Trafic de médicaments onéreux : appel à la vigilance des pharmaciens

La demande frauduleuse de médicaments, opérée par des réseaux de criminalité organisée, se développe pour obtenir des médicaments coûteux. Les pharmaciens d’officine, déjà très impliqués, doivent redoubler de vigilance afin de détecter tout signal suspect dans le cadre de leur exercice. Des anomalies sur le document de prescription ou un comportement inhabituel du porteur de la prescription doivent constituer des signes d’alerte.

Les faits

L’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) attire l’attention des pharmaciens sur la recrudescence du trafic de fausses prescriptions portant, par exemple, sur les produits utilisés pour le traitement d’hépatites chroniques (hépatite C…) et les anticancéreux.Le porteur de la prescription, à la recherche d’argent facile, est recruté via les réseaux sociaux. Il est décrit généralement comme une personne jeune, d’environ 20 à 25 ans, qui se présente comme étant le patient ou un membre de sa famille.

La « demande » peut être effectuée soit directement à la pharmacie, soit préalablement par téléphone ou par courriel.La fausse prescription est accompagnée d’une attestation papier de sécurité sociale ou d’une carte Vitale.

En pratique

Il est important de sensibiliser l’équipe officinale à ce risque et d’être particulièrement vigilant lors de la délivrance des médicaments d’un prix très élevé.

1. Effectuer un contrôle rigoureux de la conformité réglementaire de la prescription : tous les critères de validité sont-ils satisfaits ? Rechercher la présence d’anomalies dans la présentation et la rédaction de la prescription (ex. : fautes d’orthographe, prescripteur identifié de manière inhabituelle, prescription scannée…

2. Être attentif au comportement du porteur de l’ordonnance (pressé, énervé…) qui perturbe votre attention.

3. Réaliser l’analyse pharmaceutique de la prescription et interroger le patient : s’agit-il d’une première délivrance ou d’un renouvellement ? Le patient est-il connu ? Le médicament prescrit est-il cohérent avec les informations disponibles concernant le patient (âge, sexe, notamment) 

La Démarche Qualité à l’Officine propose des outils pour accompagner la dispensation :

Il peut être utile de contrôler le Dossier Pharmaceutique (DP) et l’historique du patient, s’il existe, afin de vérifier des prescriptions antérieures.

4. Prendre contact avec le prescripteur en cas de doute.

La conduite à tenir en cas de fausse prescription est :

  • d’alerter l’ensemble de l’équipe officinale de cette suspicion ;
  • d’informer le prescripteur ;
  • d’informer la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de la tentative d’obtention avec les modalités ;
  • d’effectuer un signalement auprès de la gendarmerie ou de la police (appel au 17) pour l’informer d’une demande inhabituelle concernant un traitement médicamenteux coûteux.

Encouragée par l’Ordre, qui l’appelle de ses vœux, la e-prescription sera l’outil incontournable qui permettra d’empêcher de tels abus.S’inscrivant dans la stratégie nationale « Ma santé 2022 », la prescription électronique devrait être déployée progressivement. Sa généralisation interviendrait au plus tard d’ici à fin 2024, selon la déclaration du ministre des Solidarités et de la Santé (18 novembre 2020). L’Ordre relance régulièrement le ministère et la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) afin que les travaux sur ce sujet avancent, estimant qu’il y a urgence en la matière.

Pour aller plus loin

source ordre des pharmaciens

Les Pharmaciens du Sud

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