Le Dieu des Herboristes:

1883. Guimet, industriel et collectionneur, s’associe au spécialiste de la Chine De Groot pour une mission particulière : étudier et rapporter de Chine des centaines de statuettes de divinités.
Parmi ces dernières, De Groot acquiert ce dieu à la peau dorée et à la mine impressionnante, dont l’histoire est plutôt originale.

Il s’agit de Shennong, l’un des dieux les plus importants du panthéon chinois. Et pour cause, c’est lui qui aurait enseigné l’agriculture aux hommes, d’où sa popularité ! En plus de ses attributions de dieu de l’agriculture, Shennong a d’autres cordes à son arc.

C’est lui qui aurait, tout simplement, jeté les bases de la pharmacopée traditionnelle chinoise, en compilant dans un ouvrage des centaines de recettes médicinales à base de plantes, minéraux et animaux. Quant à sa technique pour élaborer les fameuses recettes, elle est particulièrement dangereuse.

En effet, pour être certain des propriétés des plantes médicinales, Shennong les aurait toutes testées… sur lui-même ! Au rythme effroyable de 70 plantes ingérées par jour, le dieu serait parvenu à observer leurs conséquences sur le corps.
Une variante de la légende prétend même que son estomac, transparent, permettait de voir les effets de la plante lors de sa digestion.

Le résultat est plutôt tragique : les plantes pouvant être à la fois bénéfiques et mortelles, Shennong s’intoxique à plusieurs reprises et finit par succomber à l’absorption de l’une d’entre elles…

Mais ses courageuses découvertes ont été récompensées : patron des herboristes, il est aussi sollicité pour obtenir de bonnes récoltes. On lui donne également une stature impériale, d’où ce petit chapeau plat et ce manteau doré typiques des empereurs chinois et des personnages de haut rang !

Le pharmacien maudit de Roumanie, partenaire diabolique de l' »ange de la mort ».

Avant la deuxième Guerre Mondiale, Capesius, pharmacien de son état, avait acquis une certaine notoriété en faisant des affaires dans toute la Transylvanie. Marié en 1934, Capesius travailla un temps comme représentant d’I.G. Farbenindustrie AG. Il connaissait nombre de pharmaciens et de médecins en Transylvanie auprès desquels il distribuait des produits de la firme.
C’est unique dans les annales d’Auschwitz: Il arrivait que Capesius, posté sur le quai de débarquement, connaisse personnellement certaines des victimes, leurs femmes ou leurs enfants. Il se retrouva même un jour face à une famille entière qui le reconnut et qui le salua. Il l’envoya directement à la chambre à gaz. «Ne soyez pas inquiets. Allez prendre un bain et revenez dans une heure avec les autres» disait calmement celui qu’on surnomma le pharmacien d’Auschwitz. Le journaliste-écrivain saxon Dieter Schlesak a passé 30 ans à enquêter sur le tortionnaire et lui a consacré un livre. Il confie : «C’était absolument horrible !».
Marié en 1934, Capesius travailla un temps comme représentant d’I.G. Farbenindustrie AG. Il connaissait nombre de pharmaciens et de médecins en Transylvanie auprès desquels il distribuait des produits de la firme. Il en tira une certaine notoriété.

Dieter Schlessak connut personnellement le pharmacien. A ce sujet, il précise : «Capesius est né à Reussmarkt mais il a vécu dans ma ville natale, Sighisoara, avec son frère et sa femme, viennoise et à moitié juive ! Il tenait la pharmacie Zur Krone. Je l’ai connu quand j’étais enfant. Il me donnait des bonbons à la menthe et il faisait même la cour à ma mère ! Cette proximité ne m’a pas rassuré pour autant et cela ne m’a pas empêché d’écrire un livre sur lui. Beaucoup de victimes juives de Târgu-Mures ou de Sighişoara sont passées entre ses mains, à Auschwitz».

Il assistait le sinistre Docteur Mengele au camp d’extermination d’Auschwitz. Chargé de «trier» les personnes déportées selon les besoins du tortionnaire nazi, Victor Capesius, saxon natif de Miercurea Sibiului (en photo, avec des lunettes noires, lors de son procès en 1963) a ainsi décidé du sort de milliers de déportés en envoyant à la chambre à gaz tous ceux qu’il considérait comme inaptes au service.

