“Schweppe, Paul and Gosse”

schweppes-indian-tonic-8x-25cl-sodasSi l’on peut lire sur les autobus londoniens, au début du XXème siècle, ” Famous since 1790 “, l’activité commerciale de Schweppes débute en 1783.
Jacob Schweppe, bijoutier à Genève depuis l’âge de douze ans, a une obsession : mettre la station thermale et ses bienfaits en bouteille et à la portée de tous ! S’inspirant des travaux de Lavoisier sur la carbonation de l’eau, il parvient à dissoudre du dioxyde de carbone dans de l’eau à l’aide d’une pompe à compression baptisée ” Machine de Genève “.Grâce à son invention, il n’est plus nécessaire de voyager pour ” prendre les eaux ” . On ne parle pas à l’époque de tests consommateur quand Jacob Schweppe propose aux médecins de donner gratuitement son eau minérale à leurs patients pour la tester et l’améliorer.C’est parce que certains ne voulaient pas de cette eau gratuite que, contraint et forcé bien malgré lui, Schweppe appose, en 1783, un prix très bas, juste pour couvrir ses coûts de fabrication. Celle-ci, alors artisanale, change de dimension quand, en 1790, Jacob Schweppe s’associe avec Nicolas Paul, un ingénieur de Genève, spécialiste des pompes et avec Henri Albert Gosse, un pharmacien. Ce dernier va lui apporter la reconnaisance du monde médical.

Un prospectus paraît le 4 septembre 1790 dans le Journal de Genève annonçant la vente de Seltzer Water et Spa Water ainsi que les eaux de Pyrmont, Bussang, Courmayeur et Vals. Centre de gravité de la révolution industrielle et commerciale, Londres accueille, le 9 janvier 1792, la première usine de la société ” Schweppe, Paul and Gosse “, au 141 Drury Lane. Les débuts sont difficiles car la concurrence est vive, en dépit de la piètre qualité des autres eaux minérales artificielles. Le 28 décembre 1792, Jacob Schweppe écrit à ses deux associés qu’il envisage de rentrer à Genève et d’abandonner son projet. La situation politique ajoute à la crise avec la déclaration de guerre de la France à l’Angleterre, le 1er février 1793. Ses deux associés le quittent en 1796 mais Jacob Schweppe tient bon.
La carbonation supérieure de son eau lui donne l’appui du corps médical qui la recommande pour soigner les maladies du rein et de la vésicule et pour combattre l’indigestion et la goutte.

Les produits Schweppe sont vendus dans les officines sous trois catégories : simple, double ou triple puissance. Ils ont pour nom Acidulous Rochelle Salt Water, Seltzer, Spa et Pyrmont Water et Tooth Lotion of Soda. Au même moment, le terme ” Soda Water ” entre en usage et il apparaît dans une réclame de Schweppe en 1798. Il peut être alors mélangé à du rhum et du cognac !
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Le développement de la marque se fera sans son fondateur ni sa fille Colette . Jacob Schweppe prend sa retraite à 58 ans et retourne à Genève.
En 1878, il cède les trois quart du capital de sa société J.Schweppe & Co. aux frères Henry William et Francis Charles Lauzun, et Robert Brohier, aristocrates français réfugiés à Jersey. Au début des années 1800, la société s’établit progressivement sur un plan national : l’eau de Schweppe (Schweppe’s Water) est vendue en Angleterre, en Ecosse et au pays de Galles. Elle fait de la réclame dans des journaux destinés à la noblesse et à la gentry. L’association des trois jerseymen s’arrête en 1824. La même année, Colette cède ses parts à Robert Brohier et Richard Sparkes. Ce dernier, alors seul propriétaire, vend la société en 1834 à John Kemp-Welch, un marchand de vin et William Evill, un orfèvre. La dynastie Kemp-Welch durera 115 ans jusqu’en 1949. Depuis 1969, Schweppes est aux mains de Cadbury.

Le drink des gens raffinés

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” Soda and Mineral Water Manufacturers to Their Majesties and the Royal Family ” depuis 1831, Schweppe ajoute, en 1836, le titre de fournisseur des altesses royales, la duchesse de Kent et la princesse Victoria, future reine.Schweppe invente le sponsoring en devenant le fournisseur exclusif du Crystal Palace durant l’Exposition universelle de 1851 : six millions de visiteurs pendant six mois et plus de un million de bouteilles vendu !Une fontaine présente lors de l’exposition rappelle, aujourd’hui, cet exploit en figurant deux fois sur l’étiquette de la bouteille : en blanc sur le fond jaune et dans le sceau rouge.

