Dernière minute-EXCLUSIF: le compte-rendu de la réunion Marisol T. et Philippe G.

Objet : Rendez-vous avec Marisol TOURAINE, ministre de la Santé 

Rédacteur : Pierre FERNANDEZ

Participants à la réunion :

Marisol TOURAINE (ministre de la Santé), Bruno MAQUART (directeur adjoint de cabinet), Vincent BEAUGRAND conseiller chargé des soins de premiers recours au sein du pôle organisation territoriale des soins), Philippe GAERTNER (FSPF), Philippe BESSET (FSPF), Pierre FERNANDEZ (FSPF)

Problématique / Ordre du Jour :

– tour d’horizon des sujets de préoccupation des pharmaciens d’officine ;

– perspectives d’évolution de la profession.

Documents de référence :

– convention nationale pharmaceutique ;

– ordonnance et décret relatifs au commerce électronique de médicaments.

 

Marisol TOURAINE a tout d’abord rappelé que, alors que le système de santé est en pleine reconfiguration, elle appréciait, à sa juste mesure, l’implication des pharmaciens d’officine dans la maîtrise des dépenses de santé. Elle a tout particulièrement souligné le rôle positif joué par la profession en matière de délivrance de médicaments génériques, en 2012 et ce, en dépit de dysfonctionnements variables d’une CPAM à l’autre. Citant en exemple le dispositif « tiers payant contre générique », elle a exprimé ses remerciements à la profession. De même, elle a insisté

sur le fait que le dossier pharmaceutique était une réalisation plus que satisfaisante si elle en jugeait, par comparaison, par les atermoiements du DMP. Elle considère qu’il conviendrait d’allonger la durée de conservation des données recueillies dans le cadre du DP afin de la porter à une durée supérieure à quatre mois.

Revenant sur l’encadrement du commerce électronique de médicaments, avec plus particulièrement la fixation par deux textes publiés fin 2012 du régime juridique de la vente sur internet, la ministre a rappelé que les mesures ainsi prises étaient le minimum minimorum juridique que les pouvoirs publics étaient tenus de respecter eu égard aux contraintes de la législation communautaire.

Le président GAERTNER a, à nouveau, invité la ministre à demander à ses homologues européens une modification de la directive du 8 juin 2011.

Marisol TOURAINE a insisté sur la nécessité, dans un contexte de crise économique, de renforcer le rôle de conseil du pharmacien en tant que professionnel de santé, spécialiste du médicament, dans le cadre d’un circuit sécurisé de distribution des médicaments. Citant l’exemple de la pilule contraceptive, elle a mis en avant le rôle de relais des messages sanitaires que le pharmacien peut jouer.

Après une brève présentation de la FSPF et de son fonctionnement, le président GAERTNER a rappelé que la Fédération avait démontré sa capacité à formuler des propositions audacieuses. Ce fut par exemple le cas à la veille des élections présidentielles, en matière de promotion des médicaments génériques. Il a ensuite rappelé les trois principes fondamentaux sur lesquels la Pharmacie d’officine repose :

– le monopole de distribution au détail des médicaments ;

– la répartition démogéographique des officines ;

– l’indivisibilité de la propriété du fonds officinal et de son exploitation.

 

La discussion s’est ensuite organisée autour de quatre grands axes :

1/ le rôle de la Pharmacie d’officine ;

2/ les négociations conventionnelles en cours ;

3/ les EHPAD ;

4/ les perspectives d’évolution pour la profession.

 

1/ Le rôle de la pharmacie d’officine

Le président GAERTNER a insisté sur le nombre croissant de fermetures d’officines (une officine tous les trois jours).

Cette tendance est la résultante de plusieurs facteurs : la désertification médicale, la création de maisons de santé pluridisciplinaires, l’économie générale dégradée sur fond, dans certains territoires, d’hyper-concurrence entre officines.

Le président GAERTNER a demandé la création d’outils fiscaux destinés à encourager les rachats d’officine aux fins de fermeture. Visiblement surprise par le nombre de fermetures d’officines, la ministre s’est dite disposée à adresser un courrier au ministre de l’Economie et des Finances pour que ces outils soient étudiés en vue de leur mise en oeuvre. Le président GAERTNER a rappelé la nécessité de définir des typologies de territoires préalablement à toute création d’une incitation fiscale de l’Etat.

