Découverte de la chimiothérapie contre le cancer: Le 2 décembre 1943, une odeur d’ail envahi le port de Bari en Italie… et se crée une sérendipité.

Explosion du navire US Liberty "John Harvey" qui contenait les fûts de gaz moutarde

L’idée d’une chimiothérapie anticancéreuse résulte de la mise en évidence que des dérivés de moutardes azotées, eux même dérivés des gaz de combat de la première guerre mondiale, étaient capables de provoquer un blocage de la moelle osseuse (aplasie).

La preuve, pour ainsi dire, en a été fournie lors de l’explosion d’un stock de gaz moutarde (ypérite ou gaz H) dans le port de Bari le 2 décembre 1943 suite à une attaque de la Luftwaffe, au cours de la Seconde guerre mondiale (1939-1945). Les fûts endommagé laissèrent fuir du gaz à l’odeur caractéristique d’ail et de nombreux matelots moururent ainsi intoxiqués.

Le médecin militaire, arrivé d’Alger, le lieutenant-colonel Francis Alexander fut charger de l’enquête.

Il constata quelques semaines plus tard que les matelots présentaient une baisse importante des globules blancs et certains d’entre eux développaient une aplasie médullaire. 

Dans son rapport du 20 juin 1944, il fit part de ses constatations, en particulier sur la destruction pratiquement complète des globules blancs chez les intoxiqués.
En dépit du « secret militaire » couvrant cet épisode de la dernière guerre à la demande express de Sir Winston Churchill (les armes chimiques n’ont pas été employées en combat en 40-45), Alfred Gilman (1908-1984) et Louis S Goodman, tous deux pharmacologues à l’université de Yale, furent chargés d’étudier les effets toxiques du gaz moutarde et de trouver une antidote.

La mise en évidence d’une toxicité élective pour les tissus lymphoïdes fut la première étape qui mena à la découverte des alkylants et les premiers essais avec le Mustargen TM .

A partir des constations de Francis Alexander et plus tard de Cornelius P. Rhoads faites à Bari, il développa des dérivés, dont la Caryolysine® (chlorméthine), qui furent testés à Yale sur des malades souffrant de maladie de Hodgkin, alors mortelle à 100 %. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les premières réponses chez des patients souffrant d’une maladie de Hodgkin ou d’un lymphome traités par une moutarde azotée, la Caryolysine® furent publiées.

Les autres médicaments alkylants, développés ultérieurement, auront, parfois, un index thérapeutique meilleur. Par exemple, le cyclophosphamide, commercialisé en 1950, reste l’un des médicaments les plus utilisé de nos jours !
Après l’aminoptérine, avec laquelle Sidney Farber (1903-1973), un pédiatre pathologiste,en 1948, avait observé des réponses transitoires dans la leucémie aiguë de l’enfant, le méthotrexate est le second antifolate à être développé et commercialisé.

Charles Heidelberger, à la même époque, développe le premier analogue des pyrimidines, le 5-FluoroUracile (5FU) et l’année suivante, avec ce médicament, sont décrites des réponses dans les cancers digestifs, le cancer du sein et certains cancers de la sphère ORL.
Depuis, la recherche de nouveaux médicaments anticancéreux a permis la mise au point de médicaments plus efficace et mieux tolérés.

LA SYSTÉMATISATION DE LA RECHERCHE…

Au cours des années, l’objectif de la chimiothérapie a évolué du soulagement des symptômes vers l’obtention de rémissions complètes durables. Il faut souligner que, maintenant, la chimiothérapie à la capacité de traiter les cancers étendus ou métastatiques, là où les traitements locaux, chirurgie ou radiothérapie, ont une efficacité limitée.
La recherche s’est, par la suite, systématisée à partir de l’initiative du National Cancer Institute ( NCI) qui a mis en place dès 1955, un criblage de molécules sur la base d’un modèle de leucémie de la souris. De plus, en 1970, cette recherche s’est intensifiée avec le lancement du programme Conquête du Cancer par le président américain Richard Nixon.

