Témoignage d’un « pharmacien sans papiers ».

Je suis passé en « Scanordo » fin mars 2012, après la période des 90 jours de test, j’ai eu le feu vert par courrier pour ne plus conserver les pièces papiers. Cela fait donc presque 6 mois que je fonctionne ainsi.

Pour les personnes qui ne sont pas passées à ce mode de fonctionnement, je vais exposer mes impressions et remarques.

Ce qui est évident dès le début, c’est la rapidité et le confort de travail. Sans papier à garder, la seule opération à réaliser lors d’une facturation sécurisée est le scan de l’ordo.

Le passage sans papier, me permet aussi  d’éviter de consommer des quantités énormes de papiers.  Aujourd’hui, je ne fais plus de photocopies que dans quelques rares cas (stupéfiants, ordo froissées qui ne passent pas au scan) ; suffisamment rares pour que je puisse carrément supprimer le photocopieur de l’officine.  Pour les rares photocopies, je me sers de mon fax. L’année dernière, j’ai consommé une bonne dizaine de cartons de papier (5x500pages/carton), à ce jour, je suis au 2/3 du premier carton.  Donc moins de papier (ça fait du bien à la planète), et plus de toner de photocopieur à 100€ pièce. La consommation d’encre des imprimantes de comptoir est elle aussi largement en baisse.

Concernant le gain de temps, il est énorme. La pharmacie accueille en moyenne 130 personnes par jour, la mise en forme des lots papiers prenait  une grosse heure par jour à une personne. Aujourd’hui, la télétrans prend 3 minute,s montre en main, par jour et occupe le serveur informatique 15minutes toutes les deux semaines pour préparer le CD-ROM.  (qui devrait aussi disparaître lors de la mise en place de la procédure de télétransmisssion totale).

Accessoirement : plus de timbres à dépenser pour envoyer les dégradés hors département, avec le risque de perdre les pièces justificatives.

A ce jour, je ne vois aucun  point noir à ce mode de fonctionnement.  Mais, pour ceux qui vont y venir, quelques conseils :

*quand on scanne une ordo ou une cerfa, il faut INTERDIRE au personnel d’avancer dans la facturation tant que le rendu à l’écran n’est pas parfait ou, du moins, contrôler toutes les images de scans si votre logiciel le permet facilement.

*Vers la fin de la période de test, étant sûr de mes scans, j’ai arrêté d’imprimer les factures au dos des duplicata d’ordonnances que nous conservions, me contentant de simplement écrire le numéro de facture à la main. En cas de besoin, je n’aurai eu qu’à l’imprimer.

*En fin de la période de test, nous nous retrouvons au mieux avec 3 mois de factures à détruire. Evidement, prévoir un moyen d’élimination qui garanti le secret professionnel.

*Il faut aussi prévoir un destructeur de documents pour la suite : nous avons des Cerfa à détruire (si le logiciel ne la génère pas informatiquement),  et il faut aussi gérer les duplicata d’ordonnance. Au début, j’imprimais les tampons officine sur ordo+duplicata, mais je me suis vite aperçu que les patients se perdaient. Donc je rends l’original et je détruis le duplicata.

*Avant l’envoi de CDROM, je passe toujours celui-ci dans un autre PC pour vérifier qu’il est lisible. Par la même, ça me permet de faire un contrôle aléatoire de la qualité des scans, et corriger le tir avec la personne concernée si besoin.

Scan ordo a été pour moi un gros changement dans le mode de fonctionnement ; il a fallu un certain temps d’adaptation, mais aujourd’hui il est hors de question pour moi de travailler autrement !

Stéphane FRANCHI.

arrêté scannérisation – approbation avenant n° 3

Résultat des élections syndicales

Les élus syndicaux pour un mandat de 6 ans:

Elections syndicales 2012
¨ ANDREANI Antoine 208.voix
¨ BERRO Mariam 217 «  »
¨ BESSON Philippe 209 «  »
¨ CASANOVA Valérie 206 «  »
¨ COUPUT Nicolas 204 «  »
¨ DESRUELLES Thierry 217 «  »
¨ DIMARZO Corinne 205 «  »
¨ FAURE Charles 212 «  »
¨ FERRERA Félicia 203 «  »
¨ FRANCHI Stéphane 201 «  »
¨ GALLICE Denis 205 «  »
¨ JEAN Guy 186 «  »
¨ LANCE Philippe 220 «  »
¨ MARX Erik 186 «  »
¨ RICHARD Frédéric 198 «  »
¨ SADMI Philippe 182 «  »
¨ SAVOURNIN Cyril 212 «  »
¨
234 votants + 9 enveloppes non conformes
1 bulletin nul
2 bulletins blancs

 

Sur 17 élus, il y a 9 nouveaux conseillers et conseillères et 8 qui se sont représentés.