En matière de sécurité du médicament, le président GAERTNER a mis en exergue le risque accru de contrefaçons qu’il convient de contrer ainsi que le développement, dans un contexte médiatique de plus en plus tendu, de la pharmacovigilance.

Revenant sur l’encadrement juridique de la vente des médicaments sur internet, la ministre a expliqué que la France, sans être isolée, se démarquait des autres pays européens. Dans le domaine des dispositifs médicaux, par exemple, la France plaide pour la mise en oeuvre d’un dispositif de contrôle a priori alors que la plupart des Etats membres s’expriment de préférence pour un contrôle a posteriori de la mise sur le marché de ces produits.

 

2/ Les négociations conventionnelles

Le président GAERTNER a procédé à un rappel du contexte conventionnel soulignant l’impact positif de l’avenant sur les ACO qui matérialise, selon lui, une évolution majeure pour la profession. La ministre s’est inquiétée de savoir dans quelle mesure l’ensemble des officines françaises pourraient potentiellement participer à l’accompagnement thérapeutique des patients sous ACO dès lors qu’il convient, à cette fin, de disposer d’un espace de confidentialité.

Le président GAERTNER lui a répondu que l’accompagnement de cette catégorie de patients représentait, selon les estimations de la profession et de l’Assurance maladie, environ 35 personnes par officine. A défaut d’un espace de confidentialité spécifique, le bureau du pharmacien est toujours disponible pour ce type d’entretien. Dans ces conditions, on peut raisonnablement considérer que 80 % des pharmacies peuvent satisfaire à cette exigence de confidentialité.

En ce qui concerne l’évolution de la rémunération des pharmaciens d’officine, le président GAERTNER a rappelé que dès 2008, la FSPF s’était engagée de façon volontariste en faveur d’un passage à une rémunération associant une part d’honoraires à la marge commerciale.

Le report des négociations conventionnelles a été très mal perçu par la profession alors même que les pharmaciens d’officine ont rempli leur part du contrat en matière de substitution de génériques.

Le président GAERTNER a ajouté qu’en 2012 et 2013 les médicaments avaient connu ou allaient connaître des baisses de prix pour un montant total de 2 milliards d’euros. Conjuguée à une diminution des volumes, cette baisse des prix conduit à une perte de marge substantielle.

La ministre a déclaré avoir confirmé à la CNAMTS les orientations qu’elle a exprimées lors de la journée de l’Ordre, début novembre. Elle s’est ouvertement interrogée sur l’origine des blocages du calendrier de négociation. Le président GAERTNER a réclamé la communication de ce calendrier avec une échéance de fin de négociation à trois mois. Il a rappelé qu’en cas d’évolution du mode de rémunération, il conviendrait de prendre en considération la situation particulière des DOM.

 

3/ Les EHPAD

Le président GAERTNER a expliqué que 4000 officines approvisionnaient ces établissements et supportaient toute mesure tarifaire mise en oeuvre.

Il a reconnu que les dispositions de la LFSS 2013 excluant toute perspective de forfaitisation de prise en charge des médicaments en EHPAD étaient positives. Il a toutefois nuancé cette déclaration par le fait que le risque était réel d’une montée en charge des PUI dans le cadre notamment de coopérations entre établissements.

Dans le domaine connexe de la PDA, le président GAERTNER a insisté sur la nécessité de traiter simultanément l’encadrement juridique de cette composante de l’acte de dispensation avec sa rémunération. Il a reconnu que la PDA n’avait pas vocation à être généralisée mais qu’elle était indiquée particulièrement pour les personnes dépendantes à domicile, le cas échéant sur prescription médicale. La lutte contre les effets iatrogènes des médicaments chez les personnes âgées ne peut, selon lui, donner des résultats positifs que si le médecin coordonnateur et le pharmacien

référent travaillent main dans la main.

