Renouvellement des ordonnances expirées

Depuis le 29 novembre dernier, les pharmaciens d’officine sont autorisés à renouveler, pour une durée maximale de trois mois, les traitements chroniques d’au moins trois mois, sur présentation d’une ordonnance renouvelable dont la validité est expirée, par délivrances successives d’un mois et sous réserve d’en informer le prescripteur.

Vous trouverez, ci-après, des précisions sur les modalités d’application de ce dispositif désormais étendu aux dispositifs médicaux.

  • Quel est le champ d’application du renouvellement exceptionnel ?

Le renouvellement exceptionnel est réservé aux ordonnances renouvelables de médicaments ou de dispositifs médicaux, prescrits dans le cadre d’un traitement chronique d’au moins trois mois.[1]

Attention ! Certains médicaments sont exclus du dispositif de renouvellement exceptionnel. En effet, vous n’êtes pas autorisé à renouveler les médicaments suivants :

  • les médicaments stupéfiants ou auxquels la réglementation des stupéfiants est appliquée en tout ou partie ;
  • les médicaments, substances psychotropes ou susceptibles d’être utilisées pour leur effet psychoactif[2].

Aucun dispositif médical n’est exclu du renouvellement.

  • En pratique, comment procéder au renouvellement exceptionnel d’une ordonnance de traitement chronique arrivée à expiration ?

Vous devrez suivre les étapes suivantes :

Etape 1 – Vérification préalable de l’ordonnance  

L’ordonnance présentée par le patient devant réunir plusieurs conditions cumulatives, vous devrez préalablement vous assurer que :

  • L’ordonnance est renouvelable.
  • L’ordonnance comporte la prescription d’un traitement d’une durée d’au moins trois mois.
  • Le médicament dont le renouvellement est demandé ne relève pas d’une des catégories exclues du dispositif (stupéfiants, médicaments psychotropes ou à effet psychoactif).
  • Le patient se présente dans le mois suivant l’expiration de l’ordonnance. En effet, vous n’êtes pas autorisé à renouveler une ordonnance expirée depuis plus d’un mois. Attention ! Il s’agit d’une nouvelle condition introduite par le décret du 28 novembre 2024, justifiée par l’extension à trois mois des renouvellements.

La date de fin de validité de l’ordonnance, qui ouvre le délai d’un mois pendant lequel le patient peut obtenir le renouvellement exceptionnel de son traitement, est donc déterminante pour éviter toute procédure ultérieure en restitution d’indus.

Nous allons donc interroger l’Assurance maladie sur la date à partir de laquelle ce délai d’un mois commence à courir ainsi que sur la régularité du renouvellement d’un traitement prescrit pour une durée d’un an, une fois l’ordonnance arrivée au terme de sa validité. En effet, dans la mesure où il n’est pas possible de prescrire des médicaments listés pour une durée supérieure à un an, la possibilité de renouveler un traitement pour une durée supplémentaire, pouvant aller jusqu’à trois mois, soulève des interrogations et majore le risque d’indus.

Etape 2 – Dispensation des médicaments et/ou des dispositifs médicaux

Vous pourrez :

  • Délivrer au patient l’équivalent d’un mois de traitement. (Attention ! la remise d’un conditionnement trimestriel n’est pas possible).
  • Renouveler l’opération qu’à deux reprises au maximum, soit trois délivrances successives d’un mois. Au-delà, le patient devra contacter son médecin pour obtenir une nouvelle prescription.

La dispensation supplémentaire exceptionnelle doit avoir lieu dans le respect de la posologie prescrite, étant rappelé que le renouvellement peut porter sur chaque ligne de médicaments dès lors que le prescripteur n’a pas exclu le renouvellement ligne à ligne.

Dans tous les cas, qu’il s’agisse de médicaments ou de dispositifs médicaux, vous veillerez à délivrer le conditionnement le plus économique compatible avec la délivrance exceptionnelle pour une durée d’un mois de traitement.

