Tromperies en série par Philippe Gaertner, Président de la FSPF.

Reims 2015Vous connais­sez cer­tai­ne­ment l’ex­pres­sion : la fin jus­ti­fie les moyens. La fin ? La mise à bas des ho­no­raires phar­ma­ceu­tiques, en place de­puis le 1er jan­vier der­nier, après des an­nées de né­go­cia­tion sur le fil du ra­soir avec l’État et l’As­su­rance ma­la­die. Les moyens ? Des slo­gans ac­cro­cheurs, des pé­ti­tions ou des cal­culs grif­fon­nés sur un coin de table pour ten­ter de prou­ver la no­ci­vité d’une ré­forme en réa­lité es­sen­tielle à la sur­vie du ré­seau of­fi­ci­nal tel que nous le connais­sons.

Je vous le dis en cinq mots : ne vous lais­sez pas ber­ner. On peut tout faire dire aux chiffres, sur­tout en ma­ni­pu­lant des cas par­ti­cu­liers au pro­fit d’in­té­rêts par­ti­cu­liers. Cela ne vous aura pas échappé : les élec­tions pro­fes­sion­nelles pour les Unions ré­gio­nales des pro­fes­sion­nels de santé (URPS) se rap­prochent à grands pas…
En réa­lité, les ho­no­raires phar­ma­ceu­tiques sont tout autre chose que la ca­ri­ca­ture qui peut en être faite. Sans notre vo­lonté ré­for­ma­trice, la phar­ma­cie au­rait été en­traî­née mal­gré elle dans le dé­bat sur les pro­fes­sions ré­gle­men­tées. Et Mi­chel-Édouard Le­clerc fê­te­rait au­jour­d’hui cer­tai­ne­ment la sor­tie de l’au­to­mé­di­ca­tion du mo­no­pole of­fi­ci­nal. Par ailleurs, les ho­no­raires ce sont aussi, dès l’an­née pro­chaine, 120 mil­lions d’eu­ros de ré­mu­né­ra­tion en plus pour le ré­seau of­fi­ci­nal.
Alors pour­quoi s’achar­ner à faire croire que nous au­rions si­gné un texte qui au­rait en­gen­dré un manque à ga­gner ? Le syn­di­ca­lisme n’est pas une forme de ma­so­chisme ; ce que nous avons si­gné seuls avec l’As­su­rance ma­la­die et l’État est donc in­té­gra­le­ment à por­ter au cré­dit de la pro­fes­sion, à court terme mais aussi à long terme. Si les ho­no­raires sont une ga­ran­tie sup­plé­men­taire d’en­rayer la spi­rale dé­fla­tion­niste du prix des mé­di­ca­ments, ils sont aussi une porte ou­verte vers l’ave­nir.
La vé­rité doit être dite : en re­con­nais­sant à la fois sym­bo­li­que­ment et of­fi­ciel­le­ment notre ap­port dans l’ana­lyse des or­don­nances, ils posent les bases de nos tra­vaux pour les dix an­nées à ve­nir. Car ce sont bien les or­don­nances qui de­vront, à terme, de­ve­nir le socle de notre ré­mu­né­ra­tion au tra­vers d’ho­no­raires ba­sés sur la com­plexité de la dé­li­vrance et non plus seule­ment in­dexés sur le nombre de boîtes ven­dues.
Notre pro­po­si­tion est connue : que le mon­tant de ces ho­no­raires à l’or­don­nance in­tègre tout ou par­tie de la ré­mu­né­ra­tion éma­nant des gé­né­riques, une manne que l’of­fi­cine doit ab­so­lu­ment sau­ve­gar­der pour te­nir le choc de la crise des comptes so­ciaux qui dure main­te­nant de­puis des an­nées et pro­met de du­rer en­core. La phar­ma­cie aura alors achevé sa mu­ta­tion, mal­gré tout, mal­gré les par­ti­sans de l’im­mo­bi­lisme et les op­po­sants de cir­cons­tance.
Les Pharmaciens du Sud

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