 

4/ Les perspectives d’évolution pour la profession

Le président GAERTNER a souligné, dans le prolongement des propositions faites en leur temps par Monsieur MAQUART dans le rapport de l’IGAS consacré à la pharmacie d’officine, le renforcement du rôle du pharmacien qui pourrait dans un certain nombre de cas procéder à la vaccination.

Le président GAERTNER a enfin suggéré que les pharmaciens prennent part à la télémédecine, leurs officines constituant un espace de santé accessible sans rendez-vous avec, en son sein, un professionnel de santé pouvant valablement être l’interlocuteur d’un médecin à distance.

En conclusion, la ministre a déclaré aller dans le même sens que la profession. Les professionnels de santé doivent être identifiés comme tels, chacun dans sa diversité. Le modèle antérieur a vécu et doit évoluer.

En matière de politique du médicament, elle a relevé que les prix étaient plus élevés que dans un certain nombre de pays européens, si on les rapporte au service médical rendu. Il n’y a pas de raison, selon elle, de payer cher un médicament largement « amorti ». La ministre a, à plusieurs reprises au cours de cet entretien, montré un agacement à peine voilé à l’égard des prises de position de certains acteurs de la grande distribution qui revendiquent, de façon régulière, la possibilité de vendre des médicaments non remboursables dans ses supermarchés sous le contrôle d’un pharmacien, et désormais via internet.

Lettre de Marisol et réponse de Philippe: (erratum: le lien sur la réponse de P.Gaertner ne fonctionnait pas, c’est réparé)

Marisol Touraine Photographie © Ministère des Affaires sociales/DICOM/PRM/SIPA.

 

Philippe Gaertner, Président de la FSPF

 Dernière minute: le climat semble s’être amélioré depuis cet échange de courrier puisqu’il y a eu rencontre au ministère le 4 février 2013.

 

Merci de lire les 2 lettres. C’est édifiant de s’apercevoir comment notre profession est perçue par les associations de consommateurs et certains politiques.

lettre Marisol TOURAINE 09 01 2013

 

Courrier réponse FSPF 16 01 2013 (2)

 

 

Prime et IMS-Pharmastat

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Consommation de médicaments psychotropes:

 L’INSERM a été sollicité par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) pour la réalisation d’une expertise collective sur les consommations de médicaments psychotropes mais aussi sur leurs mésusages et les pharmacodépendances qui peuvent leur être liés.

Cette expertise collective émet des recommandations qui sont en cohérence avec les plans d’actions menés ou prévus au sein d’autres institutions en particulier avec celui de l’ANSM relatif à la réduction du mésusage des benzodiazépines.

L’objectif de ce travail était de bénéficier d’un éclairage spécifique sur ces phénomènes et d’émettre des recommandations utiles à l’amélioration du cadre existant (dispositifs sanitaires et préventifs et mesures réglementaires notamment).

Les principaux résultats de cette expertise sont les suivants :

Une légère augmentation de la prévalence de la consommation des médicaments psychotropes a été notée en France entre 2005 et 2010, les femmes étant majoritairement consommatrices quel que soit l’âge (23 %versus  13 % des hommes). Les usagers de drogue, chez qui ces médicaments sont prescrits, en font souvent un mésusage, surtout chez les polyconsommateurs ou ceux recourant à l’administration de produits par voie intraveineuse.

Tous les médicaments psychotropes n’entraînent pas forcément de dépendance. Aucune donnée n’existe d’ailleurs sur la prévalence de la dépendance en population générale.

Le détournement de médicaments psychotropes est sous-tendu par différents facteurs : le recours au nomadisme médical, au marché de rue et/ou à l’achat en cyberpharmacies.

Le groupe d’experts émet différentes recommandations :

 Informer la population générale sur les risques de pharmacodépendance et d’usage inapproprié de ces médicaments,

Améliorer la prise en charge des patients dépendants aux médicaments psychotropes (notamment par un travail en réseau des différents professionnels impliqués et un parcours coordonné de soins adapté au niveau de dépendance),

Proposer des mesures réglementaires (notamment le renforcement de l’encadrement de la délivrance via l’extension des ordonnances sécurisées),

Mieux observer le phénomène de détournement et mieux articuler les dispositifs de surveillance existants tout en améliorant le suivi pharmaco-épidémiologique des médicaments psychotropes,

Développer une recherche pluridisciplinaire et des évaluations dans le champ de la dépendance aux médicaments psychotropes et de son mésusage, en population générale mais aussi chez les usagers de drogue.