Etape 3 – Intervention sur l’ordonnance

En cas de prescription électronique, vous devez préciser sur les téléservices mis à disposition par l’Assurance maladie :

  • Le ou les médicaments/dispositifs médicaux ayant fait l’objet de la dispensation supplémentaire ;
  • Le nombre de boîtes délivrées pour chaque médicament ou dispositifs médicaux concernés, suivi de la mention « dispensation supplémentaire exceptionnelle ». Cette mention devra être ajoutée à chaque dispensation supplémentaire exceptionnelle.

Concernant les téléservices évoqués précédemment, nous avons interrogé l’Assurance maladie pour obtenir plus de précisions sur les modalités de leur consultation.

En l’absence de prescription électronique, vous devrez indiquer sur l’ordonnance :

  • Le ou les médicaments/dispositifs médicaux ayant fait l’objet de la dispensation supplémentaire ;
  • Le nombre de boîtes délivrées pour chaque médicament ou dispositifs médicaux concernés, suivi de la mention « dispensation supplémentaire exceptionnelle ». Cette mention devra être ajoutée à chaque dispensation supplémentaire exceptionnelle ;
  • La date de délivrance ;
  • Le timbre de l’officine.

Etape 4 – Information du prescripteur

Comme auparavant, vous avez l’obligation d’informer le prescripteur de la dispensation intervenue dans le cadre d’un renouvellement supplémentaire exceptionnel. En effet, cette information a pour objectif d’alerter le prescripteur sur l’opportunité de revoir son patient en consultation.

Nouveauté ! Vous devez informer le prescripteur par messagerie sécurisée, à défaut, par tous moyens dont vous disposez et permettant de garantir la confidentialité de ces informations.

  • Les traitements chroniques soumis à accord ou entente préalable de l’Assurance maladie peuvent-ils faire l’objet d’un renouvellement exceptionnel ?

Oui, vous êtes autorisé à procéder au renouvellement d’un traitement chronique soumis à accord ou entente préalable de l’Assurance maladie. Il n’est pas nécessaire pour le patient d’attendre un nouvel accord de sa CPAM.

Le médicament ou le dispositif médical concerné sera pris en charge par l’Assurance maladie au-delà de la date de validité de l’accord préalable du service du contrôle médical de la CPAM ou de l’entente préalable de la CPAM donnée après avis du médecin-conseil.

  • Combien de fois le pharmacien d’officine peut-il renouveler un traitement ?

Au-delà de trois renouvellements de traitement, le patient devra consulter son médecin afin d’obtenir d’une nouvelle prescription. Vous ne pourrez plus procéder à quelque renouvellement supplémentaire que ce soit.

  • Une rémunération spécifique du pharmacien est-elle prévue ?

A ce jour, aucune rémunération spécifique n’est prévue. Toutefois, la Fédération demande à l’Assurance maladie la création d’un code acte et d’une rémunération associée, permettant de valoriser l’intervention du pharmacien. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés des suites de notre demande.

Pour aller plus loin : 

– Décret n° 2024-1070 du 26 novembre 2024 relatif à la dispensation supplémentaire exceptionnelle de médicaments et de dispositifs médicaux dans le cadre d’un traitement chronique ;

– Arrêté du 5 février 2008 pris pour l’application de l’article L. 5125-23-1 du code de la santé publique.

[1] Conformément aux dispositions des articles L. 5125-23-1, R. 5123-2-1 et R. 5211-74 du code de la santé publique.

[2] Conformément à l’arrêté du 5 février 2008 pris pour l’application de l’article L. 5125-23-1 du code de la santé publique.

Dispensation supplémentaire exceptionnelle de médicaments et de DM par le pharmacien d’officine dans la limite de 3 mois

Le décret est paru au Journal Officiel du 28 novembre 2024 et entré en vigueur dès le lendemain. Il étend à trois mois la possibilité d’une dispensation supplémentaire exceptionnelle par le pharmacien d’officine, dans le cadre d’un traitement chronique, de médicaments et de dispositifs médicaux (DM). 