MAINTENANT….

Les découvertes récentes de biologie moléculaire ont débouché sur de nouveaux axes thérapeutiques n’utilisant plus l’atteinte cytotoxique comme moyen de guérir la maladie, mais plutôt des médicaments capables de freiner l’apparition des métastases ou de bloquer leur développement. Ces nouvelles molécules, n’entraînent pas obligatoirement la mort des cellules cancéreuses, mais réduisent considérablement leur potentiel délétère. Ce sont les biochimiothérapies ou thérapies ciblées.

Finalement, le raid de Bari fut un double désastre et une expérimentation par sérendipité. D’un côté, ce fut réellement un second Pearl Harbor, un des exploits les plus éclatants de la Luftwaffe de la guerre. Mais c’était aussi le seul incident de toute la Seconde guerre mondiale qui impliquait un gaz poison, une tragédie encore accentuée par les exigences du secret en temps de guerre…  Mais ce fut aussi le début de la chimiothérapie contre le cancer.

P.L

et des « Copier-coller » dont les sources sont: T.Cook. (1999), No Place to Run, Vancouver, British Columbia : UBC Press. Faguet G.B. (2005), The War on Cancer : : An Anatomy of Failure, A Blueprint for the Future,Infocancer, wikipédia, Haute Autorité de la Santé, World War II,  The Netherlands : Springer. Goodman LS, Gilman A. (1965), The Pharmacological Basis of Therapeutics, 3rd ed. New York, NY: Macmillan Publishing Co; 1345. Hirsch, J. (2006), An Anniversary for Cancer Chemotherapy, in The Journal of the American Medical Association, September 27, JAMA 296(12):1518-1520. doi:10.1001/jama.296.12.1518 ;

 

 

 

Editorial de Philippe LANCE: Marisol Touraine: la porte-parole de l’Europe et de Bercy – la FSPF en « alerte rouge » – USPO et UNPF aux abonnés absents – Le LEEM réactif et volontaire.

Le plan d’austérité médicale présenté au journal Les Echos par la porte-parole de Bercy et de l’Union Européenne***, Mme Marisol TOURAINE (MST), est un véritable arrêt de mort de  l’exercice professionnel que nous connaissons que ce soit avec le mode de rémunération actuel ou avec celui proposé par l’UNCAM***.

En effet, face à cette volonté de faire porter les efforts d’une manière considérable sur le médicament à la fois par des baisses de prix et par des baisses de prescriptions (action sur lesROSP*** des médecins), la totalité chiffrable des baisses de dépenses qui impactera l’officine directement ou indirectement est un séisme pour la profession. Pour le calcul, je vous fais cela « à la pelle » mais les chiffres sont à peu près corrects:

1) Economie pour 2014 (LFSS 2014): 870 millions d’euros pour le médicament 70 millions pour la LPP*** (dont 20 millions concerne directement les officines) 600 millions pour les baisses de prescriptions (hypocritement nommées par les Pouvoirs Publics: « une plus juste prescription« ) dont à peu près la totalité correspond aux prescriptions médicamenteuses)

2) Economies prévues pour les futurs PLFSS 2015, 2016 et 2017: 3,5 milliardspour les baisses de prix du médicament (je cite MST: Nous ferons une économie de 3,5 milliards d’euros en trois ans en baissant les prix des médicaments et en favorisant les génériques). 2,5 milliards de baisses de prescriptions et ESSENTIELLEMENT le médicament (je cite MST:  L’enjeu du deuxième axe de ce plan vise à garantir un meilleur usage des soins en évitant les actes inutiles ou redondants et la consommation de médicaments inadaptés. Nous en attendons 2,5 milliards d’euros d’économies d’ici à 2017 … De même, nous mettrons en place des listes de médicaments recommandés établies par les médecins, pour chaque spécialité, afin de faciliter la qualité de la prescription…) A la louche, on peut considérer que la pharmacie sera impactée pour 80% de ces baisses de prescriptions soit 2 milliards.

