C’est en 1089 qu’un seigneur du Dauphiné, Gaston de Valloire, ramena les ossements de l’anachorète de la Thébaïde,saint Antoine qui avait vaincu les feux de la tentation, et dont le fils, Guérin, avait été guéri du mal des ardents. Les reliques sont déposées dans une chapelle à La Motte-aux-Bois, près de Vienne, qui prend le nom de Saint-Antoine-l’Abbaye.
À cette époque, l’empoisonnement gangréneux était connue sous le nom de « feu sacré » (ignis sacer) ou « feu de saint Antoine », du nom de moines de l’ordre des Antonins, car nombre des victimes se rendaient en pèlerinage auprès des reliques de saint Antoine, à Saint-Antoine-l’Abbaye (38 Isère), dans l’espoir d’être guéries, mais aussi en raison des sensations de brûlures ressenties dans les membres des malades auxquelles on doit l’autre nom de la maladie « mal des Ardents ».
Ces pèlerinages étaient souvent couronnés de succès, le pèlerin s’éloignant de la source de pain fabriqué à partir du seigle ergoté le temps que les stocks soient écoulés et on attribuait la guérison à saint Antoine, le saint patron des ergotiques. La maladie frappait l’été, au moment où l’on consommait la nouvelle récolte.
Une première mention de l’ergot a été faite par un médecin allemand, en 1582, Lonitzer, comme remède utilisé par les sages-femmes pour les accouchements.
L’ergot, nommé d’après l’éperon qu’il forme sur la plante, a été identifié et désigné ainsi par Denis Dodart, qui a signalé le rapport entre l’ergot de seigle et l’empoisonnement du pain dans une lettre adressée à l’Académie royale des sciences en1676.
John Ray a mentionné l’ergot pour la première fois en anglais l’année suivante.
François Quesnay, le médecin de madame de Pompadour, s’est intéressé à la « gangrène des Solognots » et a découvert que la maladie était due à la consommation d’un seigle avarié.
Dans les périodes de famine, les paysans consommaient « des grains corrompus et réduits en forme d’ergot de chapon » pour composer leur pain ou leurs bouillies.
En 1782, le médecin allemand Johann Daniel Taube publie un essai épidémiologique sur l’ergotisme, appelé acrodynie, qui sévit en Allemagne en 1770 et 1772 : « Geschichte der Kriebelkrankheit, besonders derjenigen, welche in den Jahren 1770 und 1771 in der Zellischen Gegend gewüthet hat » (Göttingen 1782).
L’ergot est encore signalé en 1808 par un médecin américain, Stearns, comme agent oxytocique dans « Account of the Pulvis Parturiens« . En 1824, Hosack a montré le danger de l’usage de l’ergot pour accélérer les accouchements. L’ergot est alors réservé au contrôle des hémorragies post-partum.
Le cycle du champignon n’a été décrit qu’en 1853 par les frères Tulasne. En 1875, Charles Tanret, à Paris, isole le premier alcaloïde cristallisé, nommé « ergotinine« , mais il se montra inactif dans les essais pharmacologiques.
Dès 1918, Arthur Stoll du laboratoire Sandoz, a commencé à identifier l' »ergotamine« , le premier des douze alcaloïdes toxiques contenus dans le champignon, Claviceps purpurea, responsable de l’altération et qui se montra actif dans les essais pharmacologiques. Des chimistes américains, Dudley et Moir, vont, en 1935, découvrir la structure de l’ergot de seigle : l’acide lysergique.
D’autres recherches sont faites à la même période sur la chimie des alcaloïdes (Jacobs, Craig, Smith, Timmis…) avec des essais cliniques de Rothlin et Cerletti en Suisse. Ces recherches sont poursuivies par Albert Hofmann, chez Sandoz, qui synthétise en 1938, des dérivés de cet acide pour élaborer des médicaments régulant la pression sanguine.
Cette recherche l’amène à découvrir accidentellement, en 1943, les propriétés hallucinogènes d’une de ces molécules, le LSD avec le professeur Ernst Rothlin.
Les plus grandes épidémies d’ergotisme sont survenues au xixe siècle. À partir du xviie siècle, du fait des avancées des sciences, on comprend que le pain provoquant l’ergotisme contient de l’ergot. La vigilance augmente et les intoxications diminuent dans les pays développés en raison de la surveillance attentive dont le seigle a fait l’objet. On va cribler le seigle pour vérifier les récoltes.
Durant l’été 1951, une série d’intoxications alimentaires (« l’affaire du pain maudit »), frappe la France, dont la plus sérieuse à partir du 17 août à Pont-Saint-Esprit, où elle fait sept morts, 50 internés dans des hôpitaux psychiatriques et 250 personnes affligées de symptômes plus ou moins graves ou durables.
Le corps médical pense alors que le « pain maudit » aurait pu contenir de l’ergot du seigle, mais sans en avoir la preuve.
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