La marque collectionne les médailles !
A l’Exposition de Paris en 1878, Schweppe gagne la médaille d’argent, la plus haute récompense pour les eaux minérales.
La médaille d’or de l’Académie nationale de Paris lui est décernée en 1880.
Triplé gagnant à l’Exposition universelle à Paris en 1900 : médaille d’or, d’argent et de bronze.

Si la bouteille se tient debout depuis 1897, elle eut depuis le début des années 1800 une forme ovoïde. Raison avancée : ainsi couchée, elle retenait mieux le gaz. Elle aura plusieurs surnoms : ” drunken ” bottle ou ” bouteille saoule “, la ” torpedo ” ou ” bouteille œuf “.

En France, Schweppes est connu dès 1790, mais il faut attendre le siècle suivant pour que de nouveau on reparle de Schweppes à Paris et sur la Riviéra. Une réclame parue à Londres en 1878 mentionne des visiteurs à Paris trouvant des eaux de Schweppes dans les hôtels, cafés et restaurants. De fait, les principaux marchés de Schweppes, boisson pour ” upper and middle class ” se trouvent, jusqu’en 1945, dans les clubs, hôtels, restaurants, théâtres, chemin de fer et compagnie de navigation.
Ce n’est qu’en 1948 que Schweppes décide de vendre dans les commerces de détail.
Londres n’est plus, depuis longtemps, le seul centre de production. Sydney accueille, en 1877, la première usine à l’international. Melbourne et Brooklyn suivent en 1884.
Mais il faut attendre 1923 pour que l’expansion internationale soit au cœur des priorités avec la création d’une filiale entièrement dédiée aux investissements à l’étranger pour produire localement. Les années 50 sont celles où Schweppes adopte la méthode américaine de la franchise pour les embouteilleurs à l’international.
Mais, faute d’avoir atteint la taille critique, la marque Schweppes est cédée, fin 1998 à Coca Cola dans 155 pays (moins de 3% de part de marché) quand Cadbury se réserve 26 pays : Mexique, Amérique, Canada, Europe de l’Est et de l’Ouest (sauf Angleterre, Irlande et Grèce), Australie et Afrique du sud.
source prodimarques.com

Conférence d’histoire de la médecine

Honoré de Valbelle, un curieux et étrange apothicaire marseillais sous François Ier.
Conférencier : Philippe Lance, pharmacien.
Drôle de bonhomme que cet Honoré de Valbelle. Apothicaire de son état, il aurait pu tenir un journal sur la bataille entre apothicaires et épiciers ou décrire les épidémies de peste qui touchaient la Provence et alentours. Non, ce qui intéressait Honoré à cette époque, c’étaient les faits d’actualité : un peu de nouvelles nationales, régionales et surtout locales.
Honoré de Valbelle a tenu un journal au début du XVIème siècle et curieusement, il ne parle jamais de son métier, très peu de ses activités municipales personnelles mais s’intéresse à la météo, aux terribles campagnes d’Italie, et aux faits divers. Il va aussi devenir le témoin privilégié et presque unique de notre belle ville de Marseille et tout particulièrement du siège que la cité a subi en 1524 de la part du Duc Charles de Bourbon aidé par les espagnols.

ASSOCIATION DES AMIS DU PATRIMOINE MEDICAL DE MARSEILLE

L’Association ayant constitué un Patrimoine qui lui est propre, a pour objet de le conserver, l’ouvrir largement au public et poursuivre l’enrichissement de ses collections.

Par ailleurs l’Association a aussi comme but de faire connaître au grand public l’Histoire de la Santé à Marseille (expositions temporaires, conférences, moyens audiovisuels etc….)

L’association a un site internet : ASSOCIATION DES AMIS DU PATRIMOINE MEDICAL DE MARSEILLE

Notre ami le Professeur Jean-Pierre REYNIER de la Faculté de Pharmacie de Marseille est un distingué activiste de cette association culturelle fort sympathique.

P.L

 

 

L’inventeur de la photographie aérienne: Julius Neubronner (1852-1932), un pharmacien teuton sans drone et sans GPS.

 

Le père de Julius, Wilhelm Neubronner, avait utilisé les pigeons pour une livraison rapide des ordonnances mais avait cessé la pratique après quelques années lorsque les villages voisins eurent obtenu leurs propres pharmacies. La famille Neubronner ont des pharmaciens de père en fils et la famille possédait la pharmacie de Kronberg depuis 1808.

