ASSOCIATION DES AMIS DU PATRIMOINE MEDICAL DE MARSEILLE

L’Association ayant constitué un Patrimoine qui lui est propre, a pour objet de le conserver, l’ouvrir largement au public et poursuivre l’enrichissement de ses collections.

Par ailleurs l’Association a aussi comme but de faire connaître au grand public l’Histoire de la Santé à Marseille (expositions temporaires, conférences, moyens audiovisuels etc….)

L’association a un site internet : ASSOCIATION DES AMIS DU PATRIMOINE MEDICAL DE MARSEILLE

Notre ami le Professeur Jean-Pierre REYNIER de la Faculté de Pharmacie de Marseille est un distingué activiste de cette association culturelle fort sympathique.

P.L

 

 

L’inventeur de la photographie aérienne: Julius Neubronner (1852-1932), un pharmacien teuton sans drone et sans GPS.

 

Le père de Julius, Wilhelm Neubronner, avait utilisé les pigeons pour une livraison rapide des ordonnances mais avait cessé la pratique après quelques années lorsque les villages voisins eurent obtenu leurs propres pharmacies. La famille Neubronner ont des pharmaciens de père en fils et la famille possédait la pharmacie de Kronberg depuis 1808.

Julius_Neubronner_with_pigeon_and_camera_1914En 1886, Julius Neubronner (1852-1932) a repris la pharmacie à Kronberg im Taunus de son père. En 1887, il acheta un bâtiment historique important connu sous le nom Streitkirche (‘église des différends »). Le bâtiment avait été construit pour devenir une église catholique dans la ville protestante de Kronberg, mais jamais inauguré, il avait été l’objet d’un conflit villageois. Après les agencements nécessaires (le bâtiment avait déjà été utilisé comme une auberge), la famille et la pharmacie se déplacèrent dans le bâtiment en 1891.

Vers 1903, Julius Neubronner, pharmacien à Kronberg (près de Francfort sur le Main) avait encore l’habitude de recevoir des ordonnances du sanatorium de Falkenstein par pigeon voyageur, et il délivrait les médications urgentes jusqu’à 75 g par la même méthode.

Lorsqu’un jour l’un de ses « aigles à poison » (comme les pigeons étaient dénommés par les employés du sanatorium) se perdit dans le brouillard et n’arriva que quatre semaines plus tard avec son chargement, Julius eut l’idée, faute de GPS et de satellites NAVSTAR, de pourvoir ses pigeons de caméras automatiques pour tracer leurs trajets.

Cette idée le mena à fusionner ses deux passions – la colombophilie et la photographie – pour créer une nouvelle approche photographique.

Julius Neubronner se mit au développement d’une caméra légère et minuscule qui pouvait se fixer à la poitrine d’un pigeon par le moyen d’un harnais et d’une cuirasse d’aluminium. Il devait exercer les pigeons minutieusement pour les habituer à cette charge.

PigeoncamerasPour prendre une photographie aérienne, Julius Neubronner déplaçait un pigeon à un endroit éloigné d’une centaine de kilomètres au plus de son colombier. L’oiseau, équipé d’un appareil photo, est libéré, sachant qu’il serait déchargé une fois de retour, ce qui l’amenait à prendre la route la plus directe. L’oiseau chargé volait à une altitude de 50 à 100 mètres. Un mécanisme pneumatique contrôlait le retardement du déclencheur avant la prise de la photographie.

En 1908, Julius Neubronner brevetait son invention qui lui apporta une notoriété internationale après l’avoir présenté au public à des expositions internationales à Dresde, Francfort et Paris en 1909-1911. Les spectateurs à Dresde pouvaient assister à l’arrivée des pigeons voyageurs avec la caméra équipée, et les photos ont été immédiatement développées et transformées en cartes postales qui pourraient être achetés. Au « Paris Spectacles aériens », il reçut deux médailles d’or, pour la méthode et pour la photographie.  L’invention a été essayé pour la surveillance aérienne militaire de la Première Guerre mondiale mais sans résultats suffisamment probants pour des raisons que les colombophiles connaissent bien : le pigeon se perd si on déplace le colombier militaire ce qui arrive souvent sur les zones de combat.

Entre 1903 et 1920, toujours par passion, Neubronner enregistra un certain nombre de films amateurs qui ont été restaurés par le Deutsches Filmmuseum entre 1994 et 1996 et plus tard publié sur YouTube (le film sur youtube).

