Bonjour à toutes et tous,
J’espère que vous vous portez tous bien.
Les négociations conventionnelles nationales qui se tiennent en ce moment sont très tendues et la profession a du mal à faire comprendre à la CNAM qu’il est impératif de revaloriser nos honoraires à minima pour rattraper l’inflation avant de nous parler d’augmenter encore notre charge de travail et nos missions.
Dans son courrier destiné à la tribune du journal « Le Monde », notre consoeur de Dijon résume parfaitement la situation et nous espérons qu’elle sera publiée dans ce quotidien prestigieux.
Afin d’offrir à cette tribune la médiatisation qu’elle mérite, les syndicats locaux FSPF13 et USPO13 (parfaitement alignés tant sur le fond du combat que sur la forme qu’il pourrait prendre) vous encouragent vivement à signer et à faire signer cette tribune à vos confrères et équipes d’ici demain.
Je reste bien évidemment à votre disposition si vous aviez des questions.
bien à vous.
Cynthia GUICHARD
Trésorière du Syndicat général des pharmaciens des Bouches du Rhône
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Bonjour à tous,
Titulaire d’une officine à Dijon, Hélène Roy vient d’écrire une tribune destinée au journal Le Monde.
Bien sûr, ce texte ne sera publié que s’il est accepté par la rédaction du journal mais qui ne tente rien n’a rien.
Cette tribune aurait d’autant plus d’impact qu’elle serait signée par des pharmaciens de plusieurs régions de France.
Si vous acceptez de signer, nous aurons besoin de votre nom, titre et lieu d’exercice.
Merci de signer en complétant le formulaire ci-après avant le 22/03/24
JE SIGNE LA TRIBUNE EN CLIQUANT ICI
Très cordialement,
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Le texte:
L’une des premières préoccupations des Français est leur santé et ils apprécient leur pharmacien, seul professionnel de santé proche et accessible sans délai. Or en janvier 2024, 36 officines ont fermé définitivement leur porte dans l’hexagone. Cette désagrégation insidieuse du réseau de distribution du médicament n’est vraiment perçue que dans les villages qui ont perdu la seule pharmacie desservant leur territoire, comme cela vient d’arriver dans l’est du Châtillonnais en Côte d’Or. Pourtant ce sont plus de 4 000 officines qui ont disparu en une douzaine d’années du maillage pharmaceutique jusque-là exemplaire, passant sous la barre des 20 000 sites en métropole.
Les officinaux dont nous faisons partie se sont adaptés aux évolutions thérapeutiques comme aux progrès de l’informatique, passant du tout à la main à des logiciels capables d’interroger le stock du grossiste en direct et de rechercher les produits disponibles en ce temps de pénurie, de sérialiser chaque boite pour en assurer la traçabilité et l’authenticité à l’heure où le trafic de médicaments est en plein essor, de généraliser le tiers payant en facilitant ainsi l’accès des soins même aux plus démunis.
Nous sommes toujours allés de l’avant. Nous avons répondu présents pendant l’épidémie de COVID, nous organisant pour réaliser des Tests, délivrer des masques, vacciner. Nous avons aidé à déconnecter notre rémunération du volume de médicaments, afin d’éviter la surconsommation et nous découvrons que le gouvernement prévoit la promotion de la vente sur internet ce qui aura précisément l’effet contraire. Nos engagements sur les génériques, sur les délivrances adaptées, font réaliser des milliards d’euros d’économies à la sécurité sociale afin qu’elle puisse mieux rémunérer notre travail et en retour, la menace d’une casse du monopole revient, une fois de plus, sur le tapis.
Quels actionnaires s’intéresseront à la délivrance de l’Ilaris à 11 365,55 € la boîte qui fait gagner 98,65€ bruts à la pharmacie et 233,77 € de TVA à l’Etat ? Ou des lancettes de glycémie achetées 12.04€ HT et revendues 13.21€ soient 68 centimes de TVA et 49 centimes pour la pharmacie ? Quels fonds de pension achèteront les officines rurales fragiles ? L’état a déjà en projet de les subventionner plutôt que de revaloriser le réseau dans sa totalité. Le médicament français a des prix encadrés tellement bas que des laboratoires arrêtent des productions de molécules vendues à perte.
Les pouvoirs publics veulent déployer les entretiens pharmaceutiques mais ceux-ci, très chronophages, seront rémunérés au lance-pierre. Il s’agit, en fait, de décharger les médecins qui manquent de temps en faisant porter l’effort sur d’autres professions que l’on payera beaucoup moins cher comme les infirmières et les pharmaciens pour les vaccinations. La rémunération actuelle est de 3€ pour la remise d’un test de dépistage du cancer colorectal. Il est tout de même question de revaloriser les Trods de détection des cystites en les passant de 6 à 9 €. Mais qu’est-ce que 9€ comprenant la fourniture d’un flacon, le matériel de réalisation du test et le temps passé comparé au coût d’une consultation médicale ? Ces tests permettront d’éviter six à sept cent mille passages annuels aux urgences !
Chaque jour, nos équipes réalisent des actes gratuits : prise de tension, soins de petites plaies, lutte contre la fraude, retraits de lots, récupération des médicaments non utilisés, conseils sans vente…
Depuis des mois, on annonce l’arrivée dans nos officines des biosimilaires, médicaments biologiques d’efficacité équivalente à celle du médicament de référence qui auraient déjà permis à la Sécurité Sociale d’économiser plusieurs milliards d’euros, deux ou trois fois plus que la revalorisation dont la profession a besoin face à l’inflation et l’augmentation des salaires. Les décrets tardent et on enlève aux officinaux la délivrance des produits de contraste.
La parapharmacie, où la concurrence est forte, ne représente qu’environ 10% du chiffre d’affaires d’une officine moyenne puisque notre cœur de métier est le traitement médicamenteux et sa bonne pratique. Le monopole reste perçu comme un privilège et une rente. Or il garantit aux français l’accès au médicament sur tout le territoire, même la nuit en cas d’urgence, et les titulaires sont bien présents et au travail dans leur officine, parfois même seuls. Est-ce que la féminisation des équipes, les préparatrices ayant supplanté les préparateurs, et les pharmaciennes s’imposant à presque 70 %, a dévalorisé la perception de la valeur de notre travail malgré nos diplômes universitaires ?
Les pharmaciens qui choisissent la spécialisation officinale aiment connaître leurs patients et dialoguer avec eux mais aujourd’hui, ils subissent leur détresse lorsque leur médicament manque partout, leur agacement, voire leur violence, quand il n’est pas remboursé, quand ils ne veulent pas de générique, quand le médecin n’a pas mis ce qu’ils veulent sur l’ordonnance, quand le goût du sirop ne leur plaît pas.
Actuellement, les pouvoirs publics restent sourds à tout argument, impassible devant la détresse de nos consœurs et confrères qui font faillite sans avoir démérité, mais ne proposent rien à part quelques miettes. Nous allons défendre l’avenir de notre profession, car c’est d’abord défendre l’efficience du réseau et du maillage territorial qui mérite mieux qu’un démentellement sournois sans aucune vision à long terme du système de santé de notre pays.
Hélène Roy
Docteur en pharmacie, titulaire d’une officine à Dijon