Les atrocités commises par Victor Capesius condamné pour le meurtre de 8 000 personnes sont revenues, par un pur hasard, à la une de la presse internationale. Le propriétaire d’une maison près d’Auschwitz-Birkenau trouva dans un mur qu’il démolissait, 65 ans après la fin de la 2ème guerre mondiale, 280 documents-archives SS (certificats de décès, fiches de services, fiches d’expérimentation, etc.).
Ces documents témoignent de la sinistre besogne effectuée par le criminel de guerre Josef Mengele – qu’on appelait «l’Ange de la mort» – et celle de certains de ses proches collaborateurs, comme Capesius qui avait notamment la haute main sur la fourniture du Zyklon B, utilisé dans les chambres à gaz. Une grande partie de ces notes faisaient référence à Capesius, fait attesté par le Dr Adam Cyra du musée d’Auschwitz. Capesius a pourtant nié en permanence sa participation aux atrocités d’Auschwitz mais les documents qui ont été découverts prouvent bien qu’il a envoyé des milliers de personnes à la mort.
En outre, il se trouvait à Auschwitz en 1944 quand les Juifs hongrois commencèrent à y arriver. Beaucoup le reconnurent et ceux qui survécurent purent l’accuser lors des procès qui suivirent la libération des camps.
L’histoire de Capesius est, à peu de chose près, identique à celle de son mentor, Mengele. Il commença sa carrière militaro-médicale dans l’armée roumaine, à Bucarest, d’où il partit vers le front. En 1943, il s’enrôla dans la Wermacht et servit dans la machine de guerre de l’Allemagne nazie, occupant des postes médicaux à Varsovie, Berlin et Dachau. Dès sa première incorporation dans la capitale polonaise, il est intégré aux Waffen SS et reçoit le grade de Hauptsturmführer (capitaine) et ultérieurement celui de Sturmbannführer (major). Comme membre de la SS, il est envoyé à Auschwitz pour y remplacer le pharmacien-chef, décédé. Il occupa ce poste jusqu’à la libération du camp le 27 janvier 1945. Il essaya d’effacer toute trace de ses méfaits. Il parvint à échapper à l’Armée rouge mais il est arrêté par les Anglais dans le land de Schleswig-Holstein.
Rapidement libéré, le pharmacien s’installe à Stuttgart et essaie de se construire une nouvelle vie. Il s’inscrit à un cours d’électronique. Il aurait pu réussir si le coiffeur d’Auschwitz, Léon Czekalski, ne l’avait pas reconnu à la gare de Munich. S’ensuivirent deux internements à Dachau et à Ludwigsburg mais la police militaire américaine ne rechercha pas les preuves de son activité à Auschwitz. Il est libéré en 1947. Revenu à Stuttgart, il est embauché dans une pharmacie. En 1950, il créait sa propre affaire à Göppingen. On raconte que ses affaires avaient largement prospéré grâce aux biens qu’il avait dérobés aux Juifs. Au milieu des années 50, Capesius gérait un salon de cosmétiques à Reutlingen et en 1958, il se trouvait à la tête d’une confortable affaire qui comptait 12 salariés pour un chiffre d’affaires de 400 000 marks.

La vie tranquille du tortionnaire prit fin quand, le 1er mars 1958, Adolf Roegner, ex-préposé au gazage à Auschwitz, enfermé à Bruchsal, demanda dans une lettre envoyée au procureur, l’arrestation et la condamnation d’autres bourreaux. Ne voulant pas être le seul à porter le chapeau, il donna, à titre indicatif, le nom d’un certain Wilhelm Boger, ainsi que son adresse. Les autorités s’en saisirent.
En octobre 1958. Boger est arrêté. Parallèlement, une série de documents SS découverts à Breslau en 1945 parvinrent au procureur général de Francfort, Fritz Bauer. Celui-ci décida d’ouvrir une enquête qui devait se terminer six ans plus tard. C’est ainsi que Capesius se retrouva à nouveau dans le box des accusés. 359 martyrs-rescapés de différents pays témoignèrent à l’audience publique. Une première sentence fut prononcée contre des criminels nazis d’Allemagne fédérale.
Cette fois, Capesius est condamné à 9 ans de prison pour complicité dans la mort de 8 000 personnes. Il n’en fit que 3. Il ne reconnut jamais explicitement sa faute mais s’en prit au régime communiste en demandant : «Comment des témoins roumains ont-ils obtenu le droit de venir à Francfort pour participer à l’audience ?» Dieter Schlesak précise : «Capesius a toujours affirmé que l’atmosphère d’Auschwitz le déprimait». Il y avait de quoi ! Mais il est certain qu’il tentait de brouiller les pistes pour essayer d’amadouer les juges.

