Le 26 octobre 2017, j’ai obtenu un R.V avec le Directeur adjoint de la DDPP (1) et sa cheffe de service.
Evidemment, vu mon emploi du temps surchargé par le travail officinal et accessoirement syndical (c’est du bénévolat), si je demande audience auprès des représentants de la DGCCRF (2) sur notre département, la raison est forcément importante.
Depuis la disparition des vignettes et aussi et surtout depuis la mise en place de l’honoraire le 1er janvier 2015, la DGCCRF a procédé à des contrôles d’affichage de prix sur les pharmacies d’officine françaises.
Les syndicats FSPF de France vous ont largement prévenus et avertis et notre syndicat du 13 a été certainement celui qui a le mieux informé les adhérents mais aussi les non-adhérents.
Vous avez été attentifs et votre participation à la mise en place d’un affichage des prix correct exemplaire. Malgré ce, les contrôles de la DDPP locale ont été très pointilleux et de nombreux avertissements et, pire, des injonctions ont été émis mais, d’après nous (bureau syndical et conseil d’administration), souvent de mauvaise foi. Ces contrôles ont alimenté les statistiques de la DGCCRF qui a émis un communiqué de presse machiavélique et insultant pour la profession en juin 2017.
Nos confrères syndiqués m’ont transmis les P.V de la DDPP (et j’enjoins les confrères syndiqués ou non à nous les transmettre) et, après analyse, il m’a paru nécessaire de rencontrer les services de la DDPP.
Lors de ce rendez-vous du 26/10/2017, j’ai pu leur signaler que je considérais ces contrôles comme du harcèlement du fait que la plupart des consignes dont les plus importantes sont respectées et que ce sont des détails dont les patients, les malades et les consommateurs se fichent pas mal (l’affichage obligatoire à la vue du public et mise à jour mensuelle du catalogue des prix destiné à la consultation mais jamais consulté). Dans ces P.V ,la mauvaise foi de l’agent contrôleur a été de signaler que le catalogue électronique était difficile d’accès alors que pour beaucoup de confrères contrôlés, ce catalogue est couplé avec la mise à jour des cartes vitale et, en conséquence, d’accès facile!
J’ai aussi insisté sur le fait qu’à 200m des services de la DDPP (rue borde 8ème arrdt) se trouvaient deux commerces de matériel médical ou aucun prix n’était affiché en vitrine ou à l’intérieur de la boutique et que c’était bien pire que les péchés véniels relevés par la DGCCRF sur notre activité pharmaceutique. La réponse a été que le service manquait de personnel!!!
J’ai rajouté que ces nombreux contrôles étaient purement politiques parce que la DGCCRF et l’Autorité de la Concurrence n’avaient pas digéré le camouflet que ces deux instances avaient subi du fait que le Gouvernement Français n’avait pas suivi leur recommandation de faire sauter le monopole du médicament.
Les pantouflards de ces deux administrations nationales (AC et DGCCRF) dont la personne la plus emblématique est l’ancien Directeur de l’Autorité de la Concurrence, Bruno Lasserre, qui a passé sa vie comme haut fonctionnaire à des postes confortables et bien payés et se permet de donner des leçons de concurrence à notre profession.
Evidemment je suis énervé mais l’image que ces fonctionnaires me donnent de mon métier n’est pas celle que j’ai.
Mes six années d’études en Faculté de Pharmacie ne m’ont pas préparé à tenir une épicerie ou un discount de 1000m2. Ces agents de l’Etat ne connaissent pas M. H…… ,un beau et grand black de 39 ans, qui ne supportait sa maladie (LMC) (3), ni le Glivec® (4) et qui pleurait sur votre épaule pendant que vous lui donniez les conseils à suivre pour son nouveau traitement.
Comment concilier des choses fortes, des conseils gratuits permanents, des dossiers administratifs très lourds avec menace d’indus coûteux, des demandes de malades légitimes mais interdites par le Code de la Sécurité Sociale et le Code de la Santé Publique et tant d’autres choses qui fait la beauté de notre métier et, de l’autre coté, tenir un magasin? je pense que, dans les inscrits au Registre du Commerce, seule notre profession doit relever ce défi impossible. Certains se sont perdus dans la vente de croquettes pour chiens ou le libre service de Rhinadvil® en oubliant leur vrai métier, d’autres plus rares sont arrivés à tout concilier mais à quel prix? En sacrifiant, en tant que titulaire, tout ce qu’ils ont appris de nos Maîtres?
Pour terminer ce long éditorial un peu amer et désabusé, notre conseil d’administration et moi-même ne comptons pas en rester à ce stade.
Pour commencer, nous vous engageons à respecter totalement la législation sur l’affichage des prix car 2018, sur décision de la DGCCRF parisienne, sera l’année des sanctions.
A l’avenir, notre action syndicale va être d’interpeller la Ministre de la Santé et le Ministre de l’Economie et des Finances sur le harcèlement des services de la DGCCRF.
Philippe LANCE
Président du Syndicat Général des Pharmaciens des Bouches du Rhône
(1) DDPP: Direction Départementale de la Protection de la Population
(2) DGCCRF: Direction Générale de la Concurrence de la Consommation et de la Repression des Fraudes
(3) LMC: Leucémie Myéloïde Chronique
(4) M.H…. a retrouvé le moral et supporte bien mieux son traitement sous Iclusig®.