Chères consœurs, chers confrères,
Une nouvelle fois, 10 ans après, nous sommes à nouveau dans l’œil du cyclone.
Il y a 10 ans, les fondements de notre profession étaient attaqués, aujourd’hui l’histoire recommence, mais la donne a changé !
Après une épidémie qui a montré notre implication incontournable dans la santé de notre pays, nous avons des atouts à faire valoir.
Si notre profession est réglementée et si, pour certains, cela est un obstacle et qu’ils veulent « tout casser», et bien, cette réglementation, c’est notre valeur ajoutée.
Notre ordre est garant de cette réglementation au profit de la santé publique, notre crédo.
La réglementation c’est :
1°) Une réglementation qui contrôle les diplômes.
2°) Une réglementation qui répartit uniformément sur le territoire l’accès aux médicaments pour nos citoyens, permettant notamment la vaccination et la prévention.
3°) Une réglementation qui permet la sécurité du médicament :
– sécurité sur sa qualité par la sérialisation et, soyons objectifs, par son circuit de distribution hermétique qui assure cette qualité de l’industriel aux officines,
– sécurité sur sa dispensation et sur l’objectif de santé publique qui est le nôtre comme le bien du malade et pas d’un investisseur sans scrupules.
Nous voyons ce que cela donne chez nos confrères biologistes où la qualité n’a pas la même valeur selon que vous soyez un biologiste indépendant ou pas. Ils en payent le prix fort aujourd’hui.
4°) Une réglementation qui nous fait assurer un service de garde pour la population alors que des professions non réglementées ne le font plus.
Et ne l’oublions pas cette réglementation, elle s’appelle code de la santé publique !
Nous sommes depuis toujours de bons petits soldats le doigt sur la couture qui répondront toujours présents à la moindre mission demandée par notre état.
Alors pendant que d’une main on nous caresse en demandant l’aide de la profession pour augmenter la vaccination contre le HPV en référence à notre succès Covid grippe et suite à la difficulté en milieu scolaire, l’autre tenterait de nous poignarder.
Pendant qu’à grand renfort d’article 51 pour essayer de maintenir un tissu pharmaceutique avec des antennes de pharmacie dans les endroits les plus reculés, orphelins de professionnels de santé.
Aidés par les membres de l’AFPEL ( association française des pharmacies en ligne) certains voudraient nous imposer la vente en ligne de médicaments !
La crise du milieu rural n’est-elle pas suffisante ?
Notre territoire n’est pas l’Australie ou le Kansas. Les plateformes de vente en ligne organisées par la « profession » ne sont que des mirages avant l’arrivée des drones d’Amazon, drones qui eux ne vaccineront pas. Drones qui eux ne feront pas de Trod pour prévenir le mésusage des ATB, pour aider une femme un week-end à traiter sa cystite.
Au moment même où l’Europe permet à chaque état de décider, permet que l’on évite des Doc Morris ou des Newpharma, pourquoi céderions-nous ?
Nous sommes les représentants de plusieurs dizaines de milliers de pharmaciens, devrions-nous nous mettre à genoux et subir la volonté expansionniste de quelques dizaines, ne voyant qu’une boîte aux lettres à la place d’un malade, d’un patient?
C’est pour cela que nous ne pouvons pas accepter la vente en ligne, les PMO… A la moindre brèche acceptée, quelle sera la prochaine ?
L’ouverture du capital !
On a précédemment vu ce que cela donnait avec les LABM dans lesquels les investisseurs sont plus à la recherche de rentabilité à 2 chiffres que de bilans d’oncologie peu rentables. Ils veulent des « créat » et des « ionos » ou des licenciements …
Le miroir aux alouettes d’investisseurs de la distribution en gros est terrible ! Imaginez donc aujourd’hui, dans cette période si compliquée de rupture, si votre confrère voisin était investi par un distributeur, je ne donnerais pas cher de votre longévité; un investisseur n’est pas un partenaire, un investisseur veut un retour sur investissement, alors les produits en rupture, vous ne les verriez pas beaucoup, ils seraient dans l’association voisine, distributeur officinal.
Et entre parenthèses votre patrimoine aura fondu comme neige au soleil.
L’ordre, c’est l’équité sur la répartition. Nous ne pouvons pas accepter d’être avec les fossoyeurs d’une profession qui n’a strictement rien à se reprocher.
Oui aux booster d’investissement et non à l’entrée dans le capital. Ça n’est pas un moindre mal !
Je n’aborde même pas l’idée d’ouvrir la vente des médicaments dans la grande distribution, le graal de certains qui depuis toujours l’espèrent?
Nous sommes partout, nous sommes 20000 pharmacies, 50000 pharmaciens, des milliers d’étudiants, de préparateurs, d’apprentis dans les villes, les villages, les vallées et les campagnes, nous sommes dans l’urbain et le monde rural au service de notre population, nous l’avons prouvé lors des crises sanitaires.
Alors non il n’y a aucune raison de faiblir et de ployer sur les désirs de quelques-uns au détriment de la majorité…
Nous sommes les professionnels de santé les plus informatisés, les plus numérisés, nous employons des universitaires au fin fond de la France, nous conservons les emplois de proximité aussi.
Alors ne rougissons pas n’ayons pas peur de dire non ! Ça n’est pas un progrès que ce projet, c’est au contraire une régression humaine, sociale et sanitaire.
Combien de navires ont sombré en écoutant le chant des sirènes ?
Alors non, non et non, il y a des barrières qui ne doivent pas tomber …
Dr Stéphane PICHON
Président du CROP Paca-Corse
Vice-Président du CCALe Grand Prado –
20 Allées Turcat Méry – 13008 MARSEILLETel : 04 96 10 13 60 – Fax : 04 96 10 13 61 – Courriel : crop-paca-corse@ordre.pharmacien.fr