Au cours du procès, il nia avoir aidé Mengele pour les opérations de tri, affirmant qu’il n’avait été qu’un simple spectateur. Il assura même avoir été confondu avec l’un de ses acolytes, le Dr Klein. Capesius gérait l’intendance des boîtes de Zyklon B, utilisées pour le gazage et celles de phénol pour les injections létales dans le cœur. Il affirma que ce qu’il avait fait était «normal» : «On ne discute pas les ordres, on les exécute». Il voulait «sauver la patrie du bolchevisme».
Pendant sa détention, sa femme continua de gérer ses affaires. A sa libération en janvier 1968, un fait curieux se produisit. L’ex-tortionnaire, assistant à un concert en ville, fut acclamé par le public. Dieter Schlesak explique : «On savait qu’une partie de la population était hostile aux procès d’Auschwitz. Ceux qui ont applaudi Capesius avaient eux-mêmes un lourd passé criminel pour lequel ils n’avaient pas encore été jugés. Pour eux, ces procès étaient l’œuvre des puissances victorieuses».
Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, le gouvernement de Konrad Adenauer comptait beaucoup d’hommes qui avaient appartenu à l’appareil nazi !

Dieter Schlesak raconte : «J’ai revu Capesius en 1976, à Göppingen en Allemagne dans sa pharmacie, construite avec les dents en or de ceux qu’il avait fait gazer. C’est aussi l’un des motifs de sa condamnation au procès d’Auchwitz à Francfort. Mais je ne peux pas oublier qu’il a été aussi l’ami de mes parents, qu’il a fait la cour à ma mère quand elle était jeune. Pour moi, il a été comme un bon oncle. Mais comment a-t-il pu tuer ces milliers de femmes et d’enfants ? Dès que j’ai appris à ma grande stupéfaction qu’il avait été le tueur d’Auschwitz, j’ai voulu le revoir. Je l’ai donc retrouvé. Nous avons discuté, lui et sa femme, d’Auschwitz. Je connaissais déjà beaucoup de choses sur son « activité » là-bas. Il m’en a parlé comme s’il était étendu sur le divan de Freud, se libérant peut-être pour la première fois, devant un microphone, de ses horribles souvenirs. Oui, c’est trop simple d’en faire un monstre.
La réalité, c’est qu’il était un petit-bourgeois, saxon et discipliné. Il a exécuté les ordres, comme on le lui avait appris à la maison et il a été trop faible pour résister. Mais là, c’était une situation extrême : il était contaminé par l’idéologie nazie. »
Victor Capesius est mort à Berlin en 1985.

source les Nouvelles de Roumanie (Juillet Août 2015)

« L’estomac bien accroché » Où l’on apprend à rapidement changer de métier

Le Géographe et Le Naturaliste, deux gabares de l’expédition Baudin en Terres autrales, Atlas de Freycinet, 1807, gravure

Le Havre, 1800. Le jeune Lesueur entend parler d’une expédition scientifique sur le point de partir pour les Terres australes (situées entre l’Afrique et l’Antarctique). Une grande aventure comme il en rêve lui tend les bras !

Avec ses talents de dessinateur, il est sûr de se faire engager. Oui mais voilà… l’expédition a déjà fait le plein d’artistes et de scientifiques. Que faire ?

Il en faut plus pour décourager le jeune homme ! Fils d’officier de marine, il a déjà navigué comme membre d’équipage sur la Manche.