Epilogue: Total de 2014 à 2017 concernant le médicament de ville (notre chiffre d’affaire en fait): 7 milliards d’euros si le plan de Bercy marche à 100%. Pour 22498 pharmacies (nombre de pharmacies françaises au 1er avril 2014), cela fait une moyenne de 311.138 euros(trois cent onze mille cent trente huit euros) de chiffre d’affaires perdues entre 2014 et 2017 à rajouter à celui évaporé entre 2008 et 2013 pour une activité qui augmente avec la complexité de plus en plus importante des délivrances.

La perte en marge est plus difficile à exprimer (il faut tenir compte des conditions commerciales sur les génériques qui ne seront forcément pas éternelles avec la baisse des prix génériques) mais, sans se tromper, on peut l’estimer au minimum à 60.000 euros mais pouvant aller à 75.000 euros pour une pharmacie moyenne française si nous gardons le calcul actuel de notre marge qui est très liée au prix du médicament.

 Si nous prenons le modèle de marge et rémunération proposé par l’UNCAM et signé dans un protocole d’accord (avant ce coup de Trafalgar de Bercy via la potiche des Affaires Sociales) par la FSPF et l’USPO, la perte serait un peu moins sensible mais aussi inacceptable. Il est évident que tout est remis en question et:

– J’eus préféré que le communiqué de presse « Alerte Rouge » de notre FSPF soit plus violent et pousse à une action nationale unifiée. – J’eus aimé que l’USPO et l’UNPF aient réagi aussi vite que la FSPF ou le LEEM*** (voir communiqué de presse LEEM).

– J’eus apprécié que la FSPF, l’USPO et l’UNPF expliquent ensemble, qu’avec ces mesures iniques sur le médicament, l’industrie pharmaceutique peut toujours fabriquer moins cher en fermant des usines en France et en délocalisant dans les pays d’Asie ou dans le sous-continent indien ou en sous-traitant au maximum en faisant simplement du wintelisme***  et que nos pharmacies bien françaises employant du personnel diplômé bien français et de proximité ne peuvent faire.

– J’eus désiré que le communiqué de presse en réponse à l’interview de MST par Les Echos soit immédiat.

– J’eus souhaité que le communiqué de presse soit commun aux 3 syndicats nationaux. -J’eus espéré que l’USPO arrête de s’obnubiler sur le « syndicat majoritaire » et envoie ses télécopies tapageuses (et obsolètes) en direction de l’UNCAM et du Ministère des Finances et des Comptes Publics. – J’eus aimé que la FSPF oublie la « boite à un euro » qui n’est déjà plus d’actualité  et que les autres syndicats ou le collectif des « groupements » comprennent que le problème ne vient pas d’une boite à un euro ou d’un capage des médicaments coûteux mais qu’il vient surtout de leurs dissensions qui font du mal à la profession depuis 6 années et que, maintenant, et en attendant de trouver la forme de rémunération qui convient le mieux à la profession, demander à Bercy de prendre un arrêté de marge en urgence qui permette à TOUTES les officines et ceux qui y exercent de vivre décemment.

– J’eus aussi apprécié que nos syndicats nationaux réagissent immédiatement aux propos de Michel Sapin sur le redressement de la France obtenu en enlevant les « produits frontière » du monopole des pharmaciens (page 44 du programme national de réforme). Connaissant la xénophobie propre à l’extrême-droite, certains hommes politiques de cette tendance auraient suggéré que c’est la faute aux étrangers mais les représentants du parti socialiste (qui n’a plus de crédibilité, ni de voix) préfèrent dire que la France est en difficulté à cause des pharmaciens, des opticiens et des taxis ce qui parait aussi condamnable

…mais je n’ai rien eu de tout cela.

Sauf informations que je n’ai pas à l’heure ou j’écris cet éditorial, il semble bien que l’heure de l’action soit venue.

La FSPF, l’USPO et l’UNPF ont le  pouvoir de nous le dire. 

Philippe LANCE

Président

 N.B: les mots et phrases de couleur marron foncé sont des liens hypertexte qui vous permettent de remonter aux documents qui justifient l’éditorial.