Julius_Neubronner_with_pigeon_and_camera_1914En 1886, Julius Neubronner (1852-1932) a repris la pharmacie à Kronberg im Taunus de son père. En 1887, il acheta un bâtiment historique important connu sous le nom Streitkirche (‘église des différends »). Le bâtiment avait été construit pour devenir une église catholique dans la ville protestante de Kronberg, mais jamais inauguré, il avait été l’objet d’un conflit villageois. Après les agencements nécessaires (le bâtiment avait déjà été utilisé comme une auberge), la famille et la pharmacie se déplacèrent dans le bâtiment en 1891.

Vers 1903, Julius Neubronner, pharmacien à Kronberg (près de Francfort sur le Main) avait encore l’habitude de recevoir des ordonnances du sanatorium de Falkenstein par pigeon voyageur, et il délivrait les médications urgentes jusqu’à 75 g par la même méthode.

Lorsqu’un jour l’un de ses « aigles à poison » (comme les pigeons étaient dénommés par les employés du sanatorium) se perdit dans le brouillard et n’arriva que quatre semaines plus tard avec son chargement, Julius eut l’idée, faute de GPS et de satellites NAVSTAR, de pourvoir ses pigeons de caméras automatiques pour tracer leurs trajets.

Cette idée le mena à fusionner ses deux passions – la colombophilie et la photographie – pour créer une nouvelle approche photographique.

Julius Neubronner se mit au développement d’une caméra légère et minuscule qui pouvait se fixer à la poitrine d’un pigeon par le moyen d’un harnais et d’une cuirasse d’aluminium. Il devait exercer les pigeons minutieusement pour les habituer à cette charge.

PigeoncamerasPour prendre une photographie aérienne, Julius Neubronner déplaçait un pigeon à un endroit éloigné d’une centaine de kilomètres au plus de son colombier. L’oiseau, équipé d’un appareil photo, est libéré, sachant qu’il serait déchargé une fois de retour, ce qui l’amenait à prendre la route la plus directe. L’oiseau chargé volait à une altitude de 50 à 100 mètres. Un mécanisme pneumatique contrôlait le retardement du déclencheur avant la prise de la photographie.

En 1908, Julius Neubronner brevetait son invention qui lui apporta une notoriété internationale après l’avoir présenté au public à des expositions internationales à Dresde, Francfort et Paris en 1909-1911. Les spectateurs à Dresde pouvaient assister à l’arrivée des pigeons voyageurs avec la caméra équipée, et les photos ont été immédiatement développées et transformées en cartes postales qui pourraient être achetés. Au « Paris Spectacles aériens », il reçut deux médailles d’or, pour la méthode et pour la photographie.  L’invention a été essayé pour la surveillance aérienne militaire de la Première Guerre mondiale mais sans résultats suffisamment probants pour des raisons que les colombophiles connaissent bien : le pigeon se perd si on déplace le colombier militaire ce qui arrive souvent sur les zones de combat.

Entre 1903 et 1920, toujours par passion, Neubronner enregistra un certain nombre de films amateurs qui ont été restaurés par le Deutsches Filmmuseum entre 1994 et 1996 et plus tard publié sur YouTube (le film sur youtube).

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Le processus lourd de collage de photographies de verre pour lanterne magique a inspiré ce passionné de photographies et de films amateurs et il se mit à inventer une forme de ruban de papier adhésif, qu’il a fait breveter.

Pour la production et la commercialisation de ce papier adhésif, il a fondé la Fabrik für Trockenklebematerial en 1905. Sous le nom Neubronner GmbH & Co. KG, cette entreprise allemande existe toujours et compte environ 80 employés.

Julius Neubronner, un pharmacien passionné qui finit par trouver sa voie et, pour terminer, un détail savoureux: la pharmacie resta dans la lignée Neubronner jusqu’en 1995.

 

Philippe LANCE

sources: wikipedia.de, ville de Kronberg, youtube, Neubronner GmBH & co…

NDLR: Si vous avez un peu de temps, n’hésitez pas à cliquer sur les liens hypertexte pour des photos et plein de surprises.

Le “mal des ardents”

C’est en 1089 qu’un seigneur du Dauphiné, Gaston de Valloire, ramena les ossements de l’anachorète de la Thébaïde,saint Antoine qui avait vaincu les feux de la tentation, et dont le fils, Guérin, avait été guéri du mal des ardents. Les reliques sont déposées dans une chapelle à La Motte-aux-Bois, près de Vienne, qui prend le nom de Saint-Antoine-l’Abbaye.