Il se fait donc embaucher comme timonier novice (assistant du marin qui conduit le bateau). Adieu le port du Havre, c’est le grand départ ! Un petit coup de pouce du destin l’éloigne cependant bien vite des manœuvres navales.

Car les membres de l’expédition scientifique n’ont pas tous le pied marin… Lors d’une escale sur l’île Maurice, une partie de l’équipe débarque, découragée. Certains tombent malades et meurent.

Si bien que Lesueur est propulsé « peintre-dessinateur d’histoire naturelle » de l’expédition ! Au fil des étapes, accompagné du zoologiste François Perron, il réalise près de 1500 dessins de la flore et de la faune australes.

Charles Willson Peale, Portrait de Charles-Alexandre Lesueur, 1818 (cliquez sur l’image pour agrandir)

De retour en France, Lesueur reprend ses croquis pour en tirer de superbes aquarelles d’une grande maîtrise technique.
Le travail colossal des deux hommes est finalement, à la demande de l’empereur, compilé en volumes dont le premier est édité en 1807.

2 500 nouvelles espèces sont ainsi répertoriées. Une base de données aussi titanesque que magnifique dont les scientifiques se servent aujourd’hui encore… Une chance que Lesueur ne soit pas resté simple matelot !

Charles-Alexandre Lesueur, Nouvelle-Hollande : Nouvelles Galles du Sud. Ornithorynques, dans Voyage de découvertes aux Terres australes, années 1800, Biodiversity Heritage Library, Boston (cliquez sur l’image pour agrandir)

2ème Guerre Mondiale, nom de code : « Amidon ».

Les Laboratoires Hoescht sous contrôle américain en 1946.
Les Laboratoires Hoescht sous contrôle américain en 1946.

En 1938, les Drs Max Bockmül et Gustav Elrhart, qui travaillaient sur ce projet, finirent par créer un opiacé synthétique et qui portait à l’époque le numéro de série « Hoescht 10820» et l’appellation de « Polamidon ». Les scientifiques de Hoescht firent quelques essais qui montrèrent que c’était bien un analgésique, plus puissant que la péthidine (L’ancien Dolosal® en France), avant d’en déposer le brevet le 25 septembre 1941, et ensuite de le tester sous secret militaire sous le nom de code « Amidon ».

Il semble que les essais cliniques n’aient pas été concluants, soit parce que les doses étaient inappropriées, soit parce que les effets secondaires furent jugés trop importants, soit parce que la proximité de la fin de la guerre empêcha tout développement. Quoi qu’il en fut, les recherches continuèrent et il n’y eu pas de production commerciale ni de marque déposée du produit « Hoescht 10820 » alors qu’en 1944 la production de péthidine atteignit 1600 kilos par an.

Après la guerre, toutes les marques et brevets allemands furent réquisitionnés par les alliés et la firme Hoescht tomba dans le secteur américain qui prit le contrôle de la production. La formule du n°10820 (Polamidon) et tous les produits de la frime furent distribués un peu partout dans le monde et commercialisés par de nombreuses sociétés pharmaceutiques. Cette diffusion eut pour conséquence d’arrêter toutes les recherches en cours ainsi que la production de péthidine après la guerre. D’ ailleurs celle-ci fut remplacée par une production de pénicilline.

Après 1945, les entreprises qui reçurent la formule gratuitement purent exploiter la molécule sous l’appellation commerciale de leur choix. Ainsi la compagnie pharmaceutique américaine Eli-Lilly créa la marque déposée Dolophine ®, non en souvenir d’Adolph (Hitler) comme la légende le dit mais plus probablement à la suite de l’association de deux termes français « douleur » et « fin ».

Dolophine®
Dolophine®

En 1947, des chercheurs commencèrent des expérimentations avec la Dolophine® (méthadone) sur des patients et des animaux. Ils donnèrent à des volontaires jusqu’à 200mg de méthadone 4 fois par jour et constatèrent que ces patients développaient rapidement tolérance et euphorie. Ils furent donc obligés de diminuer les doses d’autant plus que les effets secondaires étaient sévères (signes de toxicité, inflammation de la peau, profonde narcose), mais ils observèrent ainsi que les morphinomanes y répondaient très positivement.

