L’USPO a signé et a engagé la profession sur 5 années.
C’est une victoire pour Gilles BONNEFOND, un échec pour Philippe GAERTNER et une catastrophe pour Philippe LANCE.
Pour la faire simple (l’explication), je vais rapporter cette signature de l’USPO à une comparaison de la “pharmacie moyenne” au médecin généraliste moyen. Evidemment la pharmacie moyenne est un échantillon assez restreint de nos officines et représente le juste milieu de tous calculs. Certains seront mieux lotis, d’autres moins.
Quelques chiffres:
280 millions: c’est le chiffre donné par la CNAM et l’USPO. C’est à la fois vrai et faux. Si nous enlevons la partie qui correspond à de nouvelles activités forcément rémunérées (“tout travail mérite salaire”) et si nous tenons compte de la perte irrémédiable d’une partie de la ROSP génériques, nous arrivons rapidement au chiffre de 200 millions.
Des éléments de comparaison: 200 millions atteints sur 3 années de conventionnement vont faire (théoriquement) un peu plus de 600 millions sur 5 années cumulées. A titre indicatif, les 75.000 médecins généralistes vont toucher 400 millions entre mai 2017 et décembre 2017 soit 8 mois et, dans l’hypothèse haute, 3.685.000.000 euros sur 5 années cumulées pour tous les médecins libéraux de France.
Pour la pharmacie moyenne et tout à fait théoriquement, cela représente 5500 euros/an mais cette somme sera très vite dégrevée par les LFSS à venir sur 5 années avec baisse des prix des médicaments et baisse des prescriptions (les médecins vont améliorer l’efficience de leurs ordonnances) mais, heureusement, moins vite à la fin quand la bascule de nos rémunérations du remboursable sera faite à 75% sur de l’honoraire. 5.500 euros/an pour notre entreprise (investissements + masse salariales de nos employés + charges de fonctionnement + nous) à comparer au 16.000 euros/an du médecin en gardant à l’esprit que ces 5.500 euros auront certainement disparus avant de les toucher dans le premier Plan de Financement de la Sécurité Sociale de 2018 alors que les 16.000 euros du médecin ne disparaissent pas dans les LFSS successifs. Sur 5 années, à mon avis, la pharmacie moyenne aura réellement touché 3 à 5000 euros de marge en cumulé et en étant très optimiste alors qu’un médecin moyen aura touché 80.000 euros d’activité professionnelle.
Loin de moi de critiquer la nouvelle convention des médecins qui leur donnera un ballon d’oxygène (d’euros en fait) qu’ils méritent bien mais cette comparaison vous permet de comprendre ce qu’a signé l’USPO. Evidemment, on peut justifier la signature en disant qu’on ne pouvait pas obtenir davantage et c’est tout à fait vrai s’il n’y a aucun plan B. J’ai proposé un plan B au conseil d’administration national de la FSPF dont je suis membre et à certains conseillers nationaux de l’USPO mais personne n’a donné suite. seul l’UNPF non représentatif et exclu des négociations a eu (ou a repris l’idée) d’un honoraire supplémentaire déconnecté des assurances sociales.
En quoi est ce un sacrilège? Il ne faut pas oublier que la hausse de 23 à 25 euros (30 euros pour les enfants jusqu’à 6 ans, 46 euros pour les “cas exigeants”, 60 euros pour les “consultations émotionnelles” comme l’annonce d’un cancer et 50 euros à venir au liue de 46 pour les spécialistes) soit 2 euros coûtera aux assurés sociaux sans couverture complémentaire la somme de 0.60€ (et aux mutualistes une augmentation de la cotisation annuelle), que le remboursement de la visite chez le médecin est amputée de 1 euro par la Sécu et que chaque boite de médicament fait l’objet, lors du remboursement, d’un prélèvement de 0.50€ auprès de l’assuré social.
L’ironie du sort est qu’une des raisons invoquées par le Gouvernement précédent concernant l’augmentation de la visite médicale est celle d’éviter les dépassement d’honoraires!!! Mettre en place un honoraire dissocié des prestations sociales devient à la fois une bouée de sauvetage pour les vrais pharmaciens mais aussi un moyen de défense professionnel.
Et, si on pousse le raisonnement un peu plus loin, pourquoi ne pas créer un honoraire remboursable à 15% par le RO et 85% par les mutuelles? La gamme des possibilités pour sauver le réseau sans pénaliser le financement des assurances sociales obligatoires est immense mais a t’on vraiment envie de garder le réseau que nous connaissons? En regardant la manière dont notre profession se bat, je me pose la question.
Tout est possible, même le pire.
C’est le pire qui s’est réalisé avec la signature de Gilles BONNEFOND (USPO) et Nicolas REVEL (CNAM-TS).
Philippe LANCE
Président