À cette époque, l’empoisonnement gangréneux était connue sous le nom de « feu sacré » (ignis sacer) ou « feu de saint Antoine », du nom de moines de l’ordre des Antonins, car nombre des victimes se rendaient en pèlerinage auprès des reliques de saint Antoine, à Saint-Antoine-l’Abbaye (38 Isère), dans l’espoir d’être guéries, mais aussi en raison des sensations de brûlures ressenties dans les membres des malades auxquelles on doit l’autre nom de la maladie « mal des Ardents ».

Ces pèlerinages étaient souvent couronnés de succès, le pèlerin s’éloignant de la source de pain fabriqué à partir du seigle ergoté le temps que les stocks soient écoulés et on attribuait la guérison à saint Antoine, le saint patron des ergotiques. La maladie frappait l’été, au moment où l’on consommait la nouvelle récolte.

Une première mention de l’ergot a été faite par un médecin allemand, en 1582, Lonitzer, comme remède utilisé par les sages-femmes pour les accouchements.

L’ergot, nommé d’après l’éperon qu’il forme sur la plante, a été identifié et désigné ainsi par Denis Dodart, qui a signalé le rapport entre l’ergot de seigle et l’empoisonnement du pain dans une lettre adressée à l’Académie royale des sciences en1676.

John Ray a mentionné l’ergot pour la première fois en anglais l’année suivante.
François Quesnay, le médecin de madame de Pompadour, s’est intéressé à la « gangrène des Solognots » et a découvert que la maladie était due à la consommation d’un seigle avarié.

Dans les périodes de famine, les paysans consommaient « des grains corrompus et réduits en forme d’ergot de chapon » pour composer leur pain ou leurs bouillies.

En 1782, le médecin allemand Johann Daniel Taube publie un essai épidémiologique sur l’ergotisme, appelé acrodynie, qui sévit en Allemagne en 1770 et 1772 : « Geschichte der Kriebelkrankheit, besonders derjenigen, welche in den Jahren 1770 und 1771 in der Zellischen Gegend gewüthet hat » (Göttingen 1782).

L’ergot est encore signalé en 1808 par un médecin américain, Stearns, comme agent oxytocique dans “Account of the Pulvis Parturiens“. En 1824, Hosack a montré le danger de l’usage de l’ergot pour accélérer les accouchements. L’ergot est alors réservé au contrôle des hémorragies post-partum.
Le cycle du champignon n’a été décrit qu’en 1853 par les frères Tulasne. En 1875, Charles Tanret, à Paris, isole le premier alcaloïde cristallisé, nommé “ergotinine“, mais il se montra inactif dans les essais pharmacologiques.
Dès 1918, Arthur Stoll du laboratoire Sandoz, a commencé à identifier l'”ergotamine“, le premier des douze alcaloïdes toxiques contenus dans le champignon, Claviceps purpurea, responsable de l’altération et qui se montra actif dans les essais pharmacologiques. Des chimistes américains, Dudley et Moir, vont, en 1935, découvrir la structure de l’ergot de seigle : l’acide lysergique.

D’autres recherches sont faites à la même période sur la chimie des alcaloïdes (Jacobs, Craig, Smith, Timmis…) avec des essais cliniques de Rothlin et Cerletti en Suisse. Ces recherches sont poursuivies par Albert Hofmann, chez Sandoz, qui synthétise en 1938, des dérivés de cet acide pour élaborer des médicaments régulant la pression sanguine.

Cette recherche l’amène à découvrir accidentellement, en 1943, les propriétés hallucinogènes d’une de ces molécules, le LSD avec le professeur Ernst Rothlin.

Les plus grandes épidémies d’ergotisme sont survenues au xixe siècle. À partir du xviie siècle, du fait des avancées des sciences, on comprend que le pain provoquant l’ergotisme contient de l’ergot. La vigilance augmente et les intoxications diminuent dans les pays développés en raison de la surveillance attentive dont le seigle a fait l’objet. On va cribler le seigle pour vérifier les récoltes.

Durant l’été 1951, une série d’intoxications alimentaires (« l’affaire du pain maudit »), frappe la France, dont la plus sérieuse à partir du 17 août à Pont-Saint-Esprit, où elle fait sept morts, 50 internés dans des hôpitaux psychiatriques et 250 personnes affligées de symptômes plus ou moins graves ou durables.

Le corps médical pense alors que le « pain maudit » aurait pu contenir de l’ergot du seigle, mais sans en avoir la preuve.

source Wikipedia

Les Pharmaciens du Sud

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