Compte-rendu de la soirée-débat du jeudi 13 novembre 2025 organisée par le syndicat général des pharmaciens des Bouches du Rhône (affilié FSPF)

Environ 60 pharmaciens* ont répondu présents à l’invitation de la FSPF13.
L’objectif fixé : une soirée riche d’échanges, d’analyses et de perspectives, réunissant différentes typologies d’officines et plusieurs représentants de groupements pour une vision transversale de la profession et un spécialiste en économie officinale (FSPF): Julien Chauvin.

Les intervenants étaient:

Valérie Ollier (présidente FSPF13), Raphaël Gigliotti ( président FSPF06), Sébastien Gallice (président des PREF et vice président FSPF13), François-Xavier Hemery (membre du bureau national FSPF), Julien Chauvin (président de la commission Études et Stratégie économiques FSPF), David Abenhaim (président national Pharmabest), Nicolas Becker (président national Apothical), Vincent Thery ( président régional pharmUPP), Maxime Mendelsohn (fondateur Totum).

Aperçu du programme

La soirée était structurée en trois temps :

  • Point d’information : remises génériques et PLFSS (exemple marquant : l’entrée prochaine d’Eliquis dans le répertoire, générant une économie estimée à 400 000 € par an).
  • État des lieux de l’enquête IGAS/IGF actuellement en cours.
  • Réflexion collective sur le modèle économique de l’officine de demain.

Analyse économique de l’officine

Pour nourrir les échanges, l’économie d’une pharmacie moyenne a été détaillée.
Structure du chiffre d’affaires et des marges

Secteur en %CA Marge moyenne en %Marge totale en %
Princeps60%19%40%
Génériques14%55%28%
OTC/parapharm25%35%30%
Missions1%95%2%

Problématiques économiques actuelles


Deux enjeux majeurs ont été soulevés :

  1. La baisse des prix des médicaments

Sur les médicaments matures : –6 % en moyenne. Si cette baisse touchait les génériques, elle pourrait atteindre –45 %, créant un risque systémique pour le modèle actuel.

2. La baisse des volumes

Une tendance préoccupante alors que les rémunérations sont encore trop corrélées aux unités délivrées.

Deux arguments clés dans les négociations futures:

  • Fermetures d’officines et risques de déserts pharmaceutiques
  • Explosion des ruptures de médicaments

À noter : la dispensation à l’unité, bien qu’impopulaire dans la profession, séduit de nombreux parlementaires malgré le fait que la France possède déjà le coût par comprimé le plus bas d’Europe.

Problématique des médicaments chers

Quelques données clés :

  • Les médicaments de plus de 1 000 € représentent ~4 milliards € de CA/an, autant que l’enveloppe des génériques.
  • Le CA moyen d’une officine est passé de 1,8 M€ à 2,2 M€ en trois ans.
  • La rétrocession CPAM reste opaque, rendant difficile l’évaluation du coût réel pour la Sécurité sociale.
  • Marge actuelle moyenne : 97 € / boîte.

Demandes des auditeurs présents:

Disponibilité chez le grossiste pour fluidifier l’approvisionnement

Accélération de la e-prescription, notamment pour ces produits, afin de limiter le risque d’indus

Ventilation actualisée des honoraires (janv–oct 2025 vs 2024)


Présentation de Julien Chauvin (FSPF):

  • MDL : +74 M€
  • Honoraires : +41 M€
  • HDR en forte progression
  • HDE en baisse (déprescriptions antibiotiques, codéine, tramadol)
  • Covid : –53 M€
  • Vaccinations : +5 M€ (et progression accélérée au 2e semestre)
  • 41 % des vaccins du calendrier vaccinal sont désormais réalisés en officine
  • Dépistage & nouvelles missions : +5 M€, notamment grâce aux bilans de prévention

Grand débat : quel modèle économique pour demain ?

A. Faut-il conserver la MDL ?

Position unanime : oui.
La MDL reste indispensable pour :

  • l’indépendance de la profession
  • la gestion et la sécurisation du stock
  • la stabilité du modèle économique

B. Nouvelles missions : simple dédommagement ou véritable
rémunération ?

Les avis divergent selon les contextes :

  • Milieu urbain : volonté de se recentrer sur le médicament
  • Milieu rural : missions devenues indispensables face à la pénurie médicale

Consensus :
➡️ Les montants actuels ne permettent pas leur développement.
➡️ Une réévaluation est nécessaire.

C. Nouveaux honoraires : une fausse bonne idée ?

La salle est presque unanime : ne pas multiplier les honoraires, car la complexité au comptoir est déjà importante.
Mais plusieurs pistes fortes émergent :

  • Facturation des interventions pharmaceutiques
  • Facturation des actes courants jusque-là gratuits (tension, premiers soins…)
  • Création d’un statut de Pharmacien Correspondant, rémunéré à l’acte
  • Un honoraire dédié aux médicaments à cadre réglementaire particulier (sécurisée, 7 jours, etc.)
    Rappels :
  • Augmentation du HDA en 2027 (arrêté de 2024)
  • Augmentation de +7 € de l’honoraire de prescription de vaccination en 2026

Synthèse des pistes proposées

Pour un modèle plus pérenne et équitable :

Généralisation de la e-prescription, surtout pour les médicaments chers

Augmentation de l’HDR pour compenser la baisse des volumes

Indexation sur l’inflation de l’HD

Création d’honoraires annexes : interventions pharmaceutiques, médicaments à cadre réglementaire particulier, gestion des DASRI

Sécurisation du tiers-payant contre génériques pour les biosimilaires (PLFSS 2026)

Mise en place du Pharmacien Correspondant

Réevaluation des missions : passer du « dédommagement » à une vraie rémunération

Relevé des seuils CA / pharmacien

Des actes codifiés avec un tarif, et non via ROSP

Maintien strict de la MDL, pilier du modèle économique


*919 titulaires d’officine dans les Bouches du Rhône

NDLR: Nous remercions le Dr Fanny Didry pour l’élaboration de ce compte-rendu

Les photos:

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