*** Union Européenne: Gros machin qui ne sert plus à rien et qui a décrété que le pharmacien n’est pas une profession de santé.

*** UNCAM: Instance créée par la loi de réforme de l’Assurance Maladie d’août 2004, l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam) regroupe les trois principaux régimes d’assurance maladie : le régime général, le régime agricole (MSA) et le régime social des indépendants (RSI).Le rôle de l’Uncam est de :

  • conduire la politique conventionnelle ;
  • définir le champ des prestations admises au remboursement ;
  • fixer le taux de prise en charge des soins.

Le directeur général de l’Uncam est M. Frédéric van Roekeghem, directeur général de la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts). Le président du Conseil de l’Uncam est M. Michel Régereau, président du Conseil de la Cnamts.

*** ROSP: Rémunération sur ‘objectif de santé publique

*** LPP: Liste des produits et prestations

*** LEEM: Les Entreprises du Médicament (syndicat de l’industrie pharmaceutique) *** Wintelisme : modèle productif et organisationnel fondé sur la conjonction du microprocesseur (Intel) et de l’industrie du logiciel (Windows) pendant que les produits manufacturés sont créés ailleurs.

Fritz Haber, un chimiste sulfureux au Prix Nobel contesté.

Fritz Haber

( à Breslau, Allemagne –  à Bâle, Suisse)

est un chimiste allemand qui a reçu le prix Nobel de chimie de 1918 pour ses travaux sur la synthèse de l’ammoniac, importante pour la fabrication d’engrais et d’explosifs. Il est également considéré comme le « père de l’arme chimique » pour ses travaux sur le dichlore et d’autres gaz toxiques largement utilisés pendant la Première Guerre mondiale. D’origine juive, il fut contraint à l’exil en 1933 et mourut sur le chemin de Bâle en Suisse.

Fritz Haber est issu de la petite bourgeoisie juive allemande. Son père, qui faisait le commerce de peintures et produits chimiques et avait perdu sa femme trois semaines après la naissance de Fritz, le tint pour « responsable » de cette mort, ce qui entraîna ultérieurement des tensions entre le père et le fils.

Avant de commencer sa carrière académique, Fritz Haber fait une formation commerciale et travaille dans l’entreprise de son père ainsi qu’à l’École polytechnique fédérale de Zurich avec Georg Lunge.

De 1886 à 1891, il étudie à l’université de Heidelberg sous la direction de Robert Bunsen, puis à l’université de Berlin dans le groupe de A. W. Hoffmann, et enfin à l’École technique de Charlottenburg avec Carl Liebermann.

En 1893, il abandonne le judaïsme pour se convertir au protestantisme.

En 1917, Fritz Haber se remarie. Sa seconde femme, Charlotte Nathan, lui donnera une fille Eva Charlotte et un fils Ludwig Fritz (1921-2004).

Durant la période de 1894 à 1911 à Karlsruhe, il développe un procédé de formation catalytique de l’ammoniac à partir d’hydrogène et d’azote dans des conditions de haute température et haute pression, que BASF adoptera en 1909 sous l’impulsion de Carl Bosch (d’où son nom officiel de « procédé Haber-Bosch »).

Il devient riche et influent. En 1914, il est l’un des signataires du Manifeste des 93 : ce document, publié en Allemagne dans La Revue Scientifique le 4 octobre 1914 en réaction au repli allemand lors de la bataille de la Marne, soutenait la politique guerrière du Reich et de son Kaiser. Il obtient la médaille Liebig en 1914.

Synthèse de l'ammoniac

Il a reçu le prix Nobel de chimie de 1918 « pour la synthèse de l’ammoniac à partir de ses éléments ». Le procédé Haber a été une étape importante dans la chimie industrielle, car il a séparé la production de produits azotés, comme les engrais, les explosifs et les matières premières chimiques, des ressources naturelles terrestres, en particulier du nitrate de sodium, dont le Chili était l’un des principaux (et presque unique) producteur. La disponibilité soudaine d’engrais azotés bon marché a permis d’éviter une catastrophe malthusienne.