En ces temps difficiles ou nous sommes tous inquiets des nouvelles modalités de rémunération, des missions à venir, il y a beaucoup de « pain sur la planche » pour les conseillers du Syndicat.

Tous ces bénévoles croient en leur beau métier, espèrent en l’avenir et, en agissant pour valoriser leur profession, seront à la hauteur de vos attentes.

P.L

 

Antoine-Alexis-François Cadet de Vaux (1743-1828) : Un apothicaire touche à tout

Mur du hall d'entrée de l'Ecole Nationale de Meuneries et des Industries Céréalières (ENSMIC)

En 1745, Claude Cadet, maître en chirurgie mourut en laissant à sa veuve deux écus de 6 livres et 13 enfants : 6 filles et 7 garçons.

L’aîné des garçons connut la célébrité pour son habileté à saigner les dames de la Cour et fut surnommé pour cela le « Saigneur ». Les 6 autres frères se distinguèrent les uns des autres en ajoutant à leur nom de famille celui du lieu où ils avaient été en nourrice : Gassicourt, Senneville, Limay, Chambine, Fontenay et Vaux.

Cadet de Vaux, apothicaire philanthrope, propriétaire d’une officine à Paris en 1769, abandonna bientôt la préparation des médicaments pour fonder la première feuille quotidienne « Le Journal de Paris » dont le premier numéro parut en 1777.

Il s’intéressa aux applications de la chimie à l’économie rurale et domestique. Il remarque la nocivité des comptoirs revêtus de plomb des marchands de vin et des balances de cuivre recouvertes de vert de gris des regrattiers de sel et des débitants de tabac.

Sur son insistance une déclaration Royale prohiba ces métaux pour de tels usages. Il devient en 1785 inspecteur général des objets de salubrité et fit supprimer le charnier du cimetière des Innocents à Paris. Il créa avec Parmentier la première Ecole de boulangerie.

Chaptal, devenu Ministre de l’Intérieur, lui demanda de rédiger une Instruction populaire sur le blanchissage domestique à la vapeur qui parut en 1805. Le procédé fut breveté en 1847 par M.S. Charles et Cie. Il inventa le pèse-lait, le glucomètre pour mesurer la pesanteur spécifique du moût de raisin et divers types de cafetières.

source CNOP

Un pharmacien acteur: Louis JOUVET (1887-1951)

Je ne sais pas si nos jeunes confrères connaissent cet immense acteur de théâtre et de cinéma. Mais, dans le cas contraire, je les engage à regarder sur Youtube ® des extraits de film qui ont rythmé la vie des Français dans les années 1930-1940.

Philippe LANCE

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Louis Jouvet est né à Crozon, dans le Finistère, le 24 décembre 1887, dans une famille profondément catholique. Son père, briviste, est conducteur de travaux publics, sa mère Eugénie est ardennaise. A l’âge de 2 ans, le petit Louis est confié à sa grand-mère Marie. Il va vivre en Ardennes, à Belleville sur Bar, jusqu’en 1894.

 

A l’école, Louis est un enfant calme, réservé. Il travaille, il rêve. En 1901, la tragédie frappe la famille Jouvet. Louis Jouvet père est écrasé sous un rocher alors qu’il supervisait le creusement d’un tunnel. Eugénie amène sa famille vivre avec elle chez son frère qui est pharmacien à Rethel. Bientôt, Louis devra choisir une profession, et toute sa famille entend bien qu’il deviendra lui aussi pharmacien, comme son oncle. En attendant, il poursuit ses études au Collège Notre-Dame, où le chanoine Morigny, passionné de théâtre, anime avec intransigeance la troupe du collège. Louis bientôt néglige ses études tellement il est préoccupé par cette nouvelle passion, et il voudrait bien en faire sa carrière. Mais sa famille s’y oppose farouchement. Pour qu’on lui fiche la paix, il se pliera à leur désir, tout en ayant la ferme intention de consacrer tous ses temps libres à son amour pour le théâtre. Il ne fait que deux ans de stage : chez son oncle Séjournet à Rethel, du 25 juillet 1905 au 13 septembre 1906, chez Grès à Noisy-Le-Sec, du 14 septembre 1906 au 15 avril 1907* ; enfin, chez Rousseau à Levallois, du 18 avril 1907 à juillet 1907. Il avait obtenu une dispense d’un an par décision ministérielle du 13 juin 1907.

