévue au deuxième alinéa de l’article L. 5125-23 est la suivante : “Non substituable”. Cette mention est portée de manière manuscrite sur l’ordonnance avant la dénomination de la spécialité prescrite. 

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