Ces recommandations sont donc en cohérence avec les actions menées ou prévues au sein d’autres institutions. Le plan d’actions de l’ANSM visant à réduire le mésusage des benzodiazépines rendu public récemment prévoit notamment de sécuriser davantage la prescription de ces médicaments via l’extension de leur prescription sur ordonnance sécurisée et la réduction de leur taille de conditionnement. L’information des professionnels de santé, particulièrement les médecins généralistes, principaux prescripteurs de benzodiazépines, est également envisagée dans ce plan, tout comme le renforcement des mesures de surveillance de ces médicaments.

source ANSM (octobre 2012)

Régulation du prix des médicaments en Europe: quelques infos pour éclairer nos adhérents.

Effets des appels d'offres aux Pays-Bas: exemple de l'oméprazole

 

 

 

 

 

 

 

 

Les appels d’offres peuvent être efficaces pour réduire les prix pharmaceutiques sur le marché
des soins ambulatoires. Aux Pays-Bas, les appels d’offres ont remplacé les autres approches
telles que la comparaison interne des prix sur certaines parties du marché. À l’origine (2005),
des appels d’offres ont été lancés pour trois médicaments consommés en grandes quantités4.
En 2008, ces appels ont été étendus à 33 produits hors brevet. En 2008, les prix ont dans
certains cas baissé de 95 % après l’attribution du marché (le tableau 2 présente un certain
nombre d’exemples). Cette méthode peut entraîner une diminution immédiate des prix et des
économies pour l’assurance-maladie, mais comme le montrent les premiers résultats de
l’expérience néerlandaise, ces économies doivent être envisagées au regard des pertes subies
par la chaîne de distribution. Les autorités néerlandaises ont dû compenser ces pertes parce
que le système néerlandais de distribution au détail est tributaire des remises accordées par
les fabricants de médicaments (brevetés ou hors brevet). Les appels d’offre ne menacent pas
l’innovation dans la mesure où ils concernent des substances dont le brevet a déjà expiré.
Certains craignent cependant que les appels d’offre nuisent à la concurrence à long terme,
surtout s’ils sont utilisés pour un vaste éventail de produits dans de nombreux États membres
de l’Union européenne.
Certains producteurs de produits génériques ne parviennent pas à vendre leurs produits s’ils
ne remportent aucun appel d’offres, ce qui les oblige à quitter le marché. La diminution du
nombre de producteurs de produits génériques peut entraîner une augmentation du prix des
génériques, pas nécessairement jusqu’au niveau de prix antérieur aux appels d’offres, mais un
s’attend néanmoins à ce que la diminution de la concurrence anéantisse une partie de la
réduction des prix. Ce phénomène pourrait préoccuper les gouvernements, non seulement
dans la perspective de la fixation des prix, mais aussi par rapport à la stratégie.
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Les remises sont particulièrement importantes sur le marché des produits génériques parce
que la remise offerte peut différencier un générique par rapport aux autres au milieu d’une
série de médicaments directement comparables et remboursables. Bien que la loi fixe des
limites aux remises que les grossistes et les fabricants peuvent accorder aux pharmacies, le
niveau et la portée de ces remises restent confidentiels. Une étude consacrée au marché
français des génériques, par exemple, a révélé que, même si les remises étaient liées au prix,
les remises échangées étaient supérieures aux plafonds fixés par le gouvernement (Kanavos et
Taylor 2007). Face aux pratiques de remises, et pour exploiter le potentiel d’économie des
remises sur les génériques, les gouvernements recalculent les marges afin de récupérer une
partie des remises accordées aux pharmacies.
source: Parlement Européen

 

 

 

Politique envers les prescripteurs (source Parlement Européen 2011)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Régulation du prix des médicaments en Europe (source Parlement Européen)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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