 

Son temps est partagé entre les stages en pharmacie et le théâtre amateur au sein du Groupe d’Action d’art. Jouvet participe à des représentations théâtrales, des récitals de poésie, mais prend aussi le temps de suivre les cours de l’Ecole nationale des Arts décoratifs. Reçu à l’examen de stage avec mention très bien, le 8 juillet 1907, il passe facilement ses trois examens de fin d’année (mention assez bien les deux premières années, mention passable en troisième année). Ajourné à son examen définitif le 21 Mars 1911 (il était déjà très pris par le théâtre), il est reçu à cet examen, avec mention passable, le 27 mai. Il passe normalement son deuxième définitif le 7 mai 1912 (mention assez bien) mais échoue le 20 juin 1912 à la première partie du 3°. Il ne sera reçu à cet examen que le 1° avril 1913, avec mention assez bien. Il passe la deuxième partie le 12 avril 1913 et est reçu pharmacien de 1° classe (mention assez bien). En 1912, il s’est marié avec Else Collin. Le fait que Jouvet soit pharmacien lui permettra, dans l’été 1914, de remplacer pendant quelques semaines son cousin Séjournet, avant de partir lui-même comme infirmier pour les armées.

 

Le reste de sa carrière sera bien sûr consacré au théâtre, mais il n’oubliera jamais sa formation initiale. Plusieurs personnes pourront témoigner de son attachement à cette profession qui va l’inspirer pour Knock !

Louis Jouvet est mort le jeudi 16 août 1951, à 20h 30.

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Lettre écrite par Jouvet le 26 avril 1906, probablement à Mr Grès (Noisy-le-sec)

(NDLR: admirez le style d’un homme de 19 ans)

 

« Monsieur,

 

Je m’empresse de répondre à votre lettre comme vous me le demandez, pour vous remercier tout d’abord d’avoir eu à mon égard un souvenir aussi fidèle et pour vous informer que je suis aussi satisfait que possible des conditions que vous m’avez exposées.
Je vous demanderai cependant un certain délai pour répondre, car je n’ai pas encore fait part de votre lettre à mon oncle. D’ici une huitaine de jours, vous serez fixé sur ma décision qui, je crois, n’aura rien que d’affirmatif : mais c’est surtout à propos de la date de mon départ que je tiens à vous donner plus de précision, car mon oncle a encore besoin de moi pendant quelques semaines.
Vous me demandez, Monsieur, mes capacités professionnelles ? Je vous dirai que je suis un bon élève de première année et que j’exécute beaucoup d’ordonnances seul. Je ne serai pas à même, il est vrai, de préparer l’électuaire thériacal ou le sirop antiscorbutique d’après le Codex ; mais pour ce qui est des manipulations courantes, je me sens apte à ne pas me montrer novice d’une manière générale.
Quant à mon physique, malgré mes dix-huit ans et demi, je crois qu’il peut répondre à toutes les exigences du métier, aussi bien par le sérieux que par la faculté que me donnent mes 1,84 m d’aller chercher les bocaux dan,s les sphères supérieures de l’officine.
Croyez bien, Monsieur, que si je change d’officine ce n’est pas dans un but pécuniaire, étant élève stagiaire rémunéré ; j’établis encore une profonde distinction entre ce dernier et un employé salarié d’une maison industrielle quelconque. Car je conçois d’autres rapports entre un patron et son employé que ceux qui existent entre un maître et son élève. J’ai tenu surtout à me rapprocher de Paris où j’ai de la famille, ce qui, je trouve, est très favorable aux étudiants, tant à ceux qui veulent travailler, et je me place dans ceux-là, qu’à ceux qui veulent se laisser vivre agréablement.
Je me permettrai maintenant d’aborder une autre question plus délicate mais qui n’en n’est pas moins importante. Vous ne m’en avez pas parlé, c’est que cette question vous paraissait trop claire et trop évidente pour être l’effet d’une solution.
J’ai été élevé chrétiennement ; aussi, pratiquant mes devoirs religieux, j’espère entrant chez vous pouvoir les remplir aussi fidèlement que je les ai remplis jusqu’ici.
Je vais terminer cette lettre déjà longue dont vous excuserez le style à la fois décousu et filandreux, n’en attribuant la cause qu’à une clientèle aussi exigeante que nombreuse.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les plus sympathiques en même temps que les plus respectueux »

 

Louis Jouvet 


Les Pharmaciens du Sud

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