Initialement, ce dispositif était applicable pour le renouvellement exceptionnel de médicaments, dans la limite d’une seule boîte par ligne d’ordonnance. La LFSS pour 2022 a étendu cette mesure aux dispositifs médicaux, puis la loi Rist a prolongé la délivrance exceptionnelle d’un à trois mois. 

Ainsi, afin d’éviter toute interruption de traitement préjudiciable à la santé du patient, le pharmacien peut désormais dispenser, à titre exceptionnel, et dans la limite de trois mois par délivrance d’un mois, les médicaments et DM nécessaires à la poursuite d’un traitement chronique (ordonnance rédigée pour trois mois au minimum).

La DGS ayant confirmé que l’Arrêté du 5 février 2008 était toujours applicable, les médicaments stupéfiants, assimilés stupéfiants et ceux dont la durée de prescription est limitée restent exclus du dispositif et ne peuvent donc pas faire l’objet de cette dispensation exceptionnelle supplémentaire. 

Le pharmacien doit dispenser le conditionnement le plus économique compatible avec la délivrance pour un mois, sur présentation d’une ordonnance renouvelable dont la durée de validité est expirée. La première délivrance intervient dans le mois suivant l’expiration de l’ordonnance.

En présence d’une prescription électronique, le pharmacien doit renseigner via les téléservices de l’Assurance Maladie accessibles à partir des  logiciels d’aide à la dispensation (LAD), le nombre de boîtes délivrées et indiquer la mention « dispensation supplémentaire exceptionnelle”.

En l’absence de prescription électronique, le pharmacien doit reporter sur l’ordonnance ces mêmes informations ainsi que la date de délivrance et le timbre de l’officine.

Le pharmacien doit informer le prescripteur par des moyens de communication sécurisés.

Le décret précise par ailleurs que les médicaments et dispositifs médicaux dont la prise en charge par l’Assurance Maladie est subordonnée respectivement à un accord préalable ou à une entente préalable peuvent faire l’objet de cette dispensation supplémentaire exceptionnelle et être pris en charge au-delà de la validité de l’accord ou de l’entente. 

En savoir plus :

source: Ordre National des Pharmaciens

Renouvellement exceptionnel des traitements pour trois mois : le décret enfin publié

Comme annoncé par la ministre de la Santé et de l’Accès aux soins lundi dernier, lors de la Journée de l’Ordre national des pharmaciens, le décret permettant aux pharmaciens de renouveler, pour trois mois, les médicaments et dispositifs médicaux nécessaires à la poursuite d’un traitement chronique, a été publié ce jour au Journal officiel.

La FSPF se félicite de la mise en œuvre, dès ce vendredi, de cette mesure, attendue de longue date par la profession. Elle communiquera, dans les meilleurs délais, une information technique à ses adhérents sur les modalités d’application et va saisir l’Assurance maladie pour que cet acte soit tracé et rémunéré.

Cette nouvelle mission consacre le rôle de garant de la sécurité et de la continuité des traitements rempli par le pharmacien. En cas d’indisponibilité du médecin, notamment dans les déserts médicaux, les patients pourront ainsi compter sur leur pharmacien et sur la proximité d’une officine afin d’éviter toute interruption de traitement préjudiciable à leur santé.

Cette mesure confirme la confiance accordée par les pouvoirs publics aux pharmaciens et au maillage territorial de l’officine pour améliorer l’accès aux soins et aux produits de santé. Comme elle l’a été pour toutes les nouvelles missions qui lui ont été confiées en ce sens, telles que la vaccination ou le dépistage de certaines pathologies, la profession sera au rendez-vous.

