Vendredi dernier, Marisol Touraine devait confirmer que les comptes de la sécurité sociale s’améliorent. Mais il y a un domaine où il y a encore beaucoup d’efforts à faire: la gestion du personnel des caisses de la Sécu à nouveau épinglée par la Cour des comptes.
Moins de 5 milliards d’euros de déficit pour 2016 (hors Fonds de solidarité des retraites, le FSV) et moins de 2 milliards escomptés en 2017 alors que le trou de la sécurité sociale était encore de 13 milliards en 2012: voilà au moins un domaine où le quinquennat Hollande va mieux finir qu’il n’avait commencé.
Ce vendredi 23 septembre, Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, ne manquera pas de le souligner en présentant le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2017. Oubliant probablement au passage de rappeler que l’exécutif a fait voter 20 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires depuis 2012 pour rétablir un fragile équilibre.
Mais Marisol Touraine ne devrait pas s’attarder sur un autre point soulevé, lui, dans le tout dernier rapport de la Cour des comptes: la gestion des 170.000 salariés des organismes de sécurité sociale (Urssaf, RSI, caisses d’assurance-maladie, CAF…).
Peut mieux faire….
La Cour note des progrès dans la gestion de la Sécu depuis la publication de son dernier rapport sur le sujet en 2005. Mais elle estime qu’il y a encore beaucoup d’efforts à faire.
Ainsi, malgré l’informatisation des procédures de traitement des dossiers, avec la carte Vitale par exemple pour la santé, les effectifs n’ont baissé que de 1,1% en moyenne par an depuis 2005.
Les employés de la Sécurité sociale, qui ne sont pas fonctionnaires mais juridiquement des salariés de droit privé, ont pu à la différence des agents publics passer à travers le gel des rémunérations grâce à une convention collective généreuse et des syndicats très puissants.
34 jours de congés légaux
La Cour des comptes pointe aussi la durée du travail “nettement inférieure à la durée légale”. En moyenne, les salariés de la Sécu travaillent 1.537 heures par an, c’est-à-dire 70 heures de moins que la durée légale, et même 60 heures de moins que la moyenne dans le secteur public.
Cette différence s’explique en partie par les 34 jours de congés payés auxquels ont droit les salariés de la Sécu. Sans compter les particularismes locaux: à la caisse d’assurance-maladie de Marseille par exemple, les employés ont obtenu 12 minutes par jour pour pointer le matin et le soir…
22 jours d’arrêt de travail
La Cour des comptes souligne aussi l’absentéisme élevé. La moyenne des arrêts de travail atteint 22 jours. C’est presque autant que dans les hôpitaux où les conditions de travail sont quand même plus difficiles. Par comparaison, dans le privé, la moyenne se limitait à 16,6 jours en 2015.
La Cour des comptes s’étonne d’ailleurs que les arrêts de travail ne soient pas vraiment contrôlés à la Sécu. Une situation d’autant plus cocasse que ce sont les médecins de la sécurité sociale qui sont chargés de contrôler le bien-fondé des arrêts de travail des salariés du privé….
Au total, la Cour estime que si les conditions de travail dans les organismes de sécurité sociale étaient équivalentes au privé, il serait possible d’économiser 10.000 postes. De quoi donner des idées aux candidats à l’Elysée qui veulent réduire drastiquement les dépenses publiques!
source Les echos.fr