H4D, société pionnière des cabines de téléconsultation, en faillite

La société parisienne H4D, pionnière des cabines de téléconsultation, a été placée en liquidation judiciaire le 26 septembre. L’arrêt d’exploitation de cette entreprise laisse sans solution les collectivités qui s’étaient procuré ces équipements, désormais inutilisables. Elle interroge surtout sur la viabilité d’une activité, présentée comme une solution à la désertification médicale, mais qui malgré le pic de téléconsultations lié au Covid en 2020, peine toujours à trouver son modèle économique.

L’histoire retiendra qu’elle fut la première société à proposer des cabines de téléconsultation. La société H4D (Health for Development), fondée en 2008 par le Dr Franck Baudino, avec ce concept révolutionnaire et qui avait bénéficié de plusieurs levées de fonds substantielles (6,7 millions d’euros en 2016, 15 millions en 2020), a mis la clé sous la porte. Placée en redressement judiciaire le 4 juillet dernier, l’entreprise spécialiste de télémédecine a été placée en liquidation judiciaire le 26 septembre. Au grand dam des nombreux conseils départementaux et communes qui étaient équipés de télécabines et ont appris avec stupeur qu’elles ne seraient plus utilisables, puisque c’est la société qui mettait en relation le patient à un médecin.

Les téléconsultations, en dehors de celles du médecin généraliste et du psychiatre, dans des indications précises, ça ne marche pas ! Dr Jean-Christophe Nogrette

Des collectivités prises au dépourvu

« On ne s’y attendait pas du tout », a confié à l’AFP Cédric Mancini, le maire de Saint-Paul-de-Varax. La commune de 1 600 habitants située dans l’Ain, avait installé une télécabine dans l’ancien cabinet médical du village. Celle-ci n’avait rencontré qu’un succès limité n’accueillant que 300 consultations en 18 mois, loin de l’objectif de 1 000 consultations par an. Le département de Seine-et-Marne n’a quant à lui enregistré que 469 téléconsultations sur les neuf premiers mois de 2024 pour les dix télécabines dans lesquelles il avait investi, selon les chiffres du conseil départemental cités par l’AFP.

Présentées comme une solution à la désertification médicale, les cabines H4D représentaient un investissement à l’achat élevé – entre 68 000 euros et 100 000 euros l’unité selon les modèles – sans compter les frais d’exploitation (10 000 euros par an et par cabine en Seine-et-Marne).

Les modèles économiques pour toutes les sociétés de téléconsultation sont fragiles, particulièrement pour celles qui proposent du matériel Dre Julie Salomon

Un modèle économique fragile

L’échecs des télécabines ne surprend pas le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint de MG France. « Les téléconsultations, en dehors de celles du médecin généraliste et du psychiatre, dans des indications précises, ça ne marche pas ! »

Christophe Gattuso – 8 octobre 2024 – Medscape

NDLR: cette société fournissait essentiellement les collectivités locales en cabines de téléconsultation très sophistiquées. Il faut croire que ce n’est pas le modèle de soins recherché par les patients qui préfèrent des solutions plus simples comme celles proposées en pharmacie. Dans tous les cas, nous conseillons aux pharmaciens de bien se renseigner auprès des confrères et de vérifier la santé économique des sociétés sur le site « pappers » avant de s’engager sur des contrats longs et captifs.

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