Notre pays fête les 130 ans de la Tour Eiffel et cet événement met aussi en valeur un confrère parisien de la fin du XIX et début du XXème siècle: Marie-Hippolyte BLANCARD.
Marie-Hippolyte BLANCARD a eu la chance de reprendre la pharmacie de son père (prénommé aussi Hippolyte) au 40 rue Bonaparte à Paris (6ème) ou se trouve actuellement un magasin de vêtements. C’est dans cette officine qu’il continuait la fabrication des pilules de son papa, les redoutables pilules BLANCARD à base d’iodure de fer stabilisé par un brevet maison. Ces pilules et l’activité officinale lui ont conféré une aisance car exportées en Amérique et aussi à Saint-Pétersbourg chez le Tsar Nicolas et, par conséquent, une grande liberté qu’il a consacré pleinement à la photographie.
Si Hippolyte était connu pour les pilules familiales, il est connu de nos jours pour les photographies qu’il a laissé dans plusieurs fonds.
Ses premières photos sur plaque de verre gelatino-bromure au collodion sec concernent deux désastres parisiens: la guerre et le siège de 1870 par les Prussiens et la Commune en 1871. je vous conseille de visionner ces photos tragiques.
Moins connues sont les photos de la collection du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens: L’Album de platinotypies constitué en 1900 des deux recueils suivants : Tableaux de la salle des Actes de l’école supérieure de pharmacie de Paris et Collection de pots de pharmacie. Il est bon de savoir qu’il photographia aussi en 1900 la collection de faïences de la Pharmacie Centrale des Hôpitaux de Paris avec la technique de la platinotypie ainsi que les Tableaux de la salle des Actes de l’école supérieure de pharmacie de Paris.
Ses photos très remarquées à son époque sont tombées dans l’oubli car il n’était que photographe amateur et sont revenus en recensement et inventaire national qu’à la fin des années 1960.
Marie-Hippolyte BLANCARD revient sur le devant de la scène aujourd’hui grâce à la mise en réseau par Gallica-BNF de ses photos de la construction de la Tour Eiffel pour l’anniversaire des 130 ans de la Vieille Dame.
La netteté et la qualité des photographies d’Hippolyte Blancard s’expliquent par une grande maîtrise de la platinotypie, procédé en vogue à la fin du XIXè siècle, qui tire son nom des papiers de platine utilisés pour le tirage des photos.
Hippolyte Blancard utilisait les plaques de verre comme négatif et le procédé platine ou palladium pour les tirages. Le collodion, employé pour les plaques de verre, est un produit disponible en officine, ce qui explique le nombre exceptionnel de photographies qu’a pu réaliser ce pharmacien en tant que photographe amateur.
Par ailleurs, cette technique permettait de réduire les temps de pose et révélait la finesse d’un cliché. On découvre ainsi tous les détails d’un portrait, les vues sont plus précises, les paysages plus nets, les contours davantage marqués, tandis que le tirage au platine permet d’obtenir des clichés contrastés, sans reflet et avec un aspect mat.
Ce procédé bien qu’assez répandu à la fin du XIXè siècle et au début du XXè, n’a pas perduré au-delà de la Première Guerre mondiale. En effet, ce métal rare et donc cher était souvent importé de Russie, d’Amérique ou d’Australie.
Environ 8 000 clichés ont été réalisés entre 1885 et le début du XXe siècle. Ces photographies et plaques de verres sont conservées à la Bibliothèque nationale de France et à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
source Ville de Meudon
P.L