Geneviève DARRIEUSSECQ a par ailleurs confirmé le lancement, au printemps 2025, de l’expérimentation de la prise en charge par l’Assurance maladie des produits du sevrage tabagique délivrés sans ordonnance par le pharmacien. La FSPF se réjouit également de cette annonce et souhaite que cette possibilité s’inscrive dans un accompagnement plus large du patient par le pharmacien dans sa démarche d’arrêt du tabac, avec un suivi au long cours de l’observance de son traitement, de ses progrès et de son parcours.

L’ordonnance numérique généralisée au 1ᵉʳ janvier 2025 pour les professionnels de santé

À compter du 1er janvier 2025, l’ordonnance numérique devrait entrer en vigueur, selon son calendrier de déploiement officiel. Mais deux mois avant sa généralisation sur le territoire, l’ONCD s’inquiète que le système ne soit pas encore opérationnel dans les cabinets.

L’ordonnance numérique, un service généralisé pour 2025
Fer de lance du « Ségur du numérique en santé », l’e-prescription vise à remplacer progressivement les ordonnances papier par un processus dématérialisé.

Avec ce service d’ordonnance numérique, l’État espère simplifier les échanges entre les différents professionnels de santé, mais également sécuriser les prescriptions (en luttant notamment contre les fausses ordonnances) jusqu’à la délivrance du pharmacien.

L’e-prescription permettrait aussi aux patients de retrouver plus facilement leurs ordonnances au format numérique sur « Mon espace santé ».

Dans sa dernière lettre, l’ONCD estime qu’en pratique, l’ordonnance numérique est loin d’être généralisée. Non seulement « trop peu de patients utilisent encore Mon espace santé (MES) », mais ni les éditeurs de logiciels métiers ni les pharmaciens « ne sont encore prêts ».

Dans l’attente de nouvelles informations sur l’avancée du dossier, nous vous rappelons le fonctionnement du service d’e-prescription :

Le prescripteur peut rédiger son ordonnance numérique directement depuis son logiciel métier.
Il peut s’appuyer sur le logiciel d’aide à la prescription pour fiabiliser son ordonnance.
Chaque prescription génère un QR code unique, consultable par les pharmaciens et les autres professionnels de santé autorisés, afin de limiter les erreurs et les falsifications.
La prescription est enregistrée dans une base de données sécurisée, gérée par l’Assurance Maladie. Elle est automatiquement transférée dans le Dossier médical partagé (DMP) du patient et consultable via « Mon Espace Santé ».
Un exemplaire papier avec le QR code est remis au patient.
Une période de transition permettra encore d’utiliser la version papier pour certains patients âgés, malvoyants ou d’origine étrangère.

Tramadol codéine et ordonnances sécurisées : la FSPF obtient le report

La mesure conditionnant la délivrance du tramadol, de la codéine et de la dihydrocodéine à une ordonnance sécurisée ne sera pas mise en place à partir du 1er décembre mais au 1er mars 2025.

Dans une information diffusée le 15 novembre dernier, nous vous annoncions que le tramadol et la codéine devraient être prescrits sur une ordonnance sécurisée à compter du 1er décembre 2024.

Cette mesure s’accompagnait de l’alignement de la durée maximale de prescription de la codéine sur celle du tramadol, de sorte qu’au-delà de douze semaines de traitement (trois mois) la poursuite du traitement aurait nécessité une nouvelle ordonnance sécurisée.

Compte tenu des difficultés organisationnelles soulevées par cette mesure, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient de nous informer qu’elle acceptait de reporter l’entrée en vigueur de la mesure et ce jusqu’au 1er mars 2025.

En d’autres termes, jusqu’à cette date :

– les médicaments à base de tramadol et de codéine continueront à être délivrés en officine, sans exigence d’une ordonnance sécurisée ;

– la durée de validité des ordonnances de codéine ne sera pas limitée à trois mois.

La FSPF se réjouit que sa demande de report de cette mesure ait été entendue. Une application prématurée à des médicaments largement prescrits aurait entraîné des difficultés de mise en œuvre au comptoir.

Les Pharmaciens du Sud

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