Pendant la Première Guerre mondiale, il travaille activement à la mise au point d’armes chimiques et l’emploi du chlore comme gaz de combat (« vagues dérivantes ») reçoit l’accord de l’état-major allemand. La première offensive allemande au chlore, sous sa supervision, est réussie mais ne parvient pas à obtenir la percée décisive pour des raisons essentiellement stratégiques. L’état-major allemand n’avait pas prévu une telle efficacité, même si les positions françaises étaient décimées, les troupes allemandes n’étaient pas prêtes à se déplacer.

Attaque aux gaz toxiques (probablement du chlore gazeux) pendant la Première Guerre mondiale. Les gaz se répandent depuis des cylindres dont une extrémité est ouverte lorsque le vent souffle dans une direction donnée. Le procédé n'étant pas très efficace, surtout avec un vent changeant, il fut employé par la suite des obus remplis de produits chimiques. Photographie prise depuis un avion.

La première épouse de Fritz Haber, Clara Immerwahr, également chimiste de formation, réprouve ce dévoiement de la science et se donne la mort quelques jours après cette première attaque.

Haber avait connu Clara à l’âge de dix-huit ans (elle en avait alors quinze) et il avait voulu la demander en mariage. Mais leurs parents respectifs s’étaient opposés au projet, jugeant Haber trop jeune. Sous l’influence de Haber, Clara s’était entre-temps mise à étudier la chimie et elle avait été la première femme à recevoir un doctorat de l’université de Breslau. À Fribourg, Fritz et Clara se marient au cours de l’été 1901.

Cette surenchère dans la barbarie, c’est plus que la femme de Haber ne peut en supporter. Dès le début, Clara Haber a fait l’impossible pour dissuader son mari d’entreprendre des recherches qu’elle juge criminelles et contraires à l’éthique scientifique la plus fondamentale.

Elle a tenté en vain de faire comprendre à Fritz Haber à quel point son travail sur les gaz toxiques corrompait et pervertissait l’essence même de la chimie. Elle a plaidé au nom des principes humanitaires et, finalement, elle a exigé qu’il abandonne immédiatement ses recherches.

Mais Haber a refusé de l’écouter au nom des intérêts supérieurs de l’Allemagne. Un savant, lui a-t-il répondu, appartient au monde en temps de paix et à son pays en temps de guerre. Les gaz pouvaient permettre à l’Allemagne de gagner la guerre et lui-même luttait pour une Allemagne triomphante, pilier de justice et d’ordre, soutien de la culture et de la science.

L’obstination de son mari va révolter Clara. « Elle aurait pu décider la séparation ou le divorce, note Morris Goran. Elle aurait alors tenté d’être à nouveau reconnue en tant que Clara Immerwahr, savante et militante humanitaire. Elle aurait aussi pu effacer la tache que le nom de Haber associé aux gaz empoisonnés, lui avait infligée. Mais elle ne réfléchissait pas de manière logique et elle agit dans le feu de la dispute. » Désespérée par l’attitude de son mari, Clara se suicide d’un coup de revolver, un soir du printemps 1915, alors que Haber dirige une attaque aux gaz sur le front Est.

La constante de Haber désigne la dose minimale de gaz fatale à l’homme. La « constante de Haber » s’applique selon la formule P = C/T, où C est la constante, P le poids de gaz en milligrammes par mètre cube et T le temps d’exposition en minutes. On peut, grâce à elle, calculer la dose mortelle d’un gaz en fonction du temps d’exposition.

Un institut berlinois porte toujours son nom (Fritz-Haber-Institut der Max-Planck-Gesellschaft) ainsi qu’un autre à Karlsruhe et, plus étonnant, le centre de recherches en dynamique moléculaire de l’Université hébraïque de Jérusalem, le Fritz Haber Center for Molecular Dynamics Research.

