TSO en région parisienne: une mauvaise image de la profession.

La délivrance des TSO toujours compliquée en Île-de-France
Malgré vingt ans de pratique, la délivrance des traitements de substitution des opiacés (TSO) reste un problème. L’Ordre des pharmaciens a été interpellé par la Mairie de Paris

La délivrance des TSO toujours compliquée en Île-de-France
Malgré vingt ans de pratique, la délivrance des traitements de substitution des opiacés (TSO) reste un problème. L’Ordre des pharmaciens a été interpellé par la Mairie de Paris.


 

Tout a com­mencé par un cour­rier adressé au conseil ré­gio­nal d’Île-de-France de l’Ordre des phar­ma­ciens dé­but dé­cembre puis une tri­bune dans Li­bé­ra­tion pu­bliée le 28 dé­cembre.

Le su­jet n’est pas nou­veau – des dif­fi­cul­tés de pres­crip­tion et de dé­li­vrance des trai­te­ments de sub­sti­tu­tion des opia­cés (TSO) – mais il re­vient sur le ta­pis alors que la mise à dis­po­si­tion de la mé­tha­done en France fête ses 20 ans.

Dans son cour­rier, Oli­via Hicks-Gar­cia, pre­mière ad­jointe au maire du 2e ar­ron­dis­se­ment de Pa­ris, ra­conte les pro­blèmes ren­con­trés par les pa­tients du centre de soins, d’ac­com­pa­gne­ment et de pré­ven­tion en ad­dic­to­lo­gie (CSAPA) de la rue Saint-De­nis : « Une seule phar­ma­cie du quar­tier ac­cepte de dé­li­vrer des pro­duits de sub­sti­tu­tion aux opia­cés. Les mé­de­cins du centre sont sou­vent obli­gés de perdre un temps pré­cieux à joindre de nom­breuses phar­ma­cies au té­lé­phone pour pou­voir ré­di­ger l’or­don­nance no­tam­ment en pé­riode de congés. » Elle rap­pelle que « cette dif­fi­culté n’est pas propre au centre de Pa­ris ». Éga­le­ment si­gna­taire de la tri­bune pa­rue dans Li­bé­ra­tion, avec Fa­brice Oli­vet, di­rec­teur de l’as­so­cia­tion Auto-sup­port des usa­gers de drogues (Asud), elle ra­conte qu’« en 2011 déjà » une en­quête avait « dé­noncé cette si­tua­tion dans les phar­ma­cies de la ca­pi­tale ».

« Man­que­ments dé­on­to­lo­giques »

Son cour­rier « dé­plore » par ailleurs « le manque d’in­té­rêt des pro­fes­sion­nels » sur la ques­tion des TSO après l’échec d’une soi­rée de for­ma­tion pro­po­sée par le CSAPA, avec le ré­seau Pharm’ad­dict et le la­bo­ra­toire Bou­chara-Re­cor­dati : sur les soixante of­fi­ci­naux contac­tés, « au­cun phar­ma­cien ne s’est pré­senté » et « un seul a pré­venu de son in­dis­po­ni­bi­lité ».

« Même si nous pou­vons en­tendre que lorsque les phar­ma­ciens ac­ceptent de dé­li­vrer ces mé­di­ca­ments, ils font face à des pro­blèmes de contrôle poin­tilleux des caisses de sé­cu­rité so­ciale et peuvent ren­con­trer des dif­fi­cul­tés re­la­tion­nelles avec cer­tains pa­tients, […] la ré­par­ti­tion des pa­tients sur un grand nombre de phar­ma­cies par­ta­ge­rait les dif­fi­cul­tés », conclut Oli­via Hicks-Gar­cia. Elle de­mande à l’Ordre « d’in­ter­ve­nir au­près des phar­ma­ciens afin que ces man­que­ments ré­pé­tés à leur obli­ga­tion dé­on­to­lo­gique cessent ».

« Trou­ver une règle du jeu »

« Je conçois qu’on ne peut pas lais­ser les choses en l’état, nous a in­di­qué Mar­tial Fraysse, pré­sident du Crop Île-de-France (sec­tion A). S’il est évident que la dé­li­vrance de TSO re­lève d’une mis­sion du phar­ma­cien, il est im­pos­sible d’avoir un flé­chage ab­solu sur une phar­ma­cie.

On sait tous que cette prise en charge est com­pli­quée et né­ces­site d’être sé­cu­ri­sée. » Parce que l’Ordre des mé­de­cins a aussi été in­ter­pellé, « j’en ai parlé au Co­mité de liai­son in­ter-ordre ré­gio­nal (Clior) et je vais contac­ter la mai­rie du 2e ar­ron­dis­se­ment de Pa­ris. Il va fal­loir trou­ver une règle du jeu qui soit ac­cep­tée de tous, pa­tients comme pro­fes­sion­nels ».

Quant à la for­ma­tion du CSAPA, « les phar­ma­ciens m’ont déçu mais je re­grette que ce ne soit pas passé par l’Ordre et l’Union ré­gio­nale des pro­fes­sion­nels de santé », avec la­quelle l’Ordre en­tend jus­te­ment s’or­ga­ni­ser.

Par Anne-Laure Mercier

15 Janvier 2016 source Le Pharmacien de France

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