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Le processus lourd de collage de photographies de verre pour lanterne magique a inspiré ce passionné de photographies et de films amateurs et il se mit à inventer une forme de ruban de papier adhésif, qu’il a fait breveter.

Pour la production et la commercialisation de ce papier adhésif, il a fondé la Fabrik für Trockenklebematerial en 1905. Sous le nom Neubronner GmbH & Co. KG, cette entreprise allemande existe toujours et compte environ 80 employés.

Julius Neubronner, un pharmacien passionné qui finit par trouver sa voie et, pour terminer, un détail savoureux: la pharmacie resta dans la lignée Neubronner jusqu’en 1995.

 

Philippe LANCE

sources: wikipedia.de, ville de Kronberg, youtube, Neubronner GmBH & co…

NDLR: Si vous avez un peu de temps, n’hésitez pas à cliquer sur les liens hypertexte pour des photos et plein de surprises.

Le « mal des ardents »

C’est en 1089 qu’un seigneur du Dauphiné, Gaston de Valloire, ramena les ossements de l’anachorète de la Thébaïde,saint Antoine qui avait vaincu les feux de la tentation, et dont le fils, Guérin, avait été guéri du mal des ardents. Les reliques sont déposées dans une chapelle à La Motte-aux-Bois, près de Vienne, qui prend le nom de Saint-Antoine-l’Abbaye.

À cette époque, l’empoisonnement gangréneux était connue sous le nom de « feu sacré » (ignis sacer) ou « feu de saint Antoine », du nom de moines de l’ordre des Antonins, car nombre des victimes se rendaient en pèlerinage auprès des reliques de saint Antoine, à Saint-Antoine-l’Abbaye (38 Isère), dans l’espoir d’être guéries, mais aussi en raison des sensations de brûlures ressenties dans les membres des malades auxquelles on doit l’autre nom de la maladie « mal des Ardents ».

Ces pèlerinages étaient souvent couronnés de succès, le pèlerin s’éloignant de la source de pain fabriqué à partir du seigle ergoté le temps que les stocks soient écoulés et on attribuait la guérison à saint Antoine, le saint patron des ergotiques. La maladie frappait l’été, au moment où l’on consommait la nouvelle récolte.

Une première mention de l’ergot a été faite par un médecin allemand, en 1582, Lonitzer, comme remède utilisé par les sages-femmes pour les accouchements.

L’ergot, nommé d’après l’éperon qu’il forme sur la plante, a été identifié et désigné ainsi par Denis Dodart, qui a signalé le rapport entre l’ergot de seigle et l’empoisonnement du pain dans une lettre adressée à l’Académie royale des sciences en1676.

John Ray a mentionné l’ergot pour la première fois en anglais l’année suivante.
François Quesnay, le médecin de madame de Pompadour, s’est intéressé à la « gangrène des Solognots » et a découvert que la maladie était due à la consommation d’un seigle avarié.

Dans les périodes de famine, les paysans consommaient « des grains corrompus et réduits en forme d’ergot de chapon » pour composer leur pain ou leurs bouillies.

En 1782, le médecin allemand Johann Daniel Taube publie un essai épidémiologique sur l’ergotisme, appelé acrodynie, qui sévit en Allemagne en 1770 et 1772 : « Geschichte der Kriebelkrankheit, besonders derjenigen, welche in den Jahren 1770 und 1771 in der Zellischen Gegend gewüthet hat » (Göttingen 1782).

L’ergot est encore signalé en 1808 par un médecin américain, Stearns, comme agent oxytocique dans « Account of the Pulvis Parturiens« . En 1824, Hosack a montré le danger de l’usage de l’ergot pour accélérer les accouchements. L’ergot est alors réservé au contrôle des hémorragies post-partum.
Le cycle du champignon n’a été décrit qu’en 1853 par les frères Tulasne. En 1875, Charles Tanret, à Paris, isole le premier alcaloïde cristallisé, nommé « ergotinine« , mais il se montra inactif dans les essais pharmacologiques.
Dès 1918, Arthur Stoll du laboratoire Sandoz, a commencé à identifier l' »ergotamine« , le premier des douze alcaloïdes toxiques contenus dans le champignon, Claviceps purpurea, responsable de l’altération et qui se montra actif dans les essais pharmacologiques. Des chimistes américains, Dudley et Moir, vont, en 1935, découvrir la structure de l’ergot de seigle : l’acide lysergique.

