Un roi, la maladie de Crohn et un médecin persévérant.

Le 14 mai 1643, Louis XIII, roi de France & de Navarre par la grâce de Dieu, s’éteint en son palais du Louvre, à l’âge de 42 ans. Par une étrange coïncidence, son père, Henri IV, était mort lui aussi un 14 mai, trente-trois ans plus tôt.

Mais cette fois-ci, s’il y a meurtre, il a été perpétré dans les meilleures intentions du monde, par le propre médecin du roi, Bouvard, lequel a, depuis deux années que s’est compliquée la maladie intestinale de son patient, pratiqué sur le malheureux 34 saignées, 1 200 lavements et 250 purges.

Or, nous savons aujourd’hui que la maladie dont souffrait Louis XIII était la maladie de Crohn, qui ne fut identifiée et répertoriée qu’en 1930. Il s’agit d’une affection chronique qui se caractérise par une inflammation excessive de tout le système digestif, en particulier l’iléon, le colon et la région anale. Ses causes en sont encore inconnues bien que l’on suspecte de plus en plus une origine génétique, alliée il est vrai à l’apparition d’une certaine bactérie et à une infection au début bénigne mais mal soignée.

Dans de telles conditions, on ne s’étonnera pas que, au lieu de l’améliorer, les traitements de Bouvard aient aggravé l’état de santé du monarque. Pendant les dernières six semaines, coliques épouvantables et vomissements irrépressibles n’avaient cessé de l’épuiser et cet homme, qui s’était tant investi dans le gouvernement de son royaume, n’en pouvait plus.

Car Louis XIII, quoique l’on puisse penser de sa vie maritale avec Anne d’Autriche, fut l’un des plus grands rois de notre pays. Personnage ambigu que sa timidité maladive pouvait faire paraître hypocrite, il ne se remit jamais de la mort de son père que, toute son existence et sauf en ce qui concerne les femmes, il eut à coeur d’imiter.

Roi-soldat, comme le Béarnais, et ceci en dépit de la maladie qui l’invalidait, il fut, avec son ministre Richelieu, le principal artisan du sursaut français face à l’impérialisme espagnol. Il lutta également contre l’impudence des grandes familles – qui se vengèrent après sa mort en fomentant les deux Frondes. Enfin, signalons qu’il ne fut guère soutenu par sa propre famille puisque sa mère, Marie de Médicis, et son frère, Gaston d’Orléans, ne cessèrent de comploter contre lui. Quant à sa femme, qui était née Habsbourg, elle ne cessa de penser en Espagnole que lorsqu’elle eut mis au monde le futur Louis XIV. Mais le mal était fait et son époux, qui continuait à se défier d’elle, prit ses précautions testamentaires pour limiter ses pouvoirs en tant que régente. Sans doute aurait-il du se montrer plus conciliant mais leur relation avait toujours été complexe.

Restons sur ce dernier trait de caractère de Louis XIII : il avait ordonné que son corps fût transporté, sans cérémonie aucune, à la basilique de Saint-Denis. En effet, il estimait que son peuple supportait déjà suffisamment de taxes et que sa mort ne méritait pas qu’on lui en imposât une nouvelle.

Pour rappel, la rue Saint-Denis, haut lieu des nuits glauques de la vie parisienne porte ce nom parce que c’est par cette rue que les cortèges funéraires royaux passaient devant le peuple parisien pour aller en direction du lieu de sépulture royal: la basilique Saint-Denis.  C’est aussi une des rues les plus anciennes de la capitale et la première qui a été pavée. 

 

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