Ils en conclurent, en toute logique médicale, que la méthadone avait un potentiel d’accoutumance et de toxicité très élevés et mirent les autorités en garde contre la production non contrôlée de la « méthadon », telle qu’on la nommait à l’époque.

De nombreuses recherches furent effectuées entre 1945 et 1950, et toutes reconnurent ses puissants effets analgésiques. Cependant leurs conclusions montrèrent toujours que la méthadone avait peu d’avantages sur d’autres préparations disponibles et beaucoup de désavantages : nausées, dépression respiratoire, potentiel de dépendance, etc. En conséquence, elle fut peu utilisée en médecine jusqu’en 1964, date à laquelle Vincent Dole et Marie Nyswander qui recherchaient un opiacé de synthèse efficace par voie orale dans le traitement des héroïnomanes, découvrirent la méthadone dans la littérature scientifique.

La méthadone devint ainsi rapidement un enjeu économique puis politique. Durant l’année 1964, les Etats-Unis en consommèrent plus d’une dizaine de tonnes et aujourd’hui, la méthadone est l’opiacé de synthèse le plus utilisé pour le traitement des personnes dépendantes à l’héroïne, aux Etats-Unis comme en Europe et dans beaucoup d’autres pays.

Extrait tiré du livre « Les drogues dans l’histoire: entre remède et poison: archéologie d’un savoir … Par Michel Rosenzweig

« Schweppe, Paul and Gosse »

schweppes-indian-tonic-8x-25cl-sodasSi l’on peut lire sur les autobus londoniens, au début du XXème siècle,  » Famous since 1790 « , l’activité commerciale de Schweppes débute en 1783.
Jacob Schweppe, bijoutier à Genève depuis l’âge de douze ans, a une obsession : mettre la station thermale et ses bienfaits en bouteille et à la portée de tous ! S’inspirant des travaux de Lavoisier sur la carbonation de l’eau, il parvient à dissoudre du dioxyde de carbone dans de l’eau à l’aide d’une pompe à compression baptisée  » Machine de Genève « .Grâce à son invention, il n’est plus nécessaire de voyager pour  » prendre les eaux  » . On ne parle pas à l’époque de tests consommateur quand Jacob Schweppe propose aux médecins de donner gratuitement son eau minérale à leurs patients pour la tester et l’améliorer.C’est parce que certains ne voulaient pas de cette eau gratuite que, contraint et forcé bien malgré lui, Schweppe appose, en 1783, un prix très bas, juste pour couvrir ses coûts de fabrication. Celle-ci, alors artisanale, change de dimension quand, en 1790, Jacob Schweppe s’associe avec Nicolas Paul, un ingénieur de Genève, spécialiste des pompes et avec Henri Albert Gosse, un pharmacien. Ce dernier va lui apporter la reconnaisance du monde médical.

Un prospectus paraît le 4 septembre 1790 dans le Journal de Genève annonçant la vente de Seltzer Water et Spa Water ainsi que les eaux de Pyrmont, Bussang, Courmayeur et Vals. Centre de gravité de la révolution industrielle et commerciale, Londres accueille, le 9 janvier 1792, la première usine de la société  » Schweppe, Paul and Gosse « , au 141 Drury Lane. Les débuts sont difficiles car la concurrence est vive, en dépit de la piètre qualité des autres eaux minérales artificielles. Le 28 décembre 1792, Jacob Schweppe écrit à ses deux associés qu’il envisage de rentrer à Genève et d’abandonner son projet. La situation politique ajoute à la crise avec la déclaration de guerre de la France à l’Angleterre, le 1er février 1793. Ses deux associés le quittent en 1796 mais Jacob Schweppe tient bon.
La carbonation supérieure de son eau lui donne l’appui du corps médical qui la recommande pour soigner les maladies du rein et de la vésicule et pour combattre l’indigestion et la goutte.