D’autres recherches sont faites à la même période sur la chimie des alcaloïdes (Jacobs, Craig, Smith, Timmis…) avec des essais cliniques de Rothlin et Cerletti en Suisse. Ces recherches sont poursuivies par Albert Hofmann, chez Sandoz, qui synthétise en 1938, des dérivés de cet acide pour élaborer des médicaments régulant la pression sanguine.

Cette recherche l’amène à découvrir accidentellement, en 1943, les propriétés hallucinogènes d’une de ces molécules, le LSD avec le professeur Ernst Rothlin.

Les plus grandes épidémies d’ergotisme sont survenues au xixe siècle. À partir du xviie siècle, du fait des avancées des sciences, on comprend que le pain provoquant l’ergotisme contient de l’ergot. La vigilance augmente et les intoxications diminuent dans les pays développés en raison de la surveillance attentive dont le seigle a fait l’objet. On va cribler le seigle pour vérifier les récoltes.

Durant l’été 1951, une série d’intoxications alimentaires (« l’affaire du pain maudit »), frappe la France, dont la plus sérieuse à partir du 17 août à Pont-Saint-Esprit, où elle fait sept morts, 50 internés dans des hôpitaux psychiatriques et 250 personnes affligées de symptômes plus ou moins graves ou durables.

Le corps médical pense alors que le « pain maudit » aurait pu contenir de l’ergot du seigle, mais sans en avoir la preuve.

source Wikipedia

Aloïs ALZHEIMER 1864 – 1915 Neuropsychiatre allemand

Le nom d’Alzheimer est lié à la « maladie particulière du cortex cérébral » dont il décrivit pour la première fois les symptômes le 4 novembre 1906, lors de la 37ème Conférence des psychiatres allemands à Tübingen.

 

 

Aloïs Alzheimer est né le 14 juin 1864, à Markbreit, petit village bavarois près de Würzburg au sud de l’Allemagne.
Il suit de brillantes études de médecine à Berlin, Würzburg et Tübingen. A Würzburg en 1887, il soutient sa thèse de doctorat sur « Les glandes cérumineuses », c’est à cette occasion qu’il réalisa ses premières plaques histologiques.

En 1888, il commence sa carrière de médecin comme médecin assistant à l’hôpital spécialisé des maladies mentales et épileptiques de Francfort. Il s’intéressait particulièrement à la démence d’origine dégénérative ou vasculaire, mais ses recherches portaient aussi sur les psychoses, la psychiatrie judiciaire, l’épilepsie. Son intérêt pour la neuropathologie des troubles de la démence était partagé par son collègue Franz Nissl qui le rejoignit à Francfort en mars 1889. C’est Nissl qui fournit à Alzheimer les nouvelles techniques histologiques pour l’étude des pathologies nerveuses (coloration à l’aniline – découverte de la chimie allemande – et les imprégnations argentiques des chimistes italiens et espagnols).Aloïs Alzheimer

Il faut noter qu’à cette époque l’état de démence du sujet âgé est considéré par la grande majorité des psychiatres comme normal, et lié à l’usure normale du temps, la fameuse « artériosclérose ».

C’est dans cet établissement de Francfort qu’est admise le 25 novembre 1901, une femme de 48 ans, Auguste D. Elle présentait une symptomatologie variée associant une dégradation progressive de ses facultés cognitives : des difficultés de mémoire et de compréhension, allant jusqu’à l’aphasie, de désorientation, des comportements incohérents et imprévisibles, des hallucinations, de la confusion mentale et une inaptitude psychosociale. C’est cette patiente qui inspire au Docteur Alzheimer la description de la maladie qui va bientôt porter son nom.

