On distingue trois catégories principales de diurétiques en fonction des sites d’action au niveau du tubule rénal :
– Ceux qui inhibent la réabsorption du sodium au niveau de la branche ascendante de l’anse de Henlé (diurétiques de l’anse) : ils inhibent le co-transport Na+, K+ et Cl-. La natriurèse induite est très importante, puisque la réabsorption à ce niveau l’est aussi. Ils sont principalement représentés par le furosémide (LASILIX) et le bumétanide (BURINEX).
– Ceux qui inhibent la réabsorption de sodium au niveau du tube contourné distal (les thiazides et apparentés). Exemple : l’hydrochlorothiazide (mis sur le marché en 1957)
– Ceux qui inhibent la réabsorption de sodium au niveau du tube contourné distal et surtout du tube collecteur (diurétiques distaux). Certains de ceux-ci sont des inhibiteurs compétitifs de l’aldostérone. L’amplitude de leur effet dépendra donc du niveau de concentration plasmatique de l’aldostérone.
Le profil d’effets indésirables communs aux diurétiques est principalement constitué de :
– Troubles électrolytiques : hyponatrémie, déshydratation.
– Douleurs musculaires et crampes.
– Hypotensions artérielles.
– Insuffisances rénales.
– Troubles digestifs.
– Céphalées, sensations vertigineuses, paresthésies.
– Rares réactions d’hypersensibilité.
Au cours de la grossesse, les diurétiques exposent à des déséquilibres
hydroélectrolytiques et à une hypoperfusion placentaire avec des conséquences délétères pour l’enfant à naître.
IATROGENIE A L’OFFICINE (Episode5) : LES DIURETIQUES THIAZIDIQUES
THIAZIDIQUES ET DIURETIQUES DE L’ANSE
Les effets indésirables propres aux diurétiques thiazidiques (hydrochlorothiazide, etc.) et aux diurétiques de l’anse (furosémide, etc.) sont principalement :
– Hypokaliémies.
– Troubles métaboliques : hyperglycémies, hyperuricémies avec crises de goutte.
– Alcaloses hypochlorémiques.
– Photosensibilisations.
– Lithiases rénales.
Particularité des diurétiques thiazidiques : diminution de l’excrétion urinaire du calcium.
Particularités des diurétiques de l’anse : augmentation de l’excrétion
urinaire du calcium, hypocalcémie et néphrocalcinose ; acouphènes et
surdité.
IATROGENIE A L’OFFICINE (Episode 5) : LES DIURETIQUES HYPERKALIEMMIANTS
Les effets indésirables propres aux diurétiques hyperkaliémiants sont surtout :
– Hyperkaliémies et leurs conséquences cardiaques.
– Gynécomasties, troubles menstruels, troubles sexuels pour la spironolactone,
le canrénoate de potassium, la canrénone et l’éplérénone du fait de leur effet antiandrogène.
– Lithiases des voies urinaires, hyperuricémies pour le triamtérène.
– Hémorragies digestives hautes pour la spironolactone.
IATROGENIE A L’OFFICINE (Episode 6) : TOUS LES DIURETIQUES
Ils peuvent tous :
Majorer une insuffisance rénale.
Induire une insuffisance rénale fonctionnelle.
– Provoquer des troubles hydro-électrolytiques (hypokaliémie +++), asthénie, troubles du rythme.
Attention avec :
Hypokaliémiants : laxatifs, corticoïdes.
Hyperkaliémiants : IEC, ARA II, aldostérone.
Attention hyperkaliémie si association avec diurétiques épargneurs de potassium.
IEC, ARA II, AINS : Risque d’Insuffisance Rénale fonctionnelle.
Certains médicaments éliminés par voie rénale si IR : toxicité propre de la metformine, lithium, statines, fibrates, digoxine.
Médicaments néphrotoxiques : aciclovir, produits de contraste, sulfamides antibactériens, aminosides.
Si la clearance de la créatine est supérieure à 60 ml/min : privilégier une association de diurétiques afin d’éviter le risque d’hypokaliémie.
Surveillance :
Réévaluation du rapport bénéfices/risque si épisode de fièvre ou de troubles digestifs (vomissements, diarrhées.
– Hydratation du patient.
– Natrémie, Kaliémie, Fonction rénale.
par le Dr Philippe BESSON pharmacien à Vitrolles