Les produits Schweppe sont vendus dans les officines sous trois catégories : simple, double ou triple puissance. Ils ont pour nom Acidulous Rochelle Salt Water, Seltzer, Spa et Pyrmont Water et Tooth Lotion of Soda. Au même moment, le terme  » Soda Water  » entre en usage et il apparaît dans une réclame de Schweppe en 1798. Il peut être alors mélangé à du rhum et du cognac !
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Le développement de la marque se fera sans son fondateur ni sa fille Colette . Jacob Schweppe prend sa retraite à 58 ans et retourne à Genève.
En 1878, il cède les trois quart du capital de sa société J.Schweppe & Co. aux frères Henry William et Francis Charles Lauzun, et Robert Brohier, aristocrates français réfugiés à Jersey. Au début des années 1800, la société s’établit progressivement sur un plan national : l’eau de Schweppe (Schweppe’s Water) est vendue en Angleterre, en Ecosse et au pays de Galles. Elle fait de la réclame dans des journaux destinés à la noblesse et à la gentry. L’association des trois jerseymen s’arrête en 1824. La même année, Colette cède ses parts à Robert Brohier et Richard Sparkes. Ce dernier, alors seul propriétaire, vend la société en 1834 à John Kemp-Welch, un marchand de vin et William Evill, un orfèvre. La dynastie Kemp-Welch durera 115 ans jusqu’en 1949. Depuis 1969, Schweppes est aux mains de Cadbury.

Le drink des gens raffinés

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 » Soda and Mineral Water Manufacturers to Their Majesties and the Royal Family  » depuis 1831, Schweppe ajoute, en 1836, le titre de fournisseur des altesses royales, la duchesse de Kent et la princesse Victoria, future reine.Schweppe invente le sponsoring en devenant le fournisseur exclusif du Crystal Palace durant l’Exposition universelle de 1851 : six millions de visiteurs pendant six mois et plus de un million de bouteilles vendu !Une fontaine présente lors de l’exposition rappelle, aujourd’hui, cet exploit en figurant deux fois sur l’étiquette de la bouteille : en blanc sur le fond jaune et dans le sceau rouge.

La marque collectionne les médailles !
A l’Exposition de Paris en 1878, Schweppe gagne la médaille d’argent, la plus haute récompense pour les eaux minérales.
La médaille d’or de l’Académie nationale de Paris lui est décernée en 1880.
Triplé gagnant à l’Exposition universelle à Paris en 1900 : médaille d’or, d’argent et de bronze.

Si la bouteille se tient debout depuis 1897, elle eut depuis le début des années 1800 une forme ovoïde. Raison avancée : ainsi couchée, elle retenait mieux le gaz. Elle aura plusieurs surnoms :  » drunken  » bottle ou  » bouteille saoule « , la  » torpedo  » ou  » bouteille œuf « .

En France, Schweppes est connu dès 1790, mais il faut attendre le siècle suivant pour que de nouveau on reparle de Schweppes à Paris et sur la Riviéra. Une réclame parue à Londres en 1878 mentionne des visiteurs à Paris trouvant des eaux de Schweppes dans les hôtels, cafés et restaurants. De fait, les principaux marchés de Schweppes, boisson pour  » upper and middle class  » se trouvent, jusqu’en 1945, dans les clubs, hôtels, restaurants, théâtres, chemin de fer et compagnie de navigation.
Ce n’est qu’en 1948 que Schweppes décide de vendre dans les commerces de détail.
Londres n’est plus, depuis longtemps, le seul centre de production. Sydney accueille, en 1877, la première usine à l’international. Melbourne et Brooklyn suivent en 1884.
Mais il faut attendre 1923 pour que l’expansion internationale soit au cœur des priorités avec la création d’une filiale entièrement dédiée aux investissements à l’étranger pour produire localement. Les années 50 sont celles où Schweppes adopte la méthode américaine de la franchise pour les embouteilleurs à l’international.
Mais, faute d’avoir atteint la taille critique, la marque Schweppes est cédée, fin 1998 à Coca Cola dans 155 pays (moins de 3% de part de marché) quand Cadbury se réserve 26 pays : Mexique, Amérique, Canada, Europe de l’Est et de l’Ouest (sauf Angleterre, Irlande et Grèce), Australie et Afrique du sud.
source prodimarques.com
Les Pharmaciens du Sud

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