En 1903, Alzheimer quitte Francfort et, après un court séjour à Heidelberg, il rejoint la « Clinique psychiatrique royale » de Munich dirigée par le Professeur Emil Kraepelin. Mais il continue cependant de suivre le cas d’Auguste D., toujours hospitalisée à Francfort, jusqu’à sa mort de septicémie, le 8 avril 1906.
Maladie d'Alzheimer ( cerveaux)Après la mort de sa patiente, Alzheimer demanda qu’on lui envoie le dossier médical et le cerveau d’Auguste D. à Munich afin de pratiquer l’autopsie du cerveau de son ancienne patiente.
Le dossier médical contenant l’observation détaillée manuscrite, annotée par Alzheimer lui-même a été retrouvée; il comprend 32 feuillets: fiche d’admission, attestation, tentative d’écriture par la patiente avec cette note « trouble de l’écriture d’origine mnésique », ainsi que les symptômes détaillés au cours des quatre premiers jours d’hospitalisation:
« Elle s’assoit sur son lit, l’air hébété. Quel est votre nom? Auguste. Votre nom de famille? Auguste. Quel est le nom de votre mari? Auguste, je crois. Votre mari? Ah, mon mari. Elle semble ne pas comprendre la question. Êtes-vous mariée? A Auguste. Madame D.? Oui, Oui, Auguste D. […] Quand on lui montre des objets, elle ne se souvient pas, après un court instant, ce qu’elle a vu. Entre-temps, elle parle continuellement de jumeaux. Quand on lui demande d’écrire, elle tient le livre de telle façon qu’on a l’impression qu’elle a perdu une partie du champ visuel droit […] Désordre de l’écriture d’origine amnésique. Dans la soirée, son discours spontané est plein de déraillements paraphrastiques et de persévérations. » […] rapport concis sur l’évolution de la maladie entre le 29 juin 1905 et le 8 avril 1906

Le 4 novembre 1906, lors de la 37ème Conférence des psychiatres allemands à Tübingen, il rapporte, l’observation d’une femme de 51 ans qui a présenté un délire de jalousie, suivi d’une désintégration des fonctions intellectuelles.

Alzheimer Histologie
A gauche l’enchevêtrement de neuro fibrilles, tel que le vit et le dessina Alzheimer; bien différent de ce que l’on oberve à droite avec les nouvelles techniques de coloration et d’observation.

Utilisant la technique histologique d’imprégnation argentique, après quoi il étudia les caractéristiques neuropathologiques de sa maladie. L’examen au microscope du cerveau de la patiente a révélé la présence, dans le cortex cérébral, de lésions analogues à celles de la démence sénile, les plaques séniles.

Il met également en évidence les deux types de lésions cérébrales caractéristiques de la maladie qui fera sa renommée : la dégénérescence neurofibrillaire et les amas anormaux de fibrilles dans les neurones.
Il n’a pas pu identifier la maladie, car elle était inconnue jusque là.

Dès lors, c’est le professeur Emil Kraepelin qui, dans son influent Traité de Psychiatrie, individualise la »maladie d’Alzheimer » et donne à la maladie le nom d’Aloïs Alzheimer. Il s’agit pour lui d’une »démence du sujet jeune, rare et dégénérative », laissant au terme de « démence sénile », les démences vasculaires du sujet âgé.

En 1907, Alzheimer publia un article, intitulé « Une maladie caractéristique grave du cortex cérébral ». Il y décrit, sans la nommer, « une femme de 51 ans » qui présentait »parmi les premiers symptômes de sa maladie, un fort sentiment de jalousie envers son mari. Elle montra très vite des signes de dégradation importante de la mémoire; elle était désorientée, elle déplaçait les objets n’importe où dans son appartement et les cachait. Parfois elle avait l’impression que quelqu’un cherchait à la tuer, ce qui la faisait hurler. Elle mourut après quatre ans et demi de maladie. »
Alzheimer poursuit en indiquant ce qu’il a observé au plan histologique: « Au centre d’une cellule apparemment normale se dressent une ou plusieurs fibrilles caractérisées par leur épaisseur et leur imprégnabilité particulière » à un colorant argenté. Les fameuses plaques, qui devaient plus tard porter son nom: « De nombreux et petits foyers miliaires se trouvent dans les couches supérieures. Ils sont caractérisés par l’accumulation d’une substance particulière dans le cortex. »
En 1912, Alzheimer est nommé directeur de la clinique psychiatrique de l’université Freidreich-Wilhelm de Breslau (aujourd’hui Wroclaw, en Pologne). Il est alors à l’apogée de sa carrière. Mais le neuropsychiatre est bientôt touché par une affection dégénérative dont il meurt le 15 décembre 1915, à Breslau.

source www.medarus.org

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