Membre du conseil de surveillance du groupe militaro-industriel IG Farben dès sa création en 1925, Haber fut aussi actif dans les recherches sur les réactions de combustion, sur la séparation de l’or de l’eau de mer, sur l’effet adsorption et en électrochimie.

La plus grande partie de son travail eut lieu de 1911 à 1933 à l’Institut de physique et d’électrochimie de Berlin-Dahlem. Il s’intéressa également aux pesticides et, triste ironie de la recherche scientifque, ses recherches permirent à Leonid Andrussow de mettre au point le procédé Andrussow servant à fabriquer industriellement le Zyklon B, produit qui sera employé des années plus tard dans les chambres à gaz des camps d’extermination.

En 1932, il est encore lauréat de la Médaille Rumford.

Peu après la prise de pouvoir du 30 janvier 1933, Adolpf Hitler fait écarter les juifs de la fonction publique allemande. À cette époque, les scientifiques et les universitaires sont presque tous des fonctionnaires.

Même si Hitler sait que Fritz Haber est un savant de premier plan qui adhère aux valeurs allemandes et qui par ses travaux a permis à l’Allemagne de prolonger la Première Guerre mondiale d’une année, il refuse de le laisser continuer à occuper le poste de directeur du Kaiser-Wilhelm Institut de physico-chimie à Berlin.

Max Planck tente de faire fléchir le Führer lors d’une rencontre en tête-à-tête, mais ce dernier réplique : « Si la science ne peut se passer des Juifs, nous nous passerons de la science l’espace de quelques années ».

En 1934, Haber émigre en Angleterre, où il a obtenu un poste à l’université de Cambridge, mais meurt la même année lors de son passage à Bâle.

Communiqué de Presse du LEEM ( les entreprises du Médicament)

Marisol Touraine hypothèque l’investissement et la relance économique par les industries de santé

  • 25 04 14

Le médicament, cible quasi-exclusive des mesures de rigueur

Réagissant aux mesures d’économies détaillées ce matin par la ministre des Affaires sociales et de la Santé dans un entretien aux Echos, le Leem dénonce un plan de facilité, profondément inadapté aux enjeux, qui fait encore une fois porter tout l’effort sur le médicament. L’organisation professionnelle appelle le gouvernement à se ressaisir d’urgence, et à mettre en cohérence ses ambitions industrielles avec sa stratégie de maîtrise des comptes.

Les mesures d’économies détaillées ce matin dans le quotidien Les Echos par la ministre des Affaires sociales et de la Santé constituent, pour les entreprises du médicament opérant en France, un désaveu cinglant de la stratégie industrielle soutenue au plus haut niveau de l’Etat.

En annonçant un niveau d’économies de 3,5 milliards d’euros sur les trois prochaines années sur le poste médicament, auquel s’additionneront les mesures de maîtrise médicalisée, le gouvernement renie la dimension stratégique de l’industrie du médicament, reconnue par le président de la République et par les récentes missions Gallois et Lauvergeon.
Il prend ainsi le risque d’assécher définitivement les considérables effets d’entraînement économique de ce secteur sur l’ensemble de l’économie du pays. Enfin, il confirme le caractère totalement disproportionné de l’effort demandé à l’industrie du médicament, au regard du poids réel de ce poste dans les dépenses de santé. Ces trois dernières années, l’industrie pharmaceutique a supporté l’essentiel des efforts d’économie au travers des lois de financement de la Sécurité sociale, alors que le médicament ne représente que 15 % des dépenses de santé.

« Il est temps que l’Etat arrête de fonder des décisions de régulation sur des constats inappropriés par rapport aux enjeux des déficits sociaux, s’insurge Patrick Errard, président du Leem. Il est, par exemple, inexact de dire que les Français consomment plus de médicaments qu’ailleurs, et de prétendre que ces médicaments sont plus chers qu’ailleurs. Alors que la France se situe désormais, tant en termes de prix qu’en termes de consommation de médicaments, dans la moyenne européenne, on persiste dans la voie d’une régulation punitive et court-termiste, qui remet aujourd’hui en cause l’outil industriel de production ».

Ces nouvelles mesures frappent un secteur en récession économique sur son marché remboursable , étranglé par la fiscalité générale et sectorielle la plus lourde d’Europe , et font peser une menace directe sur les effectifs de cette industrie, qui emploie aujourd’hui près de 100 000 collaborateurs en France. Le dernier Contrat d’étude prospective (CEP) mené par l’Etat et les partenaires sociaux établit que, faute de mesures favorisant l’attractivité de la France, 32 000 emplois sont menacés de disparition à horizon 2020. « Or, analyse le président du Leem, face à la concurrence européenne, la France est maintenant talonnée, voire dépassée par ses proches voisins en matière d’attractivité pour les industries de santé. A rebours de pays comme l’Allemagne et le Royaume-Uni, qui osent des réformes de structure tout en proposant aux industriels une plus grande visibilité sur l’avenir, notre pays continue de mettre les entreprises du médicament en coupe réglée ».

Le Leem, qui appelle depuis des mois à la mise en place de vraies réformes structurelles pour l’amélioration du système de santé et la pérennité de notre système de protection sociale, souligne l’impact de ces nouvelles mesures sur la qualité des soins. « Quoi qu’en dise la ministre des Affaires sociales et de la Santé, ces mesures impacteront considérablement la qualité de notre système de soins, estime Patrick Errard. Ce n’est pas en hypothéquant l’arrivée des innovations thérapeutiques sur le marché français, en affaiblissant les capacités de production nationale de médicaments de marque et de génériques, et en fragilisant l’indépendance sanitaire du pays, que l’on préservera la qualité des soins ».

Le Leem déplore que, par ces arbitrages, le gouvernement acte le déclin définitif de la France sur le terrain industriel, scientifique et sanitaire, et en appelle solennellement à la cohérence entre sa stratégie industrielle de long terme et une gestion purement court-termiste des économies de santé.

Alerte rouge sur l’économie de l’Officine

COMMUNIQUE DE PRESSE  Alerte rouge sur l’économie de l’Officine

 

La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France alerte le Gouvernement sur la forte dégradation des indicateurs économiques des pharmacies d’officine observée au premier trimestre, dégradation liée à l’application de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2014. La perte de marge s’élève, en effet, à 3,7 % par rapport au premier trimestre de l’année 2013, soit la plus forte baisse dans l’histoire du réseau officinal.

Le retard pris dans la mise en œuvre de la réforme de la rémunération cause un véritable préjudice à la profession, alors que les éléments compensateurs de la convention nationale pharmaceutique de 2012 ne jouent plus leur rôle d’amortisseurs des nouvelles baisses constatées. Tout nouveau report de signature des avenants conventionnels nécessaires à la réforme de la rémunération rendrait la situation intenable pour l’équilibre financier des pharmacies.

Le plan gouvernemental d’économies de 50 milliards d’euros annoncé par le Premier ministre apporte un élément nouveau par rapport aux projections économiques réalisées par l’assurance maladie lors des négociations conventionnelles. Pour quelles raisons, la contribution des entreprises officinales excèderait-elle l’effort consenti par chacun ?

Seule l’évolution du mode de rémunération des pharmaciens d’officine par l’introduction d’un honoraire de dispensation permettra d’amortir les effets sur la marge des baisses de prix industriel des médicaments et aux pharmaciens de s’acquitter pleinement de leurs missions de santé publique. La création d’un observatoire de la rémunération officinale piloté conjointement par les représentants de l’assurance maladie et de la profession est un outil de suivi indispensable à la réforme de la rémunération dont la mise en œuvre devient plus que jamais urgente.

La FSPF restera vigilante sur les conséquences pour l’officine de toutes nouvelles mesures portant sur le médicament. Si elles devaient se traduire par une nouvelle baisse de marge avec un impact certain en termes d’emploi et de réseau, la FSPF revendiquerait une adaptation de l’honoraire de dispensation dans le cadre conventionnel.